Ailleurs : Temple de la Madeleine, l'un des plus anciens lieux de culte de Genève - Suisse

 


Le Temple de la Madeleine au coeur de la ville historique, l'un des plus anciens lieux de culte de Genève en Suisse, se distingue par la sobriété de son décor, la simplicité de ses lignes. Édifié à partir d'une chapelle originelle du Vème siècle, l'ouvrage emprunte une forme romane puis gothique au gré des extensions et des reconstructions. Parmi les éléments remarquables, se trouvent la nef voûtée de croisées d'ogives à clef, les piliers massifs à chapiteaux de feuillage et les vitraux contemporains. Dans le clocher à base romane, la plus ancienne cloche de Genève, Le Grillet, fondue en 1420 par Hulricus, lourde de 250kg, sonne chaque jour. L'église dispose de deux autres cloches anciennes, la Marie-Madeleine fondue en 1486, 950kg, le Saint Christophe, cloche de 400kg réalisée par le fondeur G. Fribor en 1470. Haut lieu de prêche de la Réforme, où interviennent Guillaume Farel et Jean Calvin, l'église devient temple protestant au XVIème siècle. Depuis 1926, le Temple de la Madeleine, propriété de l’Église Protestante de Genève, est à la disposition de la Paroisse protestante suisse-allemande de Genève. De nombreux concerts s'y tiennent tout au long de l'année.








L'église originelle consacrée à Sainte Marie Madeleine est établie à l'emplacement d'un ancien sanctuaire romain dédié à Maïa, divinité primitive du printemps et de la fertilité, du IIème siècle. Trois édifices se succèdent sur un cimetière daté du Vème siècle, longtemps préservé dans les sous-sols. Les archives attestent de la présence sur le site en 1100, d'une église de style roman, dépendante du monastère de Saint Oyen de Joux, composée d'une chapelle et d'une abside. Il s'agit alors de l'une des plus riches paroisses médiévales de la ville de Genève. Le lieu de culte dispose d'un mobilier opulent, de décors peints et de tableaux qui disparaissent en partie dans les flammes et totalement à la suite de la Réforme au XVIème siècle. 

Des incendies ravagent l'église Sainte Marie Madeleine de Genève en 1334 puis en 1430. Les registres mentionnent une reconstruction en 1388. Le marchand Jacques de Roll finance le chantier du choeur et des voûtes de la nef, mené de 1443 à 1445. Ses armes figurent sur chacune des arêtes. Guillaume Farel (1439-1565), pionnier du mouvement de la réforme protestante, prêche pour la première fois au sein de l'église le 22 juillet 1535. Le lieu de culte devient Temple de la Madeleine et accueille Jean Calvin (1509-1564), Michel Servet (1511-1553), figures majeures de la Réforme adoptée en 1536 en Suisse romande. 








Une première campagne de restauration intervient en 1731. Elle confère à l'édifice une esthétique préservée jusqu'au XIXème siècle. En 1846, une nouvelle restauration modifie le temple pour lui donner un aspect néogothique, inspiré des travaux de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. Un fronton s'ajoute en façade ainsi qu'une horloge. 

L'élargissement de la rue Toutes-Âmes, en 1882, fait disparaître une grande partie de la chapelle dite de la "Mule", d'après le blason de la famille Destri, ancienne famille genevoise, anoblie en 1437 par le duc Amédée VIII de Savoie qui portait un "destrier" comme arme parlante. 

En 1914, le Consistoire, pouvoir législatif de l'Église nationale de Genève depuis la séparation de l'Église et de l'État en 1906, confie un nouveau chantier à l'architecte Camille Martin. Il s'attache à "dérestaurer" le bâtiment, lui rendre un aspect plus conforme à sa structure originelle. Les additions et autres restitutions hasardeuses sont supprimées. Le décor néogothique en façade disparait notamment le fronton. L'horloge, classée, est déplacée sur la face Sud de la tour du clocher. 

En 1927 et 1930, le peintre Alexandre Mairet (1880-1947) réalise les cartons des vitraux installés dans le choeur ainsi que la rosace, le Baptême du Christ par saint Jean-Baptiste, la Descente du Saint Esprit sur les Apôtres, la Conversion de l'apôtre saint Jean sur le chemin de Damas. 








Une dernière restauration entre 1968 et 1975 met à jour une peinture gothique du XVème siècle, sur les deux faces d'un pilier devant l'accès muré de l'ancienne chapelle de la Mule. Le tableau d'autel représente deux religieux, des donateurs, en adoration devant la Vierge à l'Enfant et une Annonciation.  

Au milieu des années 1980, José Venturelli (1924-1988), peintre, muraliste chilien, peint les cartons de sept nouveaux vitraux sur le thème des droits humains. Réalisés dans les ateliers Chiara, maîtres-verriers à Lausanne, trois sont installés en 1986, puis quatre en deux campagnes successives en 1991 et 1993. Le clocher fait l'objet de chantiers spécifiques en 1998 puis 2008.  

Temple de la Madeleine de Genève
Rue de la Madeleine 15 - 1204 Genève - Suisse
Horaires : Fermé lundi et dimanche - Du mardi au samedi 12h à 17h




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.