Au 4 rue du Buis, à Auteuil, dans le XVIème arrondissement, une plaque, hommage à Olympe de Gouges (1748-1793), a été posée à l'occasion du bicentenaire de la Révolution en 1989. Pionnière du féminisme en France, auteure de la "Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne" (1791), cette militante rencontre de son vivant l'opposition de nombreux détracteurs qui lui reprochent d'être femme et engagée. À tel point que son œuvre est longtemps passée sous silence pour n'être redécouverte qu'au cours du XXème siècle. Ses écrits, pamphlets, essais, pièces de théâtre préfigurent la pensée féministe, réclament l'égalité femmes hommes, dénoncent l'esclavage.
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Paris : Demeure d'Olympe de Gouges à Auteuil, au 4 rue du Buis - XVIème
By La Rédaction At mai 22, 2025 0
Mariée et mère à dix-sept ans, veuve à dix-huit, Olympe de Gouges, née Marie Gouze à Montauban, s'installe à Paris au début des années 1770. Elle y embrasse les idées philosophiques qui préfigurent les courants révolutionnaires. À Auteuil, commune champêtre à l'Ouest de Paris, elle réside, avant 1789, au 4 rue du Buis dans un ancien hôtel particulier du XVIIIème siècle divisé en appartements plus modeste. Olympe de Gouges, désormais dramaturge, fréquente les salons littéraires et les cercles politiques de la Capitale. Entre 1774 et 1793, on lui connait une dizaine d'adresses parisiennes. En 1784, elle emménage rue de Condé à proximité du Théâtre-Français, actuel Théâtre de l’Odéon. La Comédie française programme le 28 décembre 1789 de "Zamore et Mirza ou l'esclavage des Noirs" pièce antiesclavagiste écrite en 1785. Cinq jours plus tard, sous la pression des représentants des intérêts des colons, le drame est retiré de l'affiche.
À la suite de l'adoption le 26 août 1789, de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen par l'Assemblée constituante, Olympe de Gouges publie "Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne", le 14 septembre 1791. Ce projet de texte législatif prend la forme d'un plaidoyer en faveur de l'accès à la citoyenneté des femmes, l'égalité légale, politique et sociale entre les sexes. Le premier article en traduit la teneur : "La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits". Rédigé dans le contexte d'une réflexion sur l'extension du droit de suffrage en faveur des femmes, le manifeste ne rencontre que sarcasme et indifférence de la part des députés. Il ne sera jamais présenté à l'Assemblée constituante, la cause des femmes demeurant suspendue aux préjugés masculins.
Olympe de Gouges déménage une nouvelle fois à l'été 1792. Elle s'installe au 270 rue Saint-Honoré dans le Ier arrondissement, aux abords de l’Assemblée constituante. Dès le début de 1793, la Convention cherche à légaliser et institutionnaliser un régime d'exception, "mise à l'ordre du jour de la terreur", tandis que des mouvements insurrectionnels revendiquent l'élimination physique et radicale des contre-révolutionnaires.
Olympe de Gouges fait entendre son opposition aux Montagnards de Robespierre ainsi qu'aux méthodes violentes de la Terreur, notamment à la peine de mort et l'exécution de Louis XVI qui a eu lieu le 21 janvier 1793. Elle soutient les Girondins déchus dont les députés ont été arrêtés au printemps 1793. Au lendemain de la publication, par voie d'affiches, de son texte "Les Trois Urnes", Olympe de Gouges est arrêtée, par la police d'État, le 20 juillet 1793. Au secret à la prison de l’Hôtel de Ville, elle est condamnée pour ses écrits puis transférée en novembre à la Conciergerie.
Le 3 novembre 1793, Olympe de Gouges est guillotinée place de la Révolution, actuelle place de la Concorde, elle qui écrivait dans sa Déclaration de 1791 : "Une femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune."
Son œuvre et ses combats sombrent dans l'oubli. Il faut attendre 1840 pour que des extraits de la "Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne" ne soient à nouveau publiés. Les femmes obtiennent le droit de vote en France le 21 avril 1944. Benoîte Groult (1920-2016) journaliste, romancière, militante féministe, s'engage afin que le manifeste soit publié dans son intégralité en 1986.
Postérité retrouvée, la Ville de Paris rend hommage à Olympe de Gouges en donnant son nom à une place du Marais, non loin de la place de la République. La place Olympe-de-Gouges est inaugurée le 6 mars 2004.
Demeure d'Olympe de Gouges
4 rue du Buis - Paris 16
Métro Église d'Auteuil ligne 10 / Michel-Ange Auteuil ligne 9
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Le guide du promeneur 16è arrondissement - Marie-Laure Crosnier Leconte - Éditions Parigramme
Ainsi soit Olympe de Gouges : la Déclaration des droits de la femme et autres textes politiques - Benoîte Groult - Éditions Grasset
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