Le square du Vert Galant, placé sous les auspices de la bagatelle, est aujourd'hui une promenade romantique prisée. Sa situation exceptionnelle au cœur de Paris ravit les flâneurs. Comme une proue fendant les flots, à la pointe du jardin se rejoignent les deux bras de Seine qui enserrent l'île de la Cité. Tout devant, le pont des Arts, à droite une perspective superbe sur le Louvre, à gauche la Monnaie de Paris et le dôme de l'Institut quai de Conti. Ce lieu historique ne manque pas d'atouts charme. A la jonction des deux parties du Pont Neuf, plus vieux pont de Paris inauguré en 1607, la majestueuse statue équestre en bronze de Henri IV pointe vers la place Dauphine. L'originale commandée par Marie de Médicis en 1614 fut détruite sous la Révolution en 1792. Celle-ci réalisée par le sculpteur François-Frédéric Lemot sur ordre de Louis XVIII date de 1818. Le bon roi Henri tourne le dos à l'une des pépites parisiennes prisée des touristes et des Parisiens eux-mêmes, le square du Vert Galant. Cette curieuse appellation pour un jardin public renvoie au surnom d'Henri IV dont la passion pour la gent féminine était légendaire. L'expression désigne un homme entreprenant auprès des femmes malgré son âge. Et il fallait bien de l'ardeur au souverain pour contenter ses soixante-treize maîtresses officielles. Vert Galant !
Au début de la deuxième moitié du XVIème siècle, l'île de la Cité, berceau de Paris, se termine à l'ouest par le Jardin du Roi. Trois îlots sont rattachés à l'île de la Cité afin d'aider à l'édification du Pont Neuf décidée en 1578 par Henri III. En passant par la pointe aval de la Cité, le pont doit relier les deux rives, accessibles jusque là uniquement par le bac. Il s'agit du premier pont sans maisons et avec trottoirs de Paris, construit sous la direction des architectes Pierre des Illes et Baptiste Androuet du Cerceau. Le bras d'eau qui existe entre les jardins du Palais et le futur Pont Neuf est comblé. Sur ce terrain sera édifiée la place Dauphine de 1580 à 1611.
Au nord, se trouve l'îlot de la Gourdaine ou île à la Gourdaine - la gourdaine est un bac ou un bachot ou encore île du Patriarche. Selon le géographe et cartographe de Louis XIV, Hubert Jaillot, la dénomination exacte de ce confetti insulaire aurait été l'île aux Bureaux, propriété de sire Hughes Bureau depuis 1462. Un moulin à eau y alimente l'atelier des monnaies royales. Au sud, l'îlot du Passeur aux Vaches ou île aux Bœufs. A l'ouest, l'îlot aux Juifs correspond à l'actuel square du Vert Galant sur lequel sont menées des exécutions capitales. C'est ici que Philippe le Bel envoie au bûcher les Grands Maîtres de l'Ordre des Templiers, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay, brûlés vifs le 11 ou le 18 mars 1314. Bûcher que certains historiens situent plutôt au 26 de l'actuelle place Dauphine.
Le massacre de la Saint Barthélémy le 24 août 1572 a déclenché des guerres de religions sanglantes. La première pierre du Pont Neuf est posée en 1578. Mais le désordre politique et le soulèvement de la ville de Paris mené par les catholiques contre Henri de Navarre, désigné comme successeur du roi après le décès sans héritier direct de Henri III, font suspendre les travaux en 1588. Henri IV couronné en 1589, l'Edit de Nantes est promulgué en avril 1598 et met fin aux guerres de religion qui ravagent le royaume. Le chantier reprend en 1599 et le Pont Neuf est inauguré en 1607.
Au bout de celui-ci, se trouve la pompe de la Samaritaine. Construite en 1602 par l'ingénieur Lintlaër, elle alimente en eau le Louvre et les Tuileries mais également la population. Henri IV confie au président du Parlement de Paris, Achille de Harlay, la tâche d'édifier un espace commercial autour de la future place Dauphine. La pointe de l'île où se trouve notre actuel square du Vert Galant lui est offert par le roi.
En 1765, la Société des Trois Bains établit à cet emplacement le premier bain public à Paris. L'établissement remporte un franc succès et compte jusqu'à deux cents baignoires. La mode hygiéniste est lancée. Vers 1836, un premier jardin voit le jour sorte de promenade plantée et en 1865, un café-concert façon guinguette y prend ses quartiers. Pas pour très longtemps. Il est détruit en 1879 par une crue de la Seine. Le square du Vert Galant est situé aujourd'hui 7 mètres plus bas que le reste de l'île de la Cité, ce qui correspond au niveau originel de l'île. Ce faible surplomb en fait une zone fortement inondable lors des crues, il n'est pas rare que cette pointe soit souvent entièrement submergée comme ce fut le cas lors de la crue de juin 2016.
Racheté par la Ville de Paris pour un franc symbolique en 1884, le terrain devient jardin public et prend son nom actuel de square du Vert-Galant. A l'occasion de l'exposition universelle de Montréal en 1967, le Québec offre une pierre en provenance de l'île de Saint Hélène sur le fleuve Saint Laurent en signe d'amitié entre les deux pays. En 2007, ce jardin reçoit le label espaces verts écologiques décerné par ECOCERT. Les critères de cette distinction, gage de qualité pour les visiteurs, sont multiples. Les produits chimiques herbicides, phytosanitaires, engrais de synthèse sont bannis. La gestion de l'espace doit suivre une politique d’économie de l’eau avec la connaissance de la consommation et la mise en place d’un plan de réduction.
Une attention particulière est portée au sol considéré comme un milieu vivant et non un simple support, attention se manifestant par le paillage, l'apport de matière organique et un suivi régulier. Des actions doivent être menées en faveur de la biodiversité et le maintien de végétaux spontanés. Le square du Vert Galant prend un visage différent à chaque saison grâce à sa flore abondante entretenue avec soin par la Ville.
Les arbres y sont nombreux et d'essences variées : marronniers, ifs, prunus pissardii, noyers noirs, érables negundo, pommiers à fleurs, saules pleureurs, oliviers de Bohème, sophora panaché, catalpa, robiniers, ginkgo biloba, buisson ardent, arbres à perruque. La faune y trouve un environnement favorable. Les cygnes et les multiples espèces de canards y croisent poules d'eau, goélands et mouettes.
Square du Vert Galant - Paris 1
Accès par le Pont Neuf
Horaires d'ouverture au public selon la saison
De l'horaire d'hiver à la fin février (Hiver)
- Ouverture: 8h (semaine) / 9h (week-end et jours fériés)
- Fermeture: 17h
Du 1er mars à l'horaire d'été (Hiver)
- Ouverture: 8h (semaine) / 9h (week-end et jours fériés)
- Fermeture: 18h
De l'horaire d'été au 30 avril (Printemps)
- Ouverture: 8h (semaine) / 9h (week-end et jours fériés)
- Fermeture: 19h30
Du 1er Mai au 31 août (Eté)
- Ouverture: 8h (semaine) / 9h (week-end et jours fériés)
- Fermeture: 20h30
Du 1er au 30 septembre (Eté)
- Ouverture: 8h (semaine) / 9h (week-end et jours fériés)
- Fermeture: 19h30
Du 1er octobre à l'horaire d'hiver (Automne)
- Ouverture: 8h (semaine) / 9h (week-end et jours fériés)
- Fermeture: 18h30
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie :
Le guide du patrimoine Paris - Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur 1er arrondissement - Philippe Godoÿ - Parigramme
Grammaire des jardins parisiens - Dominique Jarasse - Parigramme
Enigmes, légendes et mystères du Vieux Paris - Patrick Hemmler - Editions Jean-Paul Gisserot
Enigmes, légendes et mystères du Vieux Paris - Patrick Hemmler - Editions Jean-Paul Gisserot
Sites référents
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