Paris : Le quartier d'Auteuil en 20 étapes patrimoniales, du Bois de Boulogne à la Seine, de la Porte de Saint-Cloud à l'église Notre-Dame d'Auteuil en passant par la rue Jean de la Fontaine, le Castel Béranger, la rue Mallet-Stevens jusqu'aux Serres d'Auteuil et au parc Sainte Périne - XVIème

 

Auteuil, quartier résidentiel de l'Ouest parisien, compose une grande partie du Sud du XVIème arrondissement, entre Bois de Boulogne et Seine. Ancien village rattaché au territoire de Paris en 1860, il a conservé les caractéristiques d'un passé champêtre. Le quartier d'articule encore autour de la rue principale et de la place de l'église. Maisons de ville, hôtels particuliers préservés et élégants immeubles plus récents ponctuent des ruelles aux commerces à taille humaine. Les espaces verts nombreux évoquent les grands domaines aristocratiques du XVIIème siècle, aujourd'hui disparus, à l'instar du Château du Coq, propriété du cardinal de Richelieu (1585-1642) offerte à la Couronne. Lieu de villégiateure réputé pour ses eaux thermales, le village d'Auteuil voit se développer maisons de repos, cures d'hydrothérapie. Son calme séduit les hommes de lettres qui se retrouvent souvent à l'auberge du Mouton Blanc, rue d'Auteuil. Nicolas Boileau (1636-1711) établit sa résidence principale, 26 rue des Garennes - aujourd’hui sur la parcelle occupée par le Hameau Boileau - en 1685. Jean Racine (1639-1699) s'établit rue d'Auteuil où il héberge un temps Molière (1622-1673). Au XVIIIème siècle, Auteuil est fréquenté par les beaux esprits des Lumières, Diderot, d'Alembert, Condillac, Malesherbes, Turgot. La Société d'Auteuil (1772-1800) se réunit chez Anne-Catherine de Ligniville Helvétius (1722-1800), salonnière amie de Voltaire, épouse du philosophe Claude-Adrien Helvétius (1715-1771). 

Au cours du Second Empire, à la suite du rattachement en 1860, Auteuil fait l'objet d'une urbanisation pondérée. Fruit des grandes transformations du début du XIXème siècle, les impasses, villas privées et hameaux ont résisté miraculeusement à la pression des spéculations immobilières. Au tournant du XXème siècle, les architectes à la mode, à l'instar d'Hector Guimard (1867-1942), y expérimente Art Nouveau puis Art Déco.

De nos jours, Auteuil a conservé son atmosphère privilégiée, de quiétude villageoise. Le quartier draine ponctuellement les foules amatrices de sport qui se pressent au Parc des Princes, au Stade Roland Garros et à l'Hippodrome d'Auteuil, animation salutaire.

La rédaction a sélectionné 20 étapes patrimoniales pour découvrir le quartier d'Auteuil à Paris le temps d'une promenade pleine de surprises.



57 rue Claude Lorrain - Paris 16
Métro Exelmans ligne 9

Le cimetière d'Auteuil, modeste nécropole, vaste de 72 ares, témoigne de l'évolution d'un village champêtre devenu arrondissement parisien huppé. Ouvert en 1800, ce lieu de sépulture, dont l'accès se trouve au 57 rue Claude Lorrain, abrite, aujourd'hui, environ 1300 tombes. Une soixante d'arbres de quatorze essences différentes constituent le maigre décor végétal. La chapelle Moïana, au fonds de la parcelle, attribuée à Jules Dalou (1838-1902), serait l'une des premières commandes privées reçue par le sculpteur débutant.



Accès 21/25 rue Parent-de-Rosan - Paris 16
Métro Exelmans ligne 9

Le Hameau Michel-Ange a emprunté le nom de l’artiste italien à la grande artère toute proche tracée à travers l’ancien village d’Auteuil par le baron Haussmann à partir de 1862. Un arrêté du 21 décembre 1926 autorise le percement de la villa mais la crise financière de 1929 reporte le projet. L’impasse longue de 60 mètres n’est amorcée qu’en 1935. Ouvert à la circulation publique par arrêté du 23 juin 1959, l’accès libre du Hameau Michel-Ange en fait une exception dans un quartier où la norme demeure la privatisation et les grilles infranchissables. 



Avenue Georges Risler, villa Cheysson, villa Dietz-Monnin, villa Emile Meyer
Accès 19 rue Claude Lorrain - Paris 16
Métro Exelmans ligne 9

La coquette Villa Mulhouse, à deux pas de l’opulent Hameau Boileau, et du cimetière d’Auteuil, rappelle par son intrigante conformation de cité ouvrière, l’ancien faubourg champêtre de Paris, annexé en 1860. Le lieu discret est le fruit d’une expérimentation à caractère philanthropique menée par Emile Cacheux (1844-1923). Désireux d’améliorer la qualité du logement ouvrier et d’ouvrir l’accès à la propriété aux classes laborieuses, cet ingénieur également sociologue poursuit plusieurs projets en ce sens, dont les plans reçoivent des prix lors de congrès internationaux. La cité originelle, construite entre 1882 et 1892, a été pensée sur le modèle des cités jardins anglaises. Les pavillons annoncés par des jardinets ont été remaniés avec faste au cours du XXème siècle par un nouveau genre de riverains. Désormais maisons de ville cossues, les soixante-sept habitations de la Villa Mulhouse, souvent surélevés de plusieurs étages, incarnent le rêve de la campagne à Paris dans l’un des quartiers les plus recherchés de la Capitale.



62 rue Boileau - Paris 16
Métro Exelmans ligne 9

L'Ancienne Ambassade du Vietnam, au 62 rue Boileau dans le XVIème arrondissement, associe motifs de l'architecture traditionnelle vietnamienne aux éléments contemporains. Oeuvre de l'architecte vietnamien né au Cambodge, Vo Thanh Nghia (1924-?), ce bâtiment singulier voit le jour entre 1975 et 1977. Sa conception illustre la volonté de rapprochement et d'apaisement entre les deux pays ainsi que l'accroissement de la communauté vietnamienne dans l'Hexagone au tournant des années 1970. Le syncrétisme de l'édifice réinterprète la tradition au service d'une contemporanéité affirmée. Il emprunte les toitures courbées des pagodes, évocation paysagère des montagnes et des vagues, les carreaux de terre ancestraux présents dans les temples pour les confronter aux symboles de la modernité, revêtement de grés cérame blanc et structure de béton armé. Le foisonnement de la végétation choisie afin d'encadrer l'édifice rappelle celle favorisé par le climat tropical du Pays du Dragon bleu. 



Place de la Porte de Saint Cloud - Paris 16
Métro Porte de Saint Cloud ligne 9

Les Fontaines de la Porte de Saint Cloud, ouvrages monumentaux, ont été conçues dans le cadre de la campagne d'embellissement de la ville à la veille de l'Exposition Universelle de 1937, Exposition internationale des arts et des techniques appliquées à la vie moderne. La Porte de Saint Cloud est réinventée afin d'accueillir une exposition dédiée aux sports et à la chasse. Les deux tours cylindriques, oeuvres des architectes Robert Pommier (1907-1972) et Jacques Billard (1905-?), forment alors une porte symbolique. Paul Landowski (1875-1961), auteur notamment du célèbre Christ rédempteur du Corcovado dans la baie de Rio de Janeiro au Brésil, réalise les décors en bas-reliefs "Les Sources de la Seine" ou "Les Sources de Paris". Un dispositif d'éclairage et des jeux de jets d'eau animent les fontaines, toutes premières lumineuses à Paris. Elles sont inaugurées en 1936 à la suite d'un chantier de deux années. Labelisées Patrimoine du XXème siècle, elles font l'objet d'une protection depuis leur inscription à l'inventaire des monuments historiques par arrêté du 30 mai 2016.



67 boulevard Montmorency - Paris 16
Métro Porte d'Auteuil ligne 9

L'ancienne Maison des frères Goncourt, au 67 boulevard Montmorency dans le XVIème arrondissement, abrite aujourd'hui, la Maison des écrivains et de la littérature. Fondée en 1986, l'association se donne pour mission de soutenir les écrivains, d'organiser des manifestations littéraires, de promouvoir la littérature française. Edmond de Goncourt (1822-1896) et Jules de Goncourt (1830-1870) quittent la Nouvelle Athènes et leur appartement du 43 rue Saint Georges, en 1868. En quête de calme et de nature, ils prennent leurs nouveaux quartiers à Auteuil, ancien village hors les murs, annexé au territoire de la Ville de Paris en 1860. 



Accès 3 avenue de la Porte d'Auteuil et 1 avenue Gordon Bennett - Paris 16
Métro Michel-Ange Molitor ligne 9

Les Serres d'Auteuil - Jardin Fleuriste municipal - ouvertes au public depuis 2006, sont un jardin patrimonial unique en Europe. Premier pôle du Jardin Botanique de Paris fondée en 1998, qui comprend outre les serres d'Auteuil, le Parc de Bagatelle dans le bois de Boulogne, le Parc Floral dans le bois de Vincennes et l'Arboretum de l'école du Breuil également dans le bois de Vincennes, elles ont accueilli jusqu'en 2008, la direction des parcs, jardins et espaces de la Ville de Paris. Sur le chemin de Roland Garros à la lisière du bois de Boulogne, cet ensemble de serres dans un jardin dont les abondantes décorations florales sont renouvelées au fil des saisons, est un lieu de promenade et de découverte, une halte hors du temps méconnue. Dans les 6 hectares de jardin, 2 700 m2 de serres sont accessibles gratuitement. Y sont cultivées 5 500 espèces de plantes venues de toute la planète auxquelles s'ajoutent un ensemble d'arbres remarquables disséminés dans les jardins. 



2bis rue Michel-Ange - Paris 16
Métro Michel Ange Auteuil ligne 9

La silhouette industrielle de la sous-station électrique Auteuil, située au 2bis rue Michel-Ange dans le XVIème arrondissement, surprend au cœur d'un quartier cossu, peu familier avec le monde ouvrier. Édifiée en 1912, sur les plans de l'architecte Paul Friesé (1851-1917), elle alimente à l'origine le métro parisien. Sa vocation première d'usine urbaine et sa fonctionnalité ne la privent pas d'une certaine élégance, recherche esthétique traduite dans l'épure de la façade, structure métallique, vastes surfaces vitrées à triple arcade. Aujourd'hui, propriété de la RATP, la sous-station électrique Auteuil fait l'objet d'une réhabilitation afin d'accueillir des logements sociaux. 



65 rue Jean de la Fontaine - 21/35 rue des Perchamps - 2/4 rue du Général Largeau - Paris 16
Métro Michel-Ange Auteuil ligne 9

Le Studio Building, oeuvre d'Henri Sauvage (1873-1932), rue Jean de la Fontaine à Auteuil, dans le XVIème arrondissement, est l'une des dernières réalisations de l'architecte, le bâtiment édifié entre 1926 et 1928, avant l'extension du grand magasin de la Samaritaine quai du Louvre en 1930. Électron libre, hors école, friand d'expérimentations, il imagine pour son commanditaire Jean Hellade, entrepreneur, ingénieur des arts et manufactures, centralien, un immeuble de rapport comprenant une cinquantaine de logements et d'ateliers. La conception et la réalisation du Studio Building, ossature de béton armé, éléments préfabriqués en usine s'ancrent dans un contexte d'industrialisation contemporaine. L'inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 15 janvier 1975, à l'occasion d'une campagne de patrimonialisation de l'architecture des XIXème et XXème siècles, protège façades et toitures. La façade a fait l'objet d'un ravalement d'envergure en 1990.



122 avenue Mozart - Paris 16
Métro Michel-Ange Auteuil ligne 9

L’Hôtel Guimard, au 122 avenue Mozart à Auteuil, témoigne de l’esthétique parvenue à maturité développée par Hector Guimard (1867-1942). A la suite de son mariage en 1909 avec l’artiste-peintre américaine Adeline Oppenheim, fille d’un riche banquier new-yorkais, l’architecte au sommet de sa gloire imagine un hôtel particulier associant domicile et bureaux. Édifié entre 1909 et 1912, l’immeuble comporte six niveaux scandés par des encorbellement à partir du deuxième étage. L’agence d’architecture se trouve au rez-de-chaussée, les appartements privés au premier et au deuxième étage, l’atelier d’Adeline Oppenheim-Guimard au troisième étage. La façade asymétrique marquée par le recours à la courbe est rythmée d’ouvertures irrégulières, fenêtres et balcons, bow-windows, lucarnes à auvent sous les combles, tous différents. Le programme décoratif, encadrements de pierre et ferronnerie, motifs floraux, végétation luxuriante, souligne la liberté de composition. Le style Guimard dépouillé des extravagances formelles expérimentales aboutit à des volumes unifiés. La polychromie épurée opte pour une association pierre blonde et briques ocres.



4 rue du Buis - Paris 16
Métro Église d'Auteuil ligne 10 / Michel-Ange Auteuil ligne 9

Au 4 rue du Buis, à Auteuil, dans le XVIème arrondissement, une plaque, hommage à Olympe de Gouges (1748-1793), a été posée à l'occasion du bicentenaire de la Révolution en 1989. Pionnière du féminisme en France, auteure de la "Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne" (1791), cette militante rencontre de son vivant l'opposition de nombreux détracteurs qui lui reprochent d'être femme et engagée. À tel point que son œuvre est longtemps passée sous silence pour n'être redécouverte qu'au cours du XXème siècle. Ses écrits, pamphlets, essais, pièces de théâtre préfigurent la pensée féministe, réclament l'égalité femmes hommes, dénoncent l'esclavage. 



1 rue Corot / 32 rue Wilhem / Place d'Auteuil - Paris 16
Métro Église d'Auteuil ligne 10

L'Église Notre Dame d'Auteuil, église paroissiale, veille sur la mémoire de l'ancienne commune champêtre rattachée à Paris en 1860. Elle conserve le souvenir du père Pierre-Henri Lamazou (1828-1883) grâce auquel elle a vu le jour sous le crayon de Joseph Émile Vaudremer (1829-1914), architecte diocésain, également auteur de l'église Saint-Pierre-de-Montrouge. Édifiée entre 1877 et 1892, ce lieu cultuel de style roman byzantin témoigne de l'évolution des nouveaux arrondissements de Paris créés en 1860. L'Église Notre-Dame-d'Auteuil, longue de 63 mètres, est surmontée d'un curieux clocher à lanternon fuselé parachevé d'une flèche en pierre qui culmine à 51 mètres de haut. Elle dispose de quatre cloches de volée et d'un timbre, issu de l'ancienne horloge aujourd'hui disparue lesquels sonnent les heures et les quarts. Une Vierge à l'Enfant du sculpteur Henri-Charles Maniglier (1826-1901) accueille les fidèles sous le porche. Au linteau qui soutient le tympan, croix et pampre illustrent un verset de l’Évangile : "Je suis la vigne ; vous êtes les sarments."



75-77 avenue de Versailles / 93 avenue de Versailles - Paris 16
Métro Église d'Auteuil ligne 10

L'ancienne usine d'eau non-potable Auteuil dans le XVIème arrondissement, propriété de la Ville gérée par Eau de Paris, se compose de deux entités autonomes, aujourd'hui réhabilitées. La première en activité de 1900 à 1952, au 75-77 avenue de Versailles, est devenue le Pavillon de l'eau en 2007, espace d'exposition et d'information sur le réseau de distribution d'eau à Paris. La seconde édifiée en 1926 au 93 avenue de Versailles, active jusqu'en 2017, faisait l'objet d'une vaste transformation dans le cadre du projet Réhabiliter Paris. Mais le chantier a été suspendu, selon Le Parisien du 11 mai 2025, définitivement abandonné. Ce site industriel remarquable fait l'objet d'une protection patrimoniale, à la suite de son inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 30 janvier 2020. Deux usines d'eau non-potable souterraines subsistent à Paris, La Villette inaugurée en 1989, Austerlitz inaugurée en 1994.



17-21 quai Louis Blériot - Paris 16
Métro Mirabeau ligne 10

L'Hôtel Noyal, au 17-21 quai Louis Blériot dans le XVIème arrondissement de Paris, se distingue par une silhouette de brique beige, esthétique Art Nouveau mâtiné de néo-gothique. Réalisé en 1911 sur les plans de l'architecte Charles Blanche (1863-1937) pour le peintre Alexandre Nozal (1852-1929), frère de l'industriel Léon Nozal (1847-1914) mécène d'Hector Guimard (1867-1942), ce navire posé sur les bords de Seine a joué le rôle de port d'attache d'un artiste voyageur.



40 quai Louis Blériot - 2 rue Degas - Paris 16
Métro Jasmin ligne 9 / Javel RER ligne C

L'immeuble à l'angle du 40 quai Louis Blériot et du 2 rue Degas, dans le XVIème arrondissement à Auteuil, attire le regard pour ses élégantes façades de mosaïque. Le bâtiment d'inspiration Art déco déploie un dégradé de beige - ocre, sable, écru, beige rosé - sur cinq niveaux jusqu'au bandeau fleuri du sixième étage, frise raffinée dans les tons de bleu. Oeuvre du cabinet Marteroy et Bonnel, actif entre la fin des années 1910 et la fin des années 1930, sous la direction de Paul Marteroy (1880-1952) et son ancien disciple, Georges Bonnel (1888- ? ), achevé en 1932, l'immeuble de rapport est destiné aux logements particuliers. 



41 rue Mirabeau / 114 ter avenue de Versailles - Paris 16
Métro Chardon-Lagache ligne 10

Le Parc Sainte Périne déploie ses 3,7 hectares vallonnés au coeur du village d'Auteuil, annexé au territoire de la ville de Paris en 1860. Ancien jardin privé de l'hôpital Sainte Périne Chardon Lagache Rossini, développé sur les terres d'un domaine progressivement démantelé depuis la Révolution, il a été ouvert au public en 1977. Plates-bandes fleuries, hydrangeas, pelouses en gradins, aires de jeux et espace fitness fait le bonheur des enfants du quartier, des sportifs avides de verdure ou des flâneurs oisifs. Les arbres originels, platanes, érables, frênes, tilleuls et marronniers, côtoient soixante-dix essences exotiques plantés récemment, copalme d'Amérique, arbre parasol de Chine, Evodia, Sophora, mûrier à papier, Ginkgo biloba, tulipier de Virginie, Ehretia, pruniers, févier d'Amérique, Parrotia persica, cerisier noir, plaqueminiers, parmi lesquels un Diospyros kaki et un Diospyros lotus. 



60 rue Jean de la Fontaine - Paris 16
Métro Jasmin ligne 9

L’Hôtel Mezzara construit entre 1910 et 1911 par Hector Guimard (1867-1942) pour son ami, l’industriel du textile Paul Mezzara (1866-1918), témoigne d’un assagissement du style Guimard au cours de cette période. Fleuron de l’Art Nouveau, seul bâtiment de l’architecte encore propriété de l’État, l’hôtel particulier a été classé en totalité en 2016, avec sa parcelle d'implantation et ses grilles de clôture sur rue. Cette réalisation illustre puissamment la vision de l’architecte et son attention aux détails. En façade, les nombreux éléments sculptés, les motifs végétaux, les volutes embrassent la courbe de l’édifice. La fluidité des lignes rythme le mouvement de la ferronnerie, les arabesques des grilles ouvragées ornées de ronces, les balcons et garde-corps en fonte dessinés par Guimard lui-même. La porte d’entrée ouvragée est caractéristique de l’Art Nouveau. L’Hôtel Mezzara s’articule autour d’une travée centrale décentrée qui marque une volonté d’asymétrie. Les deux corps du bâtiment se rencontrent sur un hall central. 



21 rue Jasmin - 8 rue Henri Heine - Paris 16
Métro Jasmin ligne 9

L'ancien Central téléphonique Auteuil, à l'angle des rues Jasmin et Henri Heine dans le XVIème arrondissement, est le dernier site de ce type mis en service avant la Première Guerre Mondiale. Oeuvre de l'architecte Paul Guadet (1873-1931), achevé en 1913, il se distingue par l'élégance de ses proportions, une structure de béton armé et l'emploi de la couleur. Un discret décor de mosaïque et de céramique orne les façades de briques bicolores percées de vastes baies vitrées, qui diffusent la lumière naturelle à l'intérieur. Une arche de briques vernissées polychromes encadre l'élégant portail principal en fer forgé.



Accessible au 9 rue du Docteur Blanche - Paris 16
Métro Ranelagh ligne 9 ou Jasmin ligne 9

La rue Mallet-Stevens, dans le quartier d’Auteuil, illustre avec force les théories architecturales et esthétiques développées par Robert Mallet-Stevens (1886-1945) dès 1917. Auteur de l’ensemble du lotissement initial commandité par le riche homme d’affaires Daniel Dreyfus, l’architecte a choisi de déployer la voie sur le modèle des villas parisiennes. L’impasse inaugurée le 20 juillet 1927 débute au numéro 9 de la rue du Docteur Blanche. Page d’histoire à ciel ouvert du mouvement moderne, elle incarne l’élan de renouveau formel de l’architecture résidentielle durant l’Entre-deux-guerres à Paris. La séquence homogène conçue comme un espace en creux sculpté par l’architecte, est l’une des oeuvres majeures de Robert Mallet-Stevens. Chaque résidence privée - cinq hôtels et une maison de gardien - appartient à un grand ensemble, un corps architectural indivisible. Lors de la construction, Mallet-Stevens emploie des matériaux innovants, notamment le béton armé dont les propriétés techniques permettent de dégager d'amples espaces. Les volumes cubiques et cylindriques percés de vastes baies vitrées sont surmontés de toits terrasses disposées en gradin. A l’audace des formes, s’ajoute la pureté des façades lisses recouvertes d’un enduit blanc. L’architecte met son talent, son sens de l’espace et son goût pour la lumière naturelle, au service d’une modernité rationnelle, fonctionnelle, universelle.



12-14 rue Jean de la Fontaine - Paris 16
Métro Ranelagh ligne 9

Le Castel Béranger, première réalisation d’envergure d’Hector Guimard (Lyon 1867- New York 1942) incarne l'un des symboles de l'architecture Art Nouveau à Paris. Grâce à cette oeuvre emblématique réalisée entre 1895 et 1898, Guimard connaît un succès fulgurant. Pour ce projet décomposé en trois immeubles d'habitation à loyers modérés, il s’inspire tout d'abord des préceptes stylistiques d’Eugène Viollet-le-Duc et du rationalisme pittoresque. Mais à la suite d’un voyage en Belgique marquant durant lequel il rencontre Victor Horta, il change de pied et embrasse pleinement la veine Art Nouveau. Soucieux de se faire remarquer, le jeune Guimard modifie radicalement le programme esthétique en rupture avec l’académisme. Hector Guimard désire créer une oeuvre totale en maîtrisant l’ensemble de la création des trois immeubles, des bâtiments eux-mêmes jusqu’à l’architecture d’intérieur des trente-six appartements ainsi que le mobilier. 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.