Paris : Chalet insolite, des Alpes aux Carpates au coeur de la Ville Lumière - 103 rue de Meaux - XIXème



Le chalet du 103 rue de Meaux impose avec humour son incongruité architecturale au cœur d’un quartier radicalement modernisé dans les années 1970. Cette bicoque de bois haute d’une dizaine de mètres illustre la diversité patrimoniale du XIXème arrondissement. Depuis 150 ans, depuis sa construction à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1867 et sa restauration rue de Meaux, le chalet joue les curiosités piquantes dans un paysage urbain pas toujours souriant. Volontiers qualifié de chalet alpin, son esthétique n’est pas exactement savoyarde. Le petit pavillon ressemble plutôt aux chalets roumains des Carpartes avec découpes et festonnages typiques. Il a été sauvé de l’avidité des bétonneurs par l’intervention des riverains et de la Mairie. Une jolie histoire. 








En 2009, à la suite du décès du propriétaire, le chalet est proposé à la vente. Un promoteur immobilier se porte sur les rangs afin de l’acquérir. Il envisage de le raser pour faire construire à la place un immeuble de dix-huit étages. Samuel Cahu, un ancien locataire qui a grandi là, se révolte contre le projet et lance une pétition. Elle recueille 3000 signatures et une certaine médiatisation. Bertrand Jomier adjoint au maire du XIXème intervient. La Mairie protège cette bâtisse atypique, témoignage de l’histoire du quartier, en l’inscrivant au Plan local d’urbanisme. Répertorié au patrimoine de la Ville de Paris, le chalet est sauvé mais demeure menacé par les dégradations du temps. 

En 2010 Jean Medioni, architecte, devient propriétaire du chalet. Ce dernier, squatté depuis quelques années, est en piteux état. Le nouvel acquéreur lui redonne une seconde jeunesse. La structure originelle est préservée et réhabilitée tandis que le balcon festonné qui menace de s’effondrer est refait à l’identique. En passionné, Jean Medioni s’intéresse à l’histoire du chalet et parvient à remonter la piste. Ce singulier édifice aurait été présenté à l’Exposition Universelle de 1867, Exposition universelle d'art et d'industrie.

La septième Exposition universelle, la deuxième à Paris après celle de 1855, se tient du 1er avril au 3 novembre 1867 sur le Champ-de-Mars. Quarante-un pays sont représentés par des pavillons qui rivalisent d’ingéniosité. A la suite de l’exposition, les différents éléments démontés seront réutilisés, vendus, dispersés. Le chalet du 103 rue de Meaux aurait représenté la délégation d’Europe Centrale. Trois pavillons de même nature datant de cette époque subsisteraient encore à Paris.








Vers 1880, un certain Monsieur Brain fait installer le chalet qui nous intéresse au 103 rue de Meaux ainsi que son jumeau, aujourd’hui disparu et remplacé par une boulangerie, au 101. Mais le chalet n’est pas remonté dans les règles de l’art et les poutres ne reposent pas sur les poteaux ce qui lui donne un aspect incongru.

Durant le premier quart du XXème siècle, les chalets ou maisons en bois connaissent un certain succès en région parisienne. Ces petites habitations disposées en un plan simple, composées d’une à quatre pièces ont l’avantage d’être très bon marché. Les fondations en parpaing de mâchefer permettent de dresser des poteaux et des planches en pin, matériaux léger et peu cher. Le toit en double pente de tuiles surmonte l'ensemble lui donnant cette esthétique si particulière. Implantés le plus souvent en fond de parcelle, les chalets libèrent l’avant des parcelles pour la culture des potagers. A partir des années 1920/30, les maisons de bois sont supplantées du fait de l’évolution des techniques, la baisse des coûts et la rapidité d’exécution, par des constructions en maçonnerie

Aujourd’hui, propriété privée, le chalet du 103 rue de Meaux, s’il n’est pas visitable n’en demeure pas moins une charmante rencontre en passant dans le quartier.

Chalet urbain
103 rue de Meaux - Paris 19



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Connaissance du vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
Le guide du promeneur 19è arrondissement - Elisabeth Philipp - Parigramme

Sites référents