Paris : Jardin Alpin du Muséum national d'Histoire naturelle, l'atout charme du Jardin des Plantes - Vème



Le Jardin Alpin du Muséum d’histoire naturelle est une délicieuse enclave aussi verdoyante que méconnue dont la situation singulière ajoute à la discrétion. Aménagé dans une cuvette, en contrebas de la Ménagerie et de l’allée Cuvier, il n’est accessible que par un souterrain ouvrant sur le jardin de l’Ecole de botanique. Cette petite vallée à gradins se trouve à trois mètres sous le niveau du Jardin des Plantes. Les collections de plantes sont ainsi protégées du vent et des intempéries, gel ou canicule, tandis qu’est préservée la fraîcheur nécessaire à la flore de montagne d’origines variées, ou l’hydrométrie adéquate pour les végétaux méditerranéens. Le relief accidenté des terrasses artificielles a été pensé afin de pouvoir présenter des végétaux de zones montagneuses, de basse, moyenne et haute altitude. Les botanistes se sont ingéniés à récréer des environnements, trente-deux rocailles différenciées selon les origines géographiques et les milieux géologiques restitués. Les microclimats naturellement établis selon l’orientation adret (exposition au sud) ou ubac (au nord), permettent d’obtenir dans un espace restreint des amplitudes thermiques importantes auxquelles les scientifiques ont attribué des écosystèmes particuliers. Entre 2000 et 3000 végétaux de variétés différentes s’épanouissent au Jardin Alpin. En se promenant dans ses allées, le flâneur voyage au bout du monde, du massif des Cévennes aux Alpes, du Caucase aux Balkans, de la Corse à l'Atlas, en Asie au Japon ou en Chine, des Pyrénées à l’Himalaya jusqu’en Amérique du Nord. 









 


Fondé en 1635 par Louis XIII et son médecin Guy de La Brosse, le Jardin Royal des Plantes médicinales devenu Muséum national d’Histoire naturelle en 1793 avec Bernardin de Saint Pierre, a depuis sa création permis aux naturalistes de rassembler d’impressionnantes collections de plantes. En 1739, sous l’impulsion de Buffon, la première collection de plantes méditerranéennes et probablement de montagne est initiée sur les pentes de la colline qui mène au Labyrinthe dont le sol calcaire et l’ensoleillement sont propices.

Les premiers jardins alpins, apparaissent en Europe au milieu du XIXème siècle. Ils se développent tout d’abord dans leur milieu naturel en altitude, dans les massifs montagneux avant, au XXème siècle, d’être développés en plaine. En France, cette pratique botanique prend le nom de jardin alpin car les collections de plantes sont constituées majoritairement à partir des végétaux issus du massif des Alpes.











Le Jardin Alpin du Jardin des Plantes nait au début des années 1930 à l’initiative d’André Guillaumin (1885-1976), botaniste assistant de la chaire de Culture du Muséum, avec la collaboration de Camille Guinet et Mariska Heklova. Ces naturalistes aménagent l’ancien carré des souches, qui fut au XVIIIème siècle une orangerie vétuste démolie depuis et remplacée par un lieu d’expérimentation, laboratoire botanique et réserve de semis, de graines. 

La forme particulière en cuvette, la situation d’ensoleillement variable permet aux scientifiques de reproduire les conditions favorables à l’acclimatation des plantes de différentes altitudes. En adaptant la nature des sols aux besoins des végétaux, ils reconstituent un environnement propice. Les plantes sont alors regroupées par origines bio-géographiques et affinités écologiques.  











Deux aménagements plus tardifs vont être mis en place. Durant la Seconde Guerre Mondiale, le secteur dédié aux Alpes calcaires est conçu afin d’accueillir des végétaux appartenant à l’étage subalpin jusqu’à 1600 mètres. En 1959 à la place de l’ancienne fosse aux ours de la Ménagerie, un ruisseau artificiel voit le jour ainsi qu’un bassin au nymphéa qui favorisent le développement d’un écosystème d’eau douce.

Depuis 1989, la parcelle de 4000m2 est placée sous la responsabilité de Michel Flandrin. Les échanges de graines et de plants avec les botanistes du monde entier permettent de soutenir ce réservoir de biodiversité. Le Jardin Alpin est classé au titre des monuments historiques le 24 mars 1993. 







Un certain nombre d’arbres remarquables et historiques prolongent la renommée de ce jardin. Le pistachier d’Orient planté par Sébastien Vaillant vers 1710, a permis au botaniste de mettre en évidence la sexualité des plantes et plus particulièrement la fécondation florale. Originaire de la région du Sichuan en Chine, le Metasequoia planté en 1947 est d’une beauté spectaculaire.

Les collections du Jardin Alpin font l’objet d’un référencement rigoureux, d’un étiquetage soigneux. Signe de la modernité, les anciennes étiquettes en zinc gravées sont peu à peu remplacées par des modèles en plastique, plus lisibles, plus résistantes, moins poétiques....

Jardin Alpin au Jardin des Plantes
Accès par le jardin de l’Ecole de botanique
47 rue Cuvier - Paris 5
Ouvert tous les jours, accès gratuit
Visites guidées les 1er et 3ème jeudis de chaque mois



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Le guide du promeneur 5è arrondissement - Bertrand Dreyfuss - Parigramme
Grammaire des jardins parisiens - Dominique Jarrassé - Parigramme

Sites référents