Paris : Passage Gauthier, Belleville d'hier et d'aujourd'hui - XIXème



Entre Belleville et les Buttes Chaumont, vignes et carrières prospéraient avant l'annexion de la commune à la ville de Paris en 1860. La progressive industrialisation jusqu'au début du XXème siècle ainsi que les grands travaux d'Haussmann ont transformé le Belleville champêtre en quartier d'artisanat et de petite industrie. Palier entre la rue de Belleville et l'avenue Simon Bolivar, de la rue Rébeval, rayonnent de nombreuses ruelles de traverse, vestiges des vieux chemins menant aux moulins et aux carrières de la butte Chaumont. Le passage Gauthier, du nom d'un propriétaire de terrains, est l'une de ces petites rues typiques où l'ancien tissu urbain de Belleville, constitué d'un bâti de faible hauteur, se mêle aux transformations drastiques des années 70.








Le passage Gauthier est la partie basse subsistante de l'ancien chemin du Moulin de la Galette qui conduisait à la butte depuis la rue Saint Laurent devenue rue Rébeval en 1864 jusqu'à la rue Fessart. Dès le XVIème siècle, des moulins s'implantent sur le côté occidental de la butte Chaumont. Ils disparaissent progressivement au cours de la première moitié du XIXème siècle frappés par l'industrialisation de la minoterie. Durant cette période, la fragilisation des sols causée par l'exploitation des carrières, qui fermées sont comblées de façon approximative, provoquent des effondrements de terrain et la destruction pure et simple d'un certain nombre d'entre eux.










Au milieu du XIXème siècle, le moulin des Chopinettes, moulin à vent en bois de fort belle allure, dont la présence est mentionnée sur le plan Roussel de 1730 et le plan Jaillot de 1762, se trouve à l'angle des rues Fessart, Préault et Clavel (ancien chemin des Moulins). Son cadre champêtre, hors des barrières de l'octroi et proche des lieux viticoles lui offre une toute nouvelle destinée lorsque son activité de minoterie décline. Vers 1850, il se compte 500 marchands de vin et cafetiers à Belleville pour 50 boulangers.

Si la Courtille, lieu ouvrier et festif à l'ombre des fortifs connaît un franc succès, le plateau n'est pas en reste question divertissement. Le parc d'attraction de la Butte Bergeyre, la célèbre guinguette Ile d'amour et la place des Fêtes et son moulin-cabaret le Moulin des Chopinettes rebaptisé Moulin de la Galette - comme celui de Montmartre - qui demeurera en activité jusqu'au début du XXème siècle. 











En 1860, l'annexion de la commune de Belleville à la ville de Paris donne lieu au classement administratif des voies leur conférant leur caractère de voie publique et qui les soumet au régime juridique du réseau auquel elles se trouvent incorporées. Celui du chemin du Moulin de la Galette est ajourné en 1863. Classement et nivellement actuel date d'un arrêté du 5 août 1966.

Entre modernisme d'immeubles sans grand intérêt et nostalgie d'une ville d'un autre temps incarné par l'escalier qui déboule de l'avenue Simon Bolivar, l'urbanisme du passage Gauthier est fort contrasté. Six constructions sont signalées pour leur intérêt patrimonial. Maisons individuelles, anciennes manufactures reconverties, ateliers d'artisans et d'artistes se parent de vives couleurs aux accents de Méditerranée qui contrastent subtilement avec les briques industrieuses. Au numéro 3, une construction en U autour d'une courette au milieu de laquelle pousse attire les regards vers des grandes baies vitrées qui font penser à des anciens ateliers d'artisans.  Au numéro 4, un balconnet rehaussé de bleu ciel nous donnerait presque envie d'Italie.











Au pied de l'escalier, la placette un peu tristoune est l'objet de différents projets de plantation qui tardent un peu à voir le jour. Végétalisation de la voie, réduction des autorisations de stationnement, élargissement des trottoirs pourraient rapidement redonner au passage Gauthier la priorité aux riverains et à la vie de quartier.

Passage Gauthier - Paris 19
Accès 63 rue Rébeval et 35 avenue Simon Bolivar



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Promenade dans toutes les rues de Paris - Félix de Rochegude - Editions Hachette
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Editions de Minuit
Le guide du promeneur 19è arrondissement - Elisabeth Philip - Editions Parigramme

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