Paris : Hameau Michel-Ange, charmante illustration des transformations urbaines à Auteuil dans les années 1920 - XVIème


Le Hameau Michel-Ange a emprunté le nom de l’artiste italien à la grande artère toute proche tracée à travers l’ancien village d’Auteuil par le baron Haussmann à partir de 1862. Un arrêté du 21 décembre 1926 autorise le percement de la villa mais la crise financière de 1929 reporte le projet. L’impasse longue de 60 mètres n’est amorcée qu’en 1935. Ouvert à la circulation publique par arrêté du 23 juin 1959, l’accès libre du Hameau Michel-Ange en fait une exception dans un quartier où la norme demeure la privatisation et les grilles infranchissables. Auteuil, ancien village rattaché à Paris en 1860, a gardé quelques caractéristiques piquantes de ce passé champêtre, vieilles maisons évocatrices, une disposition recentrée sur place de l’église dominée par son clocher, des vestiges jalousement préservés des grands domaines du XVIIème siècle. Fruit des grandes transformations du début du XIXème siècle, les impasses, villas et hameaux d’Auteuil ont résisté miraculeusement à la pression des spéculations immobilières. 










Le XVIème arrondissement l’un des plus résidentiels de Paris, l’un des plus grands également laisse deviner son riche passé historique par la survivance d’éléments remontant au XVIIème siècle. Durant cette période, aristocrates et riches bourgeois font construire des maisons de campagne dans les villages de Chaillot, de Passy et d’Auteuil, à la périphérie de Paris. Perché sur les coteaux, Auteuil, ancienne terre de pâturage et de vignoble dont les vins sont connus au XVIIème siècle jusqu’au Danemark, dispose alors de pléthoriques ressources naturelles, le bois issu de la forêt de Rouvray, les sous-sols exploités pour leur calcaire, l’argile plastique et le sable. Mais durant le Grand Siècle, la beauté du site entre Seine et bois de Boulogne, idéalement situé sur la route de Paris à Versailles, prédispose le village agricole à devenir un luxueux lieu de villégiature. Ses eaux ferrugineuses sont notamment très prisées des curistes. Les grandes propriétés du XVIIème, domaines dotés de vastes parcs, sont établis sur des parcelles vendues par la Congrégation de France liée à son abbaye mère Sainte Geneviève de Paris. 

Les plus belles propriétés autoliennes sont démantelées à la Révolution. Sur les vestiges des jardins, dès le XVIIIème siècles se développe un nouveau type de constructions. Les transformations progressives connaissent une accélération au XIXème siècle lors du lancement de vastes opérations spéculatives. Les lotissements conservent leur caractère champêtre avec des maisons de campagne dotées de jardin destinée à la bourgeoisie. A partir des années 1830, les premières villas dont peu nous sont parvenues marquent la transition stylistique du néo-classique au pittoresque. Quelques lieux privilégiés demeurent intacts, clos huppés hermétiquement clos, hameau Boileau, villa Montmorency, villa Molitor. Peu à peu la terminologie évolue. La dénomination villa s’applique désormais à des impasses bordées de maisons mitoyennes.










Les réalisations majestueuses de l’époque haussmannienne voient le jour avec le percement des grandes artères avenue Mozart, boulevard Exelmans, rue d’Auteuil, rue Chardon-Lagache, quai Louis Blériot. Des hôtels particuliers d’envergure et des immeubles élégants fleurissent le long de ces amples avenues. A partir de 1880, le quartier d’Auteuil voit se développer dans un style éclectique des hôtels particuliers moins ambitieux construits sur des plans en série mais qui se différencient néanmoins par des façades établies selon les goûts des propriétaires.

Les trois grandes vagues de transformation successives, durant les années 1900, 1920 puis 1960, bouleversent profondément le tissu urbain d’Auteuil. Les promoteurs, appâtés par le gain dès les années 1960, jouent allègrement du bulldozer pour remplacer les hôtels particuliers et de nombreuses maisons plus modestes mais délicieuses, par des immeubles modernes, des résidences dites de standing mais sans aucun charme. Ces constructions de béton remplacent les folies du XVIIème et du XVIIIème siècle, les résidences élégantes du XIXème. Elles participent de la décomposition d’une certaine atmosphère dont les reliquats réjouissent encore les promeneurs quand ils y ont accès. Le patrimoine architectural réduit à peau de chagrin n’en demeure pas moins significatif. Les œuvres d’Hector Guimard et Robert Mallet-Stevens illustrent brillamment l’évolution du bâti entre la fin du XIXème siècle et la Seconde Guerre Mondiale.

Hameau Michel-Ange
Accès 21/25 rue Parent-de-Rosan - Paris 16



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Editions Rivages
Le guide du promeneur 16è arrondissement - Marie-Laure Crosnier-Leconte - Parigramme