Paris : Hommage à Johnny Hallyday, controverses autour d'une oeuvre de Bertrand Lavier à Bercy - XIIème

 

La sculpture hommage à Johnny Hallyday, signée de l’artiste Bertand Lavier, a été inaugurée le 17 septembre 2021, en présence de cent-cinquante motards, de ses proches et de ses musiciens. Le lieu, en face de la salle de Bercy, désormais Accor Hotels Arena où le rocker a donné cent-un concerts, semble particulièrement approprié. L’oeuvre célèbre la mémoire d’un chanteur populaire, figure du patrimoine français, dont les chansons ont su créer un lien particulier entre les générations de fans. Johnny Hallyday n’aimait pas les statues à son effigie. Bertrand Lavier a choisi d’accoler des symboles associés à l'idole des jeunes, représentation d’un certain esprit de rébellion. La démarche artistique s’inscrit dans la filiation du ready-made. Les éléments sélectionnés, objets porteurs de sens, illustrent un style de vie de musique et de vitesse dans une forme finale audacieuse. D’une base en granito bleu clin d’œil au « Walk of Fame » d’Hollywood Boulevard, jaillit un mat en acier inoxydable qui figure un manche de guitare. Au sommet de celui-ci, une véritable Harley Davidson bleu métal, modèle Fatboy, semble se cabrer dans les airs, perchée à six mètres de hauteur. La moto évidée de toute sa belle mécanique, sans moteur, appartenait réellement à Johnny Hallyday.








A l’instar du bouquet de tulipes « offert » par Jeff Koons l’hommage à Johnny Hallyday alimente les controverses. La reconnaissance de Bertrand Lavier, plasticien internationalement reconnu, n’est plus à démontrer. Son travail a fait l’objet d’une rétrospective personnelle au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 2002 puis au Centre Pompidou en 2012. La Bourse de Commerce Collection François Pinault présente une série d’œuvres importantes de l’artiste. En revanche le projet initié par un marchand d’art, le très influent galeriste Kamel Memmour qui représente Bertand Lavier, laisse planer un soupçon. La démarche serait-elle cynique ? Une opération marketing pour faire grimper la côte de l’artiste ? 

Hommage légitime à une icône populaire disparue le 5 décembre 2017, l’oeuvre a pour vocation d’ancrer le souvenir de Johnny Hallyday à Paris. L’esplanade baptisée à son nom se veut lieu de recueillement pour les fans. La polémique artistique et écologique a débuté au Conseil de Paris en juillet 2020 lors du vote houleux pour la validation de l’installation de la sculpture. 






La pertinence de l’oeuvre a été remise en question. Malgré sa monumentalité et sa présentation dans l’espace public, le projet, sa conception finale ont été élaborés sans consulter ni les élus, ni les Parisiens, ni les riverains. La sculpture est le fruit d’une initiative privée sans réflexion démocratique à propos de la forme de l’hommage. Le symbole de la moto, une grosse américaine, un véhicule goulu en essence, très polluant, a choqué les conseillers verts de la ville. En outre, le financement de ce « cadeau » spontané a soulevé des questions quant à l’opacité des frais laissés à la charge de la Mairie. La Ville de Paris a payé la réalisation de l’oeuvre ainsi que l’installation et sera en charge de son entretien.

Autre source de controverse, la sculpture elle-même ne fait pas l’unanimité auprès du public en général, et suscite engouement très limité des fans. La représentation déçoit. Certains jugent le propos trop littéral quand d’autres s’amusent qu’un hommage à Johnny Hallyday, accusé d’évasion fiscal, ait été installé juste en face du Ministère des Finances.

Sculpture hommage à Johnny Hallyday
Esplanade Johnny Hallyday - Paris 12



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.