Paris : Maison Bellynck et Fils, vénérable institution, mémoire vivante des Abattoirs de la Villette - XIXème

 

La maison Bellynck & fils tient boutique et showroom depuis 1936. Sa devanture jaune poussin annonce à l’ancienne les ustensiles et outillages disponibles à la vente, matériels variés destinés à la cuisine et aux métiers de bouche.  « Tout pour la charcuterie, la boucherie », « les salaisons et les abattoirs », « matériel pour restaurants et cantines », « hachoirs, poussoirs, trancheurs », « les fourneaux de cuisines », cette vénérable enseigne fournit l’ensemble des métiers liés à l’industrie de la viande. La maison Bellynck & fils, vestige de la vie de quartier marquée durant un siècle par les abattoirs et le marché aux bestiaux de la Villette, travaille avec les grands chefs, les artisans et autres professionnels. Depuis une vingtaine d’années, l’établissement est également ouvert aux particuliers. Bouchers, charcutiers, restaurateurs, également abattoirs ou éleveurs viennent s’approvisionner en fourneaux, hottes, billots, petit outillage, accessoires, « ustensiles en cuivre, en inox et en alu » et plus inattendues en ville des « tondeuses animaux ». 







En 1859, un décret entérine la création des Abattoirs et du marché aux bestiaux de la Villette. Le nouvel ensemble remplace cinq abattoirs, de Montmartre, Ménilmontant, Roule, Grenelle et Villejuif, ainsi que les marchés de Poissy et Sceaux. L’architecte Jules de Mérindol (1815-1888) mène les travaux de 1864 à 1867. Les abattoirs de la Villette demeurent longtemps, à l’instar des Halles, un centre névralgique de la vente en gros de denrées alimentaires. 

Bombardé durant la Seconde Guerre Mondiale, d’une grande vétusté, envahi par les rats, les abattoirs de la Villette font l’objet d’un projet de reconstruction au début des années 1950. Le chantier très coûteux multiplie les dépassements de budget et les retards incompressibles. Gouffre financier, objet d’une controverse quant à l’inutilité de grands abattoirs modernes au sein même de Paris, il est interrompu faute de moyens en 1967. 








L’activité des abattoirs est suspendue définitivement en 1974. Une grande partie des bâtiments est démolie. Quelques-uns, aujourd’hui classés aux Monuments historiques, quelques vestiges sont sauvés : la Grande Halle de la Villette ancienne halle aux bœufs, le pavillon de la Bourse, le pavillon Janvier, le pavillon du Charolais, le pavillon des Maquettes, la Maison de la Villette. 

La Villette a radicalement changé de vocation, remplaçant désormais les abattoirs par un vaste complexe culturel de loisir composé du parc de la Villette, de la Cité de la Musique, de la Philharmonie, de la Cité des Sciences et de l’Industrie, du Zénith de Paris et du Cabaret Sauvage.  

Maison Bellynck & Fils
194 avenue Jean Jaurès - Paris 19



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie 
Le guide du promeneur 19è arrondissement - Elisabeth Philipp - Parigramme