Paris : 10 jardins secrets parisiens, 10 espaces verts confidentiels loin de la foule

 

Le goût des Parisiens pour les jardins se manifeste dès le premier rayon de soleil. En quête de chlorophylle, les plus avertis évitent les espaces verts iconiques victimes de leur succès, les Tuileries, la place des Vosgesle Palais Royalle Parc Monceau... Eviter la foule des beaux jours devient un véritable sport de connaisseurs. Paris regorge de pépites méconnues, bonnes surprises entraperçues au détour d’une ruelles, lieux intimistes, enclaves champêtres. Les riverains des quartiers les plus verts préservent leurs secrets d’habitués et gardent bien les adresses de ces lieux confidentiels à l’abri des regards et de l’agitation. Une pause bucolique hors des sentiers battus, cela se mérite. Ces jardins secrets, oasis méconnues, se devinent à peine, dissimulées derrière des immeubles, accessibles par des entrées discrètes. Passer sous un porche, emprunter un souterrain, pousser une porte, et le paradis se révèle dans le chant des oiseaux et le parfum des roses. Le quartier du Marais cache de nombreux trésors, anciens jardins des hôtels particuliers devenus espaces verts de la Ville. L’histoire s’invite sur les berges de Seine. Montmartre se rappelle sa nature champêtre. La Porte des Lilas réinvente sa contemporanéité. Destinations de promenade, ces lieux loin du tumulte de la ville sont propices au repos, au partage à la convivialité. Ils invitent à se ressourcer, pique-niquer en famille, initier des jeux entre amis. Instants suspendus, quiétude heureuse. Plates-bandes sages ou parterres exubérants, carrés de pelouses soigneusement entretenus, treillages lourds de fleurs, buis taillés, foisonnement à l’anglaise, potagers, ces 10 jardins secrets vont vous séduire par leur charme authentique.




Accès par le Pont Neuf - Paris 1
Métro Pont Neuf, ligne 7
Horaires d'ouverture au public selon la saison

Le square du Vert Galant, baptisé en hommage au roi Henri IV, est aujourd'hui une promenade romantique prisée. Sa situation exceptionnelle au cœur de Paris ravit les flâneurs. Les deux bras de Seine qui enserrent l'île de la Cité se rejoignent à la pointe du jardin. En face, le pont des Arts, à droite une le Louvre, à gauche la Monnaie de Paris et le dôme de l'Institut quai de Conti. Accessible par un escalier qui marque la jonction des deux parties du Pont Neuf, plus vieux pont de Paris inauguré en 1607, le square du Vert Galant est placé sous le signe de la séduction. Son nom, curieuse appellation, renvoie au surnom d'Henri IV, séducteur invétéré. L'expression désigne un homme entreprenant auprès des femmes malgré son âge. Et il fallait bien de l'ardeur au souverain pour contenter ses soixante-treize maîtresses officielles. 




12 rue Cortot - Paris 18
Métro Lamarck Calaincourt, ligne 12
Tél : 01 49 25 89 39
Horaires : Ouvert tous les jours de 10h à 19h - Dernière entrée 45 minutes avant la fermeture

Le Musée de Montmartre est perché tout en haut de la Butte, accroché à la pente naturelle qui dévale vers Paris. La plus ancienne maison de Montmartre, située au 12 rue Cortot, longtemps ateliers d’artistes, abrite depuis 1961 un musée en hommage à son héritage culturel unique. Ce lieu mythique de la vie artistique a été entièrement rénové de 2011 à 2014 dans l’esprit de la Butte. L’atelier de Suzanne Valadon reconstitué évoque puissamment cette bohème particulière. Les jardins du musée ont été baptisés en hommage à Auguste Renoir, célèbre résident de 1875 à 1877. En ces murs, il peint des chefs-d’œuvre « le Bal du moulin de la Galette », « la Balançoire » ou « le Jardin de la rue Cortot ». Déployé en différents espaces, chaque parcelle des jardins Renoir a été repensée en s’inspirant des tableaux du XIXème siècle. A la jolie enclave ornée de treilles, succède l’oasis à la balancelle, ponctuée d’une mare. Un jardin cavale le long de la pente derrière les maisons pour offrir une vue exceptionnelle sur les vignes de Montmartre jusqu’à la plaine au nord de Paris. 





14 impasse Berthaud - Accès entre les 22 et 24 rue Beaubourg - Paris 3
Métro Rambuteau, ligne 11

Au fond de l'impasse Berthaud, incise de pierre blonde entre les 22 et 24 rue Beaubourg, un jardin secret forme un îlot fleuri au cœur du Marais historique. Recrée par la Mairie de Paris à l'occasion de la réhabilitation de l'hôtel de Saint-Aignan en Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, le jardin Anne Frank honore la mémoire de la jeune fille juive victime de la barbarie nazie, auteur du célèbre journal publié en 1947. Inauguré en 2007, cet espace vert méconnu de 4 000 m2 se divise en trois parcelles distinctes qui ont en commun cette quiétude hors du temps des lieux secrets parisiens.





Accès par l'hôtel de Soubise : 60 rue des Francs-Bourgeois ou 58 rue des Archives - Paris 3 - Par le Caran, salle de lecture : 11 et 7 rue des Quatre-Fils - Paris 3
Horaires : De 8h à 19h printemps-été (dernier dimanche du mois de mars au dernier dimanche du mois d'octobre) - De 8h à 17 h automne-hiver (dernier dimanche du mois d'octobre au dernier dimanche du mois de mars)
Métro Rambuteau, ligne 11

Les jardins des Archives Nationales se nichent au cœur d’anciens jardins attenant aux plus prestigieux hôtels particuliers du Marais. La quiétude de ce décor historique fait presque oublier le ronronnement de la ville. Le temps d’une pause enchantée, ce site patrimonial exceptionnel est accessible par l’hôtel de Soubise rue des Francs-Bourgeois d’un côté ou par la rue des Quatre-Fils et l’hôtel de Rohan de l’autre. Enfilade de cours et de jardins, l’espace vert de 8000m2 repensé par le paysagiste Louis Benech, a rouvert après restauration. Il se compose de quatre parcelles très différentes du strict jardin à la française classique du XVIIIème siècle, au verger apprivoisé jusqu’au romantique parc miniature façon jardin de ville du XIXème.





Accès 9 rue du Grand Veneur, accessible depuis le via passage débutant 7 rue des Arquebusiers, rue de Hesse accessible via le 12 rue Villehardouin - Paris 3
Horaires : Du 30 avril 2018 au 31 août 2018 : du lundi au vendredi de 8h à 20h30, samedi et dimanche de 9h à 20h30 - Du 01 septembre 2018 au 30 septembre 2018 : du lundi au vendredi de 8h à 19h30, samedi et dimanche de 9h à 19h30

Le Square Saint Gilles Grand Veneur Pauline Roland, créé en 1988, est un petit jardin à la française de 987m2. Planté d’érables qui flamboient en automne, c'est à la belle saison qu'il déploie tous ses charmes. La roseraie y offre le plus beau des spectacles au printemps. Treillages et bosquets odorants s’expriment alors dans l’abondante floraison de nombreuses variétés de roses dont la Pierre de Ronsard et la Catherine Deneuve. Cette nature luxuriante en plein cœur de la ville, à l’abri du chahut de la rue, offre un écrin divin pour les pique-niques en famille ou les instants romantiques. Bien caché, ce joli secret du Marais est peu fréquenté. Bancs de pierre blonde engageants, avenants carrés de pelouse, la quiétude de ce jardin labellisé espace vert écologique se trouve à peine troublée par le chant des oiseaux. Seuls les initiés et les habitants du quartier semblent connaître en connaître le chemin.




Accès 35-37 rue des Francs-Bourgeois ou 10 rue des Rosiers - Paris 4
Métro Saint Paul, ligne 1
Horaires : Ouvert tous les jours, à partir de 8h en semaine et 9h le week-end. Fermeture à 17h15 en hiver, 18h à la fin de l’hiver et à 19h en printemps-été.

Le jardin des Rosiers Joseph Migneret, créé en 2007, achevé en 2014, est un havre de paix verdoyant à l'abri des regards. Aménagée en retrait de la rumeur urbaine, cette oasis de verdure au cœur du Marais est née de la réunion des jardins privés de trois beaux hôtels particuliers typiques du quartier datant du XVIIème siècle, les hôtels de Coulanges, Barbes et d'Albret. Appelé jardin Francs-Bourgeois-Rosiers à l'ouverture de la première parcelle en 2007, il a été renommé en 2014 jardin des Rosiers Joseph Migneret en l'honneur du directeur de 1920 à 1944 de l'école communale voisine 8-10 rue des Hospitalières Saint Gervais, résistant actif pendant la Seconde Guerre Mondiale, Juste parmi les nations qui sauva des enfants juifs de la déportation. Visite depuis l'entrée de la rue des Rosiers.





Accès par le jardin de l’Ecole de botanique - 47 rue Cuvier - Paris 5
Métro Gare d’Austerlitz ligne 5, 10 ou Jussieu lignes 7, 10
Ouvert tous les jours, accès gratuit
Visites guidées les 1er et 3ème jeudis de chaque mois

Le Jardin Alpin du Muséum d’histoire naturelle est une délicieuse enclave aussi verdoyante que méconnue dont la situation singulière ajoute à la discrétion. Aménagé dans une cuvette, en contrebas de la Ménagerie et de l’allée Cuvier, il n’est accessible que par un souterrain ouvrant sur le jardin de l’Ecole de botanique. Cette petite vallée à gradins se trouve à trois mètres sous le niveau du Jardin des Plantes. Les collections de plantes sont ainsi protégées du vent et des intempéries, gel ou canicule, tandis qu’est préservée la fraîcheur nécessaire à la flore de montagne d’origines variées, ou l’hydrométrie adéquate pour les végétaux méditerranéens. Le relief accidenté des terrasses artificielles a été pensé afin de pouvoir présenter des végétaux de zones montagneuses, de basse, moyenne et haute altitude. Les botanistes se sont ingéniés à récréer des environnements, trente-deux rocailles différenciées selon les origines géographiques et les milieux géologiques restitués. En se promenant dans ses allées, le flâneur voyage au bout du monde, du massif des Cévennes aux Alpes, du Caucase aux Balkans, de la Corse à l'Atlas, en Asie au Japon ou en Chine, des Pyrénées à l’Himalaya jusqu’en Amérique du Nord. 





Avenue Winston Churchill - Paris 8
Métro Champs Elysées Clemenceau, ligne 1, 13
Tél : 01 53 43 40 00
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h (fermeture des caisses à 17h00 et fermeture des salles à partir de 17h45)
Fermé le lundi et certains jours fériés - Le café du musée ferme ses portes à 17h00

Edifié à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900, le Petit Palais est l'oeuvre de Charles Girault (1831-1932). Très influencé par l'Italie, l’architecte y développe une forme de classicisme inspirée du baroque. Portail plein cintre et dôme comme en écho aux Invalides tout proches, sa ressemblance avec l'Opéra de Saigon au Vietnam, construit à la même époque est assez frappante. Le Petit Palais s'ordonne en quatre corps de bâtiment autour d'un jardin semi-circulaire entouré d'un élégant péristyle. Pierre, marbre, béton, brique alliée à la fonte, plafonds peints, sols en mosaïque de marbre, ferronnerie d'art exceptionnelle, le musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris se pare de tous les apparats d'un décor précieux réalisé entre 1903 et 1925 dans le style Beaux-Arts. Le cœur de ce cadre idyllique, exubérant jardin exotique, est accessible, ainsi que les collections permanentes, gratuitement.





Accès 11 boulevard de la Bastille - 53 boulevard de la Bastille - Paris 12
Métro Bastille, lignes 1, 5, 8

Le jardin du Port de l’Arsenal, discret espace vert accessible en contrebas de la place de la Bastille s’étend jusqu’au pont Morland. Etabli le long d’un charmant port de plaisance, hors du chaos de la ville, il s’étend, préservé des crues de la Seine par les écluses, sur le quai est de l’Arsenal sur environ un hectare. Conçu par l’architecte paysagiste Serge Eyzat et l’architecte Philippe Mathieux, il se déploie en un système de terrasses comme dans le Sud de la France le long d’une promenade plantée d’arbres, érables, arbres à soie et saules. L’alternance d’espaces ensoleillés et ombragés bordant la rive en font un lieu privilégié de flânerie très apprécié des Parisiens. Un amphithéâtre végétal, abondance de lavandes et de céanothes bleues, mène jusqu’à la pergola sur laquelle chèvrefeuilles et bignones prospèrent. Au bout des arceaux envahis de roses grimpantes, une Diane de bronze signée Henry Arnold (1879-1945) dévoile ses attraits. Sur la jetée, un café-restaurant dont l’architecture est inspirée des serres du XIXème siècle, rêve des villégiatures de bord de mer avec transats rayés de bleu et parasols idoines.  





Place du Maquis du Vercors - Paris 19
Métro Porte des Lilas, lignes 3bis, 11

Le jardin Serge Gainsbourg, inauguré le 8 juillet 2010 porte des Lilas, interpelle par sa situation singulière en surplomb du boulevard périphérique. Symbole de reconquête d'un territoire hybride laissé à l'abandon, une zone écartelée entre banlieue et Paris devenue un lien dans la ligne droite du projet Grand Paris, le nouveau quartier à cheval entre les Lilas et le XIXème arrondissement est aujourd'hui des plus plaisants. En 2005, afin de réduire le bruit et la pollution, améliorer le cadre de vie des riverains, la Ville de Paris fait recouvrir la zone par quatre dalles de béton suspendues au-dessus du périphérique. Trois espaces publics sont créés sur ce vaste terre-plein. Au Sud, l'esplanade surélevée accueille les chapiteaux des cirques itinérants. Dans son prolongement, une aire de dépose des bus s'abrite sous un grand auvent blanc.  Au nord le jardin Serge Gainsbourg, hommage à l'auteur du Poinçonneur des Lilas, disparu en 1991, déploie son doux vallonnement sur 1,4 hectares. Pour cet environnement particulier, les paysagistes ont pris le parti d'une palette botanique sauvage dans l'esprit d'une lande d'Ile de France, avec des végétaux endémiques de la région. Géré de façon écologique, le jardin s'est vu attribuer le label national Ecojardin.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.