Ailleurs : Salle de bal du Château de Fontainebleau, dite aussi galerie Henri II, chef-d'oeuvre du maniérisme, opulence de la Renaissance française


La salle de Bal du château de Fontainebleau, parfois désignée sous le nom de galerie Henri II, est considérée comme un chef-d’œuvre du maniérisme, fleuron la Renaissance française. Entre la cour ovale et les jardins, la pièce a bénéficié d'un programme décoratif unique, à tel point, que Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) la qualifiait de "Vatican français". Dans le cadre des travaux de transformation du château de Fontainebleau, François Ier (1494-1547), amateur de bals masqués envisage la création d'une salle d'apparat dédiée aux réceptions. Il confie à l'architecte Philippe Delorme (1514-1570) l'aménagement d'une ancienne loggia, conçue précédemment par Gilles Le Breton. La présence de grandes baies en plein cintre et consoles ancien soutien d'une voûte en berceau sur doubleaux témoigne de cette configuration antérieure. Un document relatif à la charpenterie, daté du 13 juillet 1548, lance le couvrement de l'espace. Le chantier s'achèvera sous le règne d'Henri II (1519-1559). 








La salle de Bal du Château de Fontainebleau se distingue par l'opulence de son décor. Lors de sa conception au XVIème siècle, Philippe Delorme dessine la cheminée monumentale sur laquelle apparaissent les chiffres d'Henri II et Catherine de Médicis entremêlés ainsi que des fleurs de lys, les emblèmes de l'ordre de Saint-Michel et les armes traditionnelles de la chasse, arcs, flèches, carquois. 
Deux atlantes en bronze fondus d'après les moulages d'antiques conservés au musée du Capitole, peints et dorés en 1556 par Guillaume Rondel, encadrent l'ouvrage. Les originaux fondus à la Révolution, Percier et Fontaine les remplacent en 1805 par des colonnes en plâtre. En 1966, de nouveaux exemplaires réalisés à Rome sont inaugurés à Fontainebleau. 

En charge des boiseries parcourues des chiffres et emblèmes d'Henri II, H et croissants de lune, Francesco Scibec de Carpi exécute plafonds à caissons, parquets marquetés, lambris de chêne à pilastres cannelés et tribune. Il s'inspire de la basilique de Constantin à Rome pour réaliser les plafonds à caissons soulignés d'or et d'argent. La marqueterie du parquet en reprend les dessins. 

Francesco Primaticcio dit Le Primatice (1504-1570), qui réalise dans le même temps les décors des appartements royaux, propose les dessins préparatoires en 1552. Ils sont exécutés par l'atelier de Nicolò dell'Abbate (1509 ou 1512 - 1571), selon la technique de la fresque. Connue depuis l'Antiquité et remise au goût du jour par les artistes de la Renaissance italienne, elle consiste en l'application de couleurs délayées à l'eau sur un enduit frais. Les frises libres se développent jusqu'aux encadrements des fenêtres. Elles reprennent des scènes mythologiques, associés à des thématiques telles que chasses, festivités, danses.

Haut lieu de la cour des Valois, la salle de bal conserve un usage de réception jusque sous Louis XIII (1601-1643). Il s'y tient notamment une cérémonie au cours de laquelle le cardinal de Richelieu (1585-1642) est fait commandeur de l'Ordre du Saint Esprit. Dès 1642, le délabrement des décors inquiète. François Sublet de Noyers (1589-1645), surintendant des bâtiments du roi, commande une étude auprès du peintre Nicolas Poussin (1594-1665). Le projet de restauration est suspendu à la suite de la disgrâce de l'administrateur. Au cours du XVIIème siècle, l'espace est dévolu aux gardes des Cent-Suisses, compagnie d'infanterie composée de mercenaires suisses au service du roi de France, en activité de 1471 à 1792 et de 1814 à 1830.






Une restauration d'envergure est initiée sous Louis-Philippe. Le peintre Jean Alaux (1786-1864) intervient sur les fresques à partir de 1834. Il repeint la totalité des fresques selon le procédé "Vivet" de peinture à l'encaustique, technique désormais remise en question. Le sculpteur Lambert-Théophile Lefébure et le menuisier Poncet restaurent menuiseries, plafonds, tribune. 

"Dix lustres de bronze doré à 36 lumières et 6 lampes, et 12 bras à 18 bougies et 3 lampes" sont réalisés pour la somme de 60 000 francs, au sein de la fonderie Soyer et Ingé, maison du fondeur Louis-Claude-Ferdinand Soyer (1783-1854), associé à Charles-Jules et Étienne-Germain Ingé. Ils rejoignent la salle de bal du château de Fontainebleau à l'occasion du mariage du duc d'Orléans et de la princesse de Mecklembourg qui se tient le 30 mai 1837. 

De nouvelles restaurations sont menées en 1858, 1865, 1883-85. Entre 1963 et 1966, une dérestauration sur les interventions de Jean Alaux vient corriger les travaux du XIXème siècle. La baie de la tribune est réouverte.

Salle de bal galerie Henri II
Château de Fontainebleau 
Place du Général de Gaulle - 77920 Fontainebleau 
Tél : +33 1 60 71 50 70
Horaires : Mercredi au lundi de 9h30 à 17h - Fermé le mardi 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.