Paris : Le IIIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales essentielles - De la place des Vosges au jardin des Archives Nationales, en passant par le Musée Carnavalet et le Marché des Enfants Rouges jusqu'aux abords de la place de la République



Le IIIème arrondissement, superficie modeste de 117,1 hectares, procède d'un découpage administratif déterminé dans le cadre du décret de 1860, décret qui entérine l'annexion des communes limitrophes au territoire de la ville de Paris. Il se déploie en quatre quartiers Arts-et-Métiers, Enfants-Rouges, Archives, Sainte-Avoye dont les limites sont le fruit d'une histoire qui remonte au Haut Moyen-Âge (476-1000). Faubourg de l'ancienne Lutèce, terre de champs et de marais, le périmètre de notre actuel IIIème arrondissement connait une urbanisation progressive, lente et constante, jusqu'à former un tissu urbain très dense. Les grands prieurés, Saint Martin des Champs et le Temple, déterminent son évolution, tout d'abord hors des frontières de Paris puis intégré à la Capitale à partir du XIVème siècle et le tracé de l'enceinte Charles V. 

Les grands ensembles résidentiels, hôtels particuliers, cours intérieures, jardins, hérités du Grand Siècle, âge d'or de l'arrondissement, échappent à la destruction grâce à l'installation parasite et providentiel d'une petite industrie, d'ateliers variés et de manufactures dès la fin du XVIIIème siècle. Le Marais devient un quartier ouvrier populaire, carrefour des migrations. Dès les années 1930, les promoteurs immobiliers flairent la bonne affaire. Les théories hygiénistes pointent du doigt les "ilots insalubres", dédales de venelles considérées comme des foyers d'infection possible. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, aiguillonnés par les spéculateurs et les projets pharaoniques architectes du courant moderniste comme Le Corbusier, les édiles imaginent de raser l'ensemble du Marais. Les défenseurs du patrimoine luttent pour sa préservation. La loi Malraux de 1962 sauve le quartier avec la création des "secteurs sauvegardés". Le IIIème et le IVème arrondissements font l'objet d'une protection particulière. La restauration du quartier du Marais se fait sous la houlette des architectes des Monuments historiques. L'Etat se rend propriétaire de nombreux ensembles d'envergure destinés aux administrations diverses. Aujourd'hui, le IIIème arrondissement est considéré comme l'un des plus prisés de Paris grâce au charme de son patrimoine architectural unique. De la place des Vosges au jardin des Archives Nationales, en passant par le Musée Carnavalet, le Marché des Enfants Rouges et le passage de l'Ancre jusqu'aux abords de la place de la République, la rédaction vous propose de découvrir le IIIème arrondissement en 20 étapes patrimoniales essentielles. 






1/ Place des Vosges
Accès rue de Birague / rue du Pas de la Mule / rue de Béarn / rue des Francs Bourgeois - Paris 3 / Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1 / Chemin Vert ligne 8 / Bastille lignes 1, 5, 8

La place des Vosges, établie par la volonté du roi Henri IV, à deux pas de la Bastille, sous le nom de place Royale, est la plus ancienne de Paris. Tracée juste avant la place Dauphine dont je vous parlais ici, sœur de la place Ducale de Charleville Mézières, construite celle-ci en 1606 par Clément Métezeau, frère de Louis Métezeau l’un des architectes de la place parisienne, elle présente un exemple rare d’unité de style préservé. Elle constitue lors de son édification une ouverture dans le tissu urbain compact du Marais médiéval aux limites de la ville. L’idée originelle portée par Henri IV est de créer une enclave marchande et artisanale autour de manufactures censées concurrencer celles de Lyon et Milan. Mais propriétaires de terrains et aristocrates en décident autrement. Ils transforment cette place publique en enceinte résidentielle à caractère privé. Depuis ses origines, la place Royale devenue place des Vosges accueille sur ses rives personnalités du monde politique, médiatique et artistique. Madame de Sévigné, Bossuet, Victor Hugo, le duc de Sully, Colette, Isadora Duncan, Georges Simenon, Francis Blanche, Jean-Edern Hallier, DSK, Jack Lang, depuis peu Xavier Niel, la place des Vosges est le rendez-vous des puissants et des célèbres.




2/ Cour de Venise
Accès 12 rue Saint Gilles
Métro Chemin Vert ligne 8

La Cour de Venise se cache des regards derrière les immeubles du 10 au 14 rue Saint Gilles, à deux pas de la place des Vosges. Cette cour typique du XVIIème siècle d’une taille impressionnante, 4000 m2, la plus vaste encore existante dans le quartier, a été préservée de l’appétit des promoteurs alléchés par pareille aubaine en plein cœur du Marais par l’action militante des associations de riverains. La rue Saint Gilles ouverte sous Louis XIII à la suite de la création de la place Royale n’a pas beaucoup changé. Nombreuses sont les constructions historiques élégantes certifiées d’origine. Au numéro 12, une arcade en pierre fermée de vantaux troubadours ouvre sur un intéressant passage cocher. L’accès à l’ensemble pittoresque qui nous intéresse aujourd’hui, l’îlot Saint Gilles dit Cour de Venise, est protégé par un interphone et une grille qui s’ouvre assez facilement du fait de la présence de locaux professionnels. La légende de la Cour de Venise est certainement plus flamboyante que la réalité de sa véritable vocation industrielle mais cela n’enlève rien à son charme.




3/ Ancien décor de boucherie
67 rue de Turenne - Paris 3
Métro Chemin Vert ligne 8 ou Saint-Sébastien-Froissart ligne 8

Au 67 rue de Turenne, le rez-de-chaussée d’un immeuble néo-classique datant du Premier Empire conserve un étonnant décor qui signale la présence d’une ancienne boucherie. Deux colonnes doriques et deux pilastres encastrés dans le mur ont trouvé naturellement leur place au fronton d’une boutique de prêt-à-porter. Mais plus marquantes encore, trois têtes de bœufs au-dessus d’un porche soutiennent un petit balcon. Demeurent également, vaguement menaçant, des éléments en fonte, anciens crochets de la boucherie auxquels étaient suspendues en devanture des carcasses. 




4/ Square Saint-Gilles-Grand-Veneur-Pauline-Roland
Accès 9 rue du Grand Veneur, accessible depuis le via passage débutant 7 rue des Arquebusiers, rue de Hesse accessible via le 12 rue Villehardouin - Paris 3
Horaires : Du 30 avril 2018 au 31 août 2018 : du lundi au vendredi de 8h à 20h30, samedi et dimanche de 9h à 20h30
Du 01 septembre 2018 au 30 septembre 2018 : du lundi au vendredi de 8h à 19h30, samedi et dimanche de 9h à 19h30
Métro Chemin Vert ligne 8 ou Saint-Sébastien-Froissart ligne 8

Le Square Saint Gilles Grand Veneur Pauline Roland, créé en 1988, est un petit jardin à la française de 987m2. Planté d’érables qui flamboient en automne, c'est à la belle saison qu'il déploie tous ses charmes. La roseraie y offre le plus beau des spectacles au printemps. Treillages et bosquets odorants s’expriment alors dans l’abondante floraison de nombreuses variétés de roses dont la Pierre de Ronsard et la Catherine Deneuve. Cette nature luxuriante en plein cœur de la ville, à l’abri du chahut de la rue, offre un écrin divin pour les pique-niques en famille ou les instants romantiques. Bien caché, ce joli secret du Marais est peu fréquenté. Bancs de pierre blonde engageants, avenants carrés de pelouse, la quiétude de ce jardin labellisé espace vert écologique se trouve à peine troublée par le chant des oiseaux. Seuls les initiés et les habitants du quartier semblent connaître le chemin qui mène à l’oasis à travers un dédale de ruelles discrètes.




5/ Musée Carnavalet
23 rue de Sévigné - Paris 3
Tél : 01 44 59 58 58
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Métro Saint Paul ligne 1

Le Musée Carnavalet, plus ancien musée de la Ville de Paris, vient d’achever sa mue. Après cinq ans de fermeture et quatre années d’un chantier au confortable budget - cinquante-huit millions d’euros - la vénérable institution dédiée à l’histoire de la Capitale entre en grande pompe dans la modernité. Outre un ravalement complet ainsi qu’une mise aux normes de sécurité nécessaire, la muséographie a été entièrement repensée afin de renouveler l’expérience de visite. Petite révolution, l’introduction du numérique ouvre des accès inédits à la richesse d’un patrimoine fascinant. A travers ses collections, le Musée Carnavalet retrace la vaste histoire de Paris. Désormais l’épopée de la ville se déploie de la préhistoire, plus exactement le mésolithique, jusqu’à notre époque. La chronologie structure un parcours repensé et complété par de nouveaux modules tels que le Moyen-Âge, la Renaissance ainsi que la période de 1930 à nos jours. 




6/ Musée Cognacq-Jay
8 rue Elzévir - Paris 3
Tél : 01 40 27 07 21
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Métro Saint Paul ligne 1

Le Musée Cognacq-Jay abrite entre ses murs élégants la collection d’œuvres du XVIIIème siècle réunie par Ernest Cognacq (1839-1928) et son épouse Marie-Louise Jay (1838-1925), fondateurs des grands magasins de la Samaritaine. Niché depuis 1990 au cœur d’un hôtel particulier du XVIème siècle, l’établissement muséal déploie ses charmes intimistes à travers une succession de boudoirs richement décorés de lambris ouvragés et autres boiseries précieuses. Le cliquetis des précieuses horloges marque le temps. Le grincement des parquets est assourdi par les tapis bleus imaginés par Christian Lacroix, grand amateur du Siècle des Lumières, à l’occasion d’une carte blanche en 2015. Dans une atmosphère feutrée composée pour la recevoir, la collection Cognacq-Jay rend compte de la diversité de la création artistique du XVIIIème siècle. De nos jours, cet ensemble exceptionnel semble souligner le regard des collectionneurs du début du XXème porté sur le Siècle des Lumières. Musée de la Ville de Paris, l’accès aux collections permanentes du Musée Cognacq-Jay est gratuit toute l’année.




7/ Hôtel Hérouet
54 rue Vieille du Temple - Paris 3 / 42-44 rue des Francs-Bourgeois - Paris 4
Métro Hôtel de Ville lignes 1, 11 / Saint Paul ligne 1

De l’ancien Hôtel Hérouet édifié au début du XVIème siècle, dévasté par un bombardement en 1944, entièrement reconstruit dans les années 1970, il ne demeure d’origine que la tourelle d’angle au décor flamboyant. Ce dernier vestige authentique témoigne de l’élégance disparue d’un bâtiment construit à l’initiative de Jean Hérouet - parfois écrit Herouët - seigneur de Carrières, secrétaire en 1497 du duc d’Orléans, futur Louis XII. Contrairement à ce qu’affirment certaines sources, la maison n’a jamais fait partie du lotissement de l’hôtel Barbette ni du parc du cardinal Bertrand. La bâtisse originelle illustre avec panache le foisonnement de l’art ogival, courant qui précède la Renaissance italienne, représentés à Paris par les hôtels de Sens et de Cluny. 




8/ Jardin Anne Frank
14 impasse Berthaud / Accès entre les 22 et 24 rue Beaubourg - Paris 3
Métro Rambuteau

Au fond de l'impasse Berthaud, incise de pierre blonde entre les 22 et 24 rue Beaubourg, un jardin secret forme un îlot fleuri au cœur du Marais historique. Recrée par la Mairie de Paris à l'occasion de la réhabilitation de l'hôtel de Saint-Aignan en Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, le jardin Anne Frank honore la mémoire de la jeune fille juive victime de la barbarie nazie, auteur du célèbre journal publié en 1947. Inauguré en 2007, cet espace vert méconnu de 4 000 m2 se divise en trois parcelles distinctes qui ont en commun cette quiétude hors du temps des lieux secrets parisiens.




9/ Fontaine des Haudriettes
Accès 1 rue des Haudriettes - 53 rue des Archives - Paris 3
Métro Rambuteau ligne 11

La Fontaine des Haudriettes, au carrefour de la rue des Haudriettes et des Archives, surprend par l’empreinte de sa monumentalité sur la perspective. Réalisée entre 1764 et 1765, d’après les dessins de l’architecte Pierre-Louis Moreau-Desproux (1727-1794) chantre d’un retour à l’esthétique antique, elle incarne le style néoclassique très en vogue à la fin du règne de Louis XV. L’édifice massif illustre la simplicité des formes compactes d’inspiration gréco-romaine. La construction trapue, lignes épurées jusqu’à l’austérité, s’élève en trapèze. Deux faux pilastres disposés en pans coupés soutiennent un dôme peu élevé arrondi sur les côtés et percé d’une fenêtre. Le fronton triangulaire s’appuie sur deux consoles au décor succinct de guirlandes sculptées. La délicatesse du bas-relief en marbre, oeuvre de Pierre Mignot (1715-1770) élève de Vassé et de Lemoyne, contraste avec cette impression de densité. La Nymphe des fontaines dont le modèle en plâtre a été présenté au Salon de 1765 prête un peu de grâce à cette fontaine publique. La fontaine des Haudriettes quand elle était en eau, recrachait un mince filet par l’entremise d’un mascaron à tête de lion. Frêle jaillissement chantant expulsé d’une montagne toute minérale.




10/ Passage Molière
Accès 157 rue Saint-Martin et 82 rue Quincampoix - Paris 3
Métro Etienne Marcel ligne 4

Le passage Molière, dans le quartier Saint-Avoye, en plein cœur du Marais, enchante les flâneurs par ce petit air anachronique d'un Paris d'antan. Sol pavé et bâti du XVIIIème siècle aux charpentes de bois, cette voie piétonne a conquis les plus revêches par l'originalité de ses petites boutiques aux façades classées, la convivialité de ses restaurants. Fin 2015, un grand ravalement a été lancé afin de redonner tout son lustre à cette pépite si parisienne. A cette occasion, de nombreux désordres structurels se sont révélés, des fissures si importantes que cinq locaux commerciaux et trois logements ont dû être étayés. La remise aux normes modernes de l'ensemble des bâtiments a été confiée au cabinet d'architecte Wao. Le chantier a débuté par une purge et une mise à nue des structures. Les chapes de béton coulées sur les planchers lors d'opérations de réhabilitation datant des années 1970-80 ont été retirées, le cloisonnement revisité, l'isolation thermique repensée. Le passage Molière restauré, réhabilité, rouvert au public depuis 2022, a désormais pour vocation de devenir un pôle culturel dédié à la littérature. 




11/ Passage Sainte Avoie (ou Saint-Avoye)
Accès 8 rue Rambuteau - 62 rue du Temple - Paris 3
Métro Rambuteau ligne 11

Le passage Sainte Avoie, parfois mentionné comme le passage Saint Avoye, traverse en sinuant un ensemble de bâtiments du XIXème siècle. Pavé de frais, il suit l'ancien tracé de l'enceinte de Philippe Auguste dans la partie qui menait à la porte Sainte Avoye ou porte du Temple percée en 1280 et détruite vers 1535. Du 8 rue Rambuteau d'où il est parfois accessible en semaine grâce à une porte codée ouverte sur des galeries d'art et des commerces, le passage Sainte-Avoie débouche au 62 de la rue du Temple où subsistent de beaux vestiges. Bien qu'harmonieuses, la plupart des constructions n'ont pas d'intérêt historique mais les majestueuses arcades flanquées des reliquats du corps de logis de l'ancien hôtel de Mesmes datant du XVIème siècle, font tout le sel de cette incursion. Une grille imposante ferme l'accès du côté de la rue du Temple, préférer le côté rue Rambuteau pour tenter d'y entrer.




12/ Jardin des Archives Nationales 
Accès par l'hôtel de Soubise : 60 rue des Francs-Bourgeois ou 58 rue des Archives - Paris 3
Accès par le Caran, salle de lecture : 11 et 7 rue des Quatre-Fils - Paris 3
Horaires : de 8h à 19h printemps-été (dernier dimanche du mois de mars au dernier dimanche du mois d'octobre) / de 8h à 17 h automne-hiver (dernier dimanche du mois d'octobre au dernier dimanche du mois de mars)
Métro Rambuteau ligne 11

Les jardins des Archives Nationales se nichent au cœur de l'un des quartiers les plus charmants de la Capitale. Ce joli secret de Parisien, dans la quiétude de son décor historique, nous ferait presque oublier le ronronnement de la ville qui bruit d’activité. Le temps d’une pause enchantée dans le Marais, je vous propose de découvrir aujourd’hui, cette oasis de verdure. Un site patrimonial exceptionnel auquel le promeneur accède par l’hôtel de Soubise rue des Francs-Bourgeois d’un côté ou par la rue des Quatre-Fils et l’hôtel de Rohan de l’autre. Enfilade de cours et de jardins, cet espace vert de 8000m2, fermé au lendemain des attentats de 1995, a été rouvert au public en 2011. Il se compose de quatre parcelles très différentes du strict jardin à la française classique du XVIIIème siècle, au verger apprivoisé jusqu’au romantique parc miniature façon jardin de ville du XIXème.




13/ Impasse des Arbalétriers 
Accès 38 rue des Francs-Bourgeois - Paris 3
Métro Saint Paul ligne 1 / Rambuteau ligne 11

Alors que la rue des Francs-Bourgeois offre l'aspect animé des artères commerçantes parisiennes, l'impasse des Arbalétriers, qui s'ouvre au niveau du numéro 38, contraste par le calme de son charme pittoresque. Petite voie médiévale datant du XVème siècle, elle trottine sur les pavés disjoints entre deux hôtels particuliers du XVIIème siècle dont les corps de logis en encorbellement viennent parfaire l'illusion d'un voyage dans le temps. Sur la rive droite de la venelle, l'hôtel Poussepin où est niché le Centre Culturel Suisse fastueusement rénové et entretenu contrairement à la rive gauche, date d'environ 1620. Successivement Allée des Arbalétriers, impasse Barbette puis impasse des Arbalétriers, la légende de cette ruelle attire la curiosité des flâneurs. Ses allures médiévales préservées entretiennent le mythe. Lutte de pouvoir, violence, sexe, l'impasse des Arbalétriers fut probablement le lieu d'un épisode qui marqua l'histoire de France par ses conséquences, l'assassinat du duc d'Orléans en 1407.





14/ Ruelle Sourdis
Accès 15 rue Pastourelle / seconde 3 rue Charlot fermée par une grille - Paris 3
Métro Rambuteau ligne 11 / Filles du Calvaire ligne 8

La Ruelle Sourdis présente une physionomie typiquement médiévale malgré une création en 1626. Fruit d’une servitude imposée à un propriétaire afin de délimiter les différentes parcelles des hôtels particuliers, au sud, ceux de la rue des Quatre-Fils, au nord ceux de nos actuelles rues Charlot et des Archives, elle a conservé de nombreux éléments pittoresques d’origine. La largeur réduite de 3 mètres, le pavage inégal marqué par un ruisseau axial, des poternes, bornes chasse-roues entre lesquelles les piétons se protégeaient de la circulation avant la diffusion du modèle de trottoirs à Paris au XIXème siècle, confèrent à l’ensemble un charme indéniable. Charme à peine troublé par les bâtiments plus récents moins élégants. Euphémisme. Au début de la venelle, les constructions à encorbellements typiques permettaient d’agrandir les logements tout en évitant une augmentation des cotisations foncières, calculées à partir de l’emprise au sol. La ruelle Sourdis, tracée en équerre, ploie en un brusque coude inaccessible. De nos jours, l’entrée débouchant sur la rue Charlot est fermée. Cette voie privée, demeure partiellement accessible depuis la rue Pastourelle pour un véritable voyage dans le temps.




15/ Marché des Enfants Rouges
Accès 39 rue de Bretagne, 35/37 rue Charlots, 16 rue de Beauce, rue des Oiseaux - Paris 3
Horaires : Ouvert du mardi au samedi de 8h30 à 19h30 - Le dimanche de 8h30 à 14h
Métro Filles du Calvaire ligne 8 / Arts et Métiers lignes 3, 11

Le Marché des Enfants Rouges, lieu emblématique du Haut Marais, déploie ses charmes pittoresques derrière les iconiques grilles frappées à son nom. Plus vieux marché couvert en activité depuis la démolition des halles de Baltard dans les années 1970, il bruisse d’une activité fourmillante, véritable cœur battant du quartier, ouvert du mardi au dimanche. Ce lieu convivial de rencontres jouit d’une réputation flatteuse dans le monde entier notamment grâce à ses commerçant avenants (enfin presque tous, nous sommes tout de même à Paris). Fréquenté aussi bien par les riverains que par des touristes accompagnés ou non de guides, le Marché des Enfants Rouges illustre la vitalité du Marais. Cette halle traditionnelle croisée avec une cantine à ciel ouvert mêle dans un grand foisonnement métissé de couleurs et de parfums les influences et les origines. Les nombreux traiteurs adeptes d’une cuisine cosmopolite généreuse entraînent les visiteurs dans un tour du monde de la gastronomie. Faire ses provisions de la semaine, déjeuner sur le pouce sur une table installée dans une allée, bruncher le dimanche, le Marché des Enfants Rouges revendique pleinement son statut d’incontournable.  




16/ Station Arts et Métiers 
Carrefour rue Réaumur, rue de Turbigo, rue Beaubourg - Paris 3
Métro Arts et Métiers ligne 11

La station de métro Arts et Métiers déploie sur le quai de la ligne 11 carrossé de cuivre les charmes d’une délicieuse incongruité. Inauguré en octobre 1994, cet aménagement culturel spécifique mis en place à l’occasion des cérémonies du bicentenaire du Conservatoire des Arts et Métiers confère une atmosphère singulière à l’arrêt. Le partenariat entre le musée et la RATP (régie autonome des transports parisiens) a permis une réinvention piquante de la station. Le dessinateur et scénographe belge François Schuiten a qui a été confiée l’entreprise s’est inspiré des récits de Jules Verne et plus particulièrement des descriptions du célèbre sous-marin du capitaine Nemo, le Nautilus mentionné dans les romans "Vingt mille lieues sous les mers" (1869) puis "L’île mystérieuse" (1874). Métal rose chatoyant, quais dépourvus d’affichage publicitaire, rouages et mécanismes intégrés à la voûte laissent s’incarner les imaginaires rétro-futuristes hors du temps. La station se veut passerelle entre l’univers du métro et celui du musée des Arts et Métiers.




17/ Sculpture Harmonie de Volti
Place Theodor-Herzl - Paris 3
Métro Arts et Métiers lignes 3, 11

A la sortie de la station Arts et Métiers, une belle sculpture de bronze signée Volti attire le regard, presque une invitation à la caresse. Une femme nue assoupie repose gracieusement sur un piédestal. Formes généreuses, cuisses charnues, ventre rond, seins lourds, cette silhouette alanguie célèbre la plénitude du corps source de vie, féminité épanouie. Sur le socle sont gravés le nom de l’œuvre, Harmonie, et de son créateur. Un titre qui renvoie aux références musicales de l’artiste. "La grande sculpture est composée comme de la musique." Le sculpteur français, Antoniucci Voltigero dit Volti, a consacré sa vie à l’étude des courbes féminines dont les rythmes et les volumes le fascinent telle une grande architecture de chair à la fois symbole nourricier et sensuel. 




18/ Les plus anciennes maisons de Paris
- Maison au Grand Pignon dite maison de Nicolas Flamel - 51 rue de Montmorency - Paris 3
Métro Etienne Marcel ligne 4
- Maison du 3 rue Volta - Paris 3
Métro Arts et Métiers lignes 3, 11
- Maison à l'enseigne du Mouton et maison à l'enseigne du Faucheur - 11 et 13 rue François Miron - Paris 4
Métro Saint Paul ligne 1

Les prétendantes au titre de plus ancienne maison de Paris ont en commun une allure médiévale transportant le passant curieux à travers les âges et le temps ainsi qu’une autre caractéristique et non des moindres, elles ont toutes échappé aux grands travaux du baron Haussmann. Rappelons que le préfet de la Seine de 1853 à 1870, dirigea, Sous le Second Empire, des aménagements drastiques en approfondissant le plan de rénovation établi par la commission Siméon. Si Jacques Hillairet dans l’un de ses célèbres ouvrages de vulgarisation au sujet du Paris historique, situe la plus vieille maison de la Capitale au 3 rue Volta, des recherches ultérieures menées par des historiens en 1979 ont établi définitivement qu’il n’en était rien, la bâtisse datant du XVIIème siècle. La doyenne serait en fait la maison au Grand Pignon dite maison de Nicolas Flamel édifiée en 1407 qui se trouve au 51 rue de Montmorency. Certains lui disputent cette couronne, charmés par l’apparence des 11 et 13 rue François Miron. L’étude poussée des archives aura prouvé qu’elles étaient également le résultat tardif d’une certaine nostalgie de ses constructeurs au début du XVIème siècle. 




19/ Passage de l'Ancre 
Accès 30 rue de Turbigo - 221 rue Saint-Martin - Paris 3
Fermé le week-end
Métro Etienne Marcel ligne 4 / Arts et Métiers lignes 3, 11

Le passage de l'Ancre, exquise voie privée à ciel ouvert se dissimule en plein coeur du Marais derrière une discrète porte cochère du quartier Saint-Avoye. A l'abri des regards, cette venelle piétonne est un raccourci méconnu qui prolonge la rue Chapon au milieu des immeubles jusqu'à la rue de Turbigo. Chemin de traverse hors du temps, il est l'un des plus vieux passages de Paris dont la présence est attestée sur les plans de la ville dès le XVIIème siècle. Bordée de boutiques multicolores, cette étroite allée trottine allègrement côté cour, sentier urbain abondamment fleuri. Les riverains entretiennent avec amour fleurs et arbustes en pots qui confèrent au lieu une atmosphère champêtre. Quiétude heureuse, chronique du temps passé, les enseignes pittoresques disputent en charme aux vitrines à l'ancienne des ateliers artisanaux.




20/ Passage Vendôme
Accès 16/18 rue Béranger - 1 place de la République - Paris 3
Métro République lignes 3, 5, 8, 9, 11

Le passage Vendôme, propriété d’une personne privée, a été livré à la déliquescence au point de n’être plus qu’un pigeonnier nauséabond. Abandonné par ses commerçants qui ont peu à peu fermé boutique, il est envahi par les volatiles qui y nichent et s’y protègent des intempéries, profitant du calme de cette percée couverte. Ouvert sur la place de la République, le passage a de nos jours bien triste allure. Les murs sont recouverts de graffitis et de fiente. Le sol de béton brut également. Pourtant, sous le délabrement, l’élégance de l’architecture perdure. L’ensemble du passage ainsi que les façades et les toitures sont inscrits aux Monuments historiques depuis le 13 avril 1987. Les rares commerces persévérants semblent bien piteux. Les micro-cantines qui s’y trouvent encore pâtissent de l’atmosphère crasseuse des lieux. Une minuscule cordonnerie fait de la résistance. Mais les vitrines aveugles se multiplient. Seules les échoppes ayant une entrée principale sur la place de la République ou sur la rue Béranger s’en sortent encore. Malgré son potentiel, le passage Vendôme connaît depuis sa création des revers de fortune. Malaimé du public, boudé par les riverains, laissé à l’abandon, ce lieu est aujourd’hui d’une rare tristesse voire tout à fait sinistre.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.