Paris : 10 quartiers champêtres à Paris, 10 promenades bucoliques au coeur de la ville

 


Ces dix quartiers champêtres au cœur de Paris sont une invitation à se ressourcer le temps d’une balade. Leur ambiance de village sans quitter la Capitale, à quelques stations de Châtelet-les-Halles, permet d’échapper au tumulte contemporain, au rythme effréné du quotidien de la grande ville. Îlots de verdure, de fraîcheur, ces micro-quartiers ont des allures de jolie province. Prendre la tangente, flâner le long de leurs ruelles révèle des facettes méconnues de la ville, évoque l’atmosphère préservée du Vieux Paris. Les accès en sont discrets, le secret conservé jalousement, le dépaysement radical. Embardées poétiques loin de la ville somptuaire des monuments historiques et les vastes artères tracées par Haussmann, ces micro-quartiers champêtres présentent un autre visage de la ville dont le centre a été métamorphosé par les grands travaux au XIXème siècle. Les anciennes cités ouvrières préservées, héritées des communes rattachées à Paris en 1860 devenues arrondissements périphériques et populaires, témoignent de l’histoire industrielle de la ville et de son urbanisation. Devenues micro-quartiers résidentiels, elles déploient des charmes insoupçonnés ponctués de petits espaces verts, de squares, de jardins partagés et même de vignes. Leurs venelles avenantes propices aux promenades possèdent un cachet particulier, typicité du bâti, façades envahies de vigne vierge, débordement de nature. Au printemps et en été, elle prend toute sa mesure dans la floraison des lilas et de la glycine, le foisonnement du chèvrefeuille, l’opulence des rosiers grimpants. Véritable luxe à Paris, maisons individuelles aux terrasses fleuries, coquets pavillons noyés dans la verdure, ateliers d’artistes aux façades colorées, possèdent souvent des jardinets. La rédaction vous emmène découvrir 10 quartiers champêtres à Paris !





Accès 36-38 et 50-54 rue Brillat-Savarin – Paris 13
Métro Maison Blanche ligne 7 ou Tolbiac ligne 7

Les grandes opérations d’urbanisme menées dans les années 1960-70 ont donné au XIIIème arrondissement de Paris le visage singulier d’une verticalité minérale. Néanmoins, des îlots préservés évoquent l’ancien tissu urbain à taille humaine disparu au gré des métamorphoses de la ville. Heureux vestige, Cité Florale a été construite entre 1925 et 1930 par les sociétés AEDES et Ménage. Bâtie sur l’emplacement du dernier des étangs alimentés par la Bièvre, sorte de pré inondé compris entre les deux bras de la rivière, le terrain originel était une zone marécageuse, l’un des plans d’eau qui l’hiver venu attirait les riverains. Ceux-ci venaient y briser la glace pour la vendre. C’est ainsi que le quartier a conservé le nom de Glacière. Le lotissement en triangle de la Cité Florale, inauguré en 1928, forme un micro-quartier à la physionomie insolite, ordonné autour d’une placette baptisée square des Mimosas. Minuscule enclave fleurie entourée de hautes tours modernes, cette campagne en ville, est parsemée de maisonnettes de style hétéroclite. L’ensemble pavillonnaire remarquable se composent de jolies villas aux façades couvertes de vigne vierge. Végétation luxuriante, jardinets entretenus avec amour, balcons verdoyants et plantes en pot confèrent à cette parcelle une atmosphère paisible de quiétude heureuse. Les venelles portent des noms évocateurs de fleurs, rue des Glycines, des Volubilis des Orchidées, des Iris, des Liserons.  Une promenade aussi charmante que surprenante.





Métro Corvisart ligne 6 

Petites maisons, dédales de ruelles pavées peu fréquentées par les voitures, places piétonnes où se réunissent les Cailleux, heureux riverains, la Butte aux Cailles est un lieu pittoresque et charmant. Hors du temps, préservé de l'intense activité citadine si proche et si pourtant si lointaine, ce véritable village indépendant des grandes artères urbaines a su préserver l'atmosphère de convivialité d'un quartier historiquement populaire. Ancien territoire détaché de la ville de Gentilly pour être annexé à Paris en 1860, la Butte aux Cailles culmine à soixante-trois mètres. Le micro-quartier perché emprunte le vallonnement de l’ancienne vallée de la rivière Bièvre aujourd'hui comblée qui entaillait profondément le paysage. Les Cailles, fermiers et meuniers de la Butte au XVIème siècle, lui lèguent leur nom. Aujourd'hui, la Butte aux Cailles présente le visage nostalgique d'un mode de vie disparu en ville. Le site classé est régi par une limite d'occupation des sols freinant la spéculation immobilière et l'appétit des promoteurs. Atmosphère préservée, Parisiens enchantés !





Accès 146 rue du Château / 79 boulevard Brune - Paris 14
Métro Pernety ligne 13

Le quartier Didot-Sud, au coeur de Plaisance, déploie, le long de la rue Didot, son paysage urbain pittoresque. Les façades haussmanniennes de pierre blonde y conversent avec les immeubles de tailles réduites en brique rouge ou grise dans la pure tradition faubourienne. Artère commerçante vivante, squares, écoles, jardins, cet environnement chaleureux attire les familles parisiennes séduites par la vie de quartier. De part et d'autre de la rue Didot, s'étirent selon un plan en arête de poisson de nombreuses villas et cités ouvrières devenues aujourd'hui petit luxe pour les citadins. Planquées à l'abri de ces venelles en impasse, les maisons individuelles, vieilles bicoques des faubourgs restaurées avec soin et nouvelles constructions respectueuses de l'esthétique générale, rappellent l'histoire des villages parisiens. De bâti ancien, cet ilot préservé, vestige du Petit Montrouge village intégré à Paris lors de l'annexion des communes de 1860, date de la seconde moitié du XIXème siècle. Le quartier Didot-Sud délimité par les rues d'Alésia, des Suisses, des Plantes, les hôpitaux Broussais et Saint Joseph, la Petite Ceinture, a su résister à une certaine forme de l'urbanisme moderne. Les grands travaux des années 1970 n'ont pas atteint cette partie du XIVème arrondissement. Et la vie y semble bien douce.




Accès 25 avenue Reille / 2 rue Emile Deutsch de la Meurthe / 30 boulevard Jourdan - Paris 14
Métro Porte d’Orléans ligne 4

Les ruelles éparpillées le long de la rue Nansouty, et de son prolongement immédiat rebaptisé rue Emile Deutsch de la Meurthe, forment un délicieux ensemble résidentiel. Jolis pavillons avec jardin, ateliers d’artistes, villas d’architecte, réalisations modernistes des années 1930, immeubles de caractère côtoient les maisonnettes en briques et pierre de meulière de l’habitat populaire de la fin du XIXème siècle. Aux abords du parc Montsouris, côté ouest, ce petit paradis champêtre est devenu l’un trésor de l’habitat individuel. Il figure parmi les micro-quartiers plus recherchés du XIVème arrondissement. Impasse Nansouty, Villa du Parc de Montsouris, rue du Parc de Montsouris, rue Georges Braque, square de Montsouris forment une enclave exquise aux airs de province bucolique. Cet ensemble de ruelles plébiscité par les artistes de Montparnasse - Foujita, Braque y ont résidé - est devenu sous l’influence de leur présence un champ d’expérimentation de l’avant-garde architecturale. Les réalisations des frères Perret, Le Corbusier, Lurçat, plongées dans la verdure, confèrent un charme particulier à cette oasis urbaine. La sérénité de ces venelles semble incongrue au cœur de la ville. 




Métro Anvers ligne 2, Abbesses ligne 2, Lamarck Caulaincourt ligne 12

Montmartre, enclave préservée hors du temps, prolonge au fil de ses ruelles escarpées le mythe de la bohème artistique. Ce charmant petit village qui a conservé une architecture unique à Paris a été annexé à la Capitale en 1860. Auparavant, lieu de villégiature des riches bourgeois au XVIIIème siècle, Montmartre est devenu l’épicentre de la création plastique de la fin du XIXème au début du XXème siècle. Tandis que le Haut de Butte demeurait champêtre voire tout à fait bucolique, le Bas Montmartre déchaînait les folles nuits interlopes des plus célèbres cabarets parisiens. Désormais tout entier dévolu au divertissement propret des touristes, Montmartre a malgré tout su entretenir une certaine authenticité grâce à la préservation de son bâti villageois. Pour apprécier pleinement la Butte, il est question d’éviter les heures de pointes et les périodes de grandes ruées touristiques. 





Accès sud-est 54 avenue Simon Bolivar / Accès ouest rue Mathurin-Moreau puis rue Georges-Lardennois ou par l’escalier de la rue Michel-Tagrine - Paris 19
Métro Pyrénées ligne 11 ou Colonel Fabien ligne 2

La Butte Bergeyre, secret bien gardé de Parisiens avertis, est une curiosité perchée au sommet d’un triangle formé par la rue Manin à l’est, l’avenue Simon Bolivar au sud et l’avenue Mathurin-Moreau au nord. A l’ouest des Buttes Chaumont, préservé des regards par des constructions datant de 1930, ce minuscule quartier accroché à flanc de colline sur une butte escarpée et verdoyante joue à cache-cache avec les promeneurs. L’accès sportif se fait par deux escaliers abrupts l’un au sud-est débouchant côté Bolivar, soixante-quinze marches immortalisées en 1950 par Willy Ronis, l’autre à l’ouest l’escalier de la rue Michel-Tagrine pas moins de quatre-vingt-cinq marches. Depuis le plateau qui culmine à 100 mètres d’altitude, l’incroyable vue panoramique de la Tour Eiffel jusqu’à Montmartre et au-delà vaut le détour.





Accès rues Miguel Hidalgo, Mouzaïa, de Bellevue et David d'Angers - Paris 19
Métro Place des Fêtes lignes 7bis, 11 ou Danube ligne 7bis

Entre les Buttes Chaumont et du Chapeau Rouge, la Butte Beauregard à l'ombre des tours de la place des Fêtes, dissimule un petit quartier pittoresque hors du temps, épargné par la folie bétonnière des années 1970. Articulé autour du triangle formé par les rues Miguel Hidalgo, de Mouzaïa, de Bellevue et David d'Angers, le quartier de la Mouzaïa se compose de ruelles escarpées, succession de villas abondamment fleuries. Les bicoques accrochées à la pente jouent à cache-cache dans la verdure. Agrippées l'une à l'autre derrière des palissades, les petites maisons de ville datent la plupart de la fin du XIXème, début du XXème siècle. A l'origine, habitat ouvrier, la poésie bucolique de leur cadre préservé est aujourd'hui très prisée. Tout d'abord voies privées, les villas ont été progressivement ouvertes à la circulation publique déployant cette configuration singulière de petites sentes de campagne, pavées comme à la ville, éclairées par des lampadaires modèle Oudry, mât décoré de lierre caractéristique de Paris. La Mouzaïa, une promesse de dépaysement !





Accès depuis la place Octave Chanute ou la rue du Lieutenant Chauré ou encore la rue du Capitaine Ferber - Délimitée par le boulevard Mortier, la rue du Capitaine Ferber et la rue Géo Chavez - Paris 20
Métro Porte de Bagnolet 

Implantée sur les terres de l’ancienne commune de Charonne rattachée à Paris en 1860, la Campagne à Paris est créée au début du XXème siècle par le pasteur Sully Lombard, humaniste fortement engagé. Une vaste entreprise immobilière dans la lignée de ses oeuvres de bienfaisance voit le jour.  Le projet prévoit de réaliser un lotissement de 92 pavillons de ville destinés à une population dont les revenus modestes ne leur permettent pas de se loger décemment à Paris. La coopérative prend le nom de Campagne à Paris, appellation qu’elle transmet à ce nouveau quartier. Les travaux durent jusqu’en 1928. Ouvriers, fonctionnaires, employés prennent alors possession de ces nouvelles habitations. Désormais petit luxe parisien, très recherché, la Campagne à Paris est isolée de la ville par sa géographie légèrement surélevée. Pavillons de ville abondamment fleuris, calmes allées où prospèrent glycines vénérables, rosiers opulents, passiflores somptueuses, lilas, jardinets arborés, le temps suspend son vol au cours d’un bel après-midi d’été. La Campagne à Paris se compose de trois rues principales, les rues Paul Strauss, Irénée Blanc et Jules Siegfried et quatre venelles parées d’escaliers permettant une ascension de la petite butte n’ayant pris de nom qu’en 1994, la rue Georges Perec, la rue Père Prosper Enfantin et la rue Camille Bombois.





Accès 50 boulevard de Charonne / 44 rue des Orteaux - Paris 20
Métro Buzenval ligne 9 ou Avron ligne 2

Micro quartier, la rue des Vignoles, établie sur les traces d'un vieux sentier rural de l'ancienne commune de Charonne, a conservé un certain charme villageois malgré de nombreuses réhabilitations. En façade sur rue, l'architecture simple des anciens faubourgs se mêle avec bonne intelligence aux nouvelles maisons d'architecte. Mais les nombreux passages et impasses, une quinzaine au total, disposés perpendiculairement à la voie, font toute sa particularité. Ce tissu urbain original hérité d'une tradition ouvrière et artisanale du XIXème siècle doit la singularité de son parcellaire à l'histoire du quartier qui est intimement liée à la vigne. Pavillonnaire très serré, courettes privées, persistance d'une activité artisanale et d'ateliers d'artistes, les impasses surprennent par leur étroitesse, composition d'un autre temps. Lorsque la réhabilitation n'a pas été possible, elles ont été entièrement réinventées par la modernité tout en respectant l'identité du bâti. Le micro-quartier écologique Eden Bio dont les immeubles contemporains relativement bas se fondent dans la typologie du paysage originel est un bel exemple de ce processus. 





Accès rue de la Mare / rue des Cascades - Paris 20
Métro Jourdain ligne 11

Entre Ménilmontant et la rue des Pyrénées, subsistent les dernières ruelles du village originel. Alignement incertain, maisonnettes dotées de jardinets, ateliers divers, ces lieux insolites sont la mémoire d'un Paris disparu. La typographie singulière est caractéristique d'un mode de développement urbain plus ou moins anarchique qui ouvrira la voie à la spéculation immobilière. La configuration actuelle des cités et villas préservées renvoie au type parcellaire de la fin du XIXème siècle, début du XXème. Promis à une destruction en règle dans les années 1980, menacé par des projets d’urbanisme, le quartier Mare-Cascades a été sauvé grâce à l’engagement citoyen des riverains mobilisés en une association dédiée à sa préservation. La lutte sur plusieurs années a permis de sauvegarder une grande partie de l’habitat traditionnel tandis que la friche industrielle au cœur de l’îlot était transformée en parc.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.