Paris : Cimetière de Montmartre, un lieu de sépulture accroché au flanc de la Butte - XVIIIème

 

Le Cimetière de Montmartre ou cimetière du Nord, ouvert en 1825, est le troisième cimetière le plus grand de Paris, après le Père Lachaise et le cimetière du Montparnasse, avec une surface de 11,5 hectares. Classé parmi les sites de la ville de Paris par décret du 29 avril 2024, il se distingue par son caractère pittoresque et historique ainsi que ses sépultures classées à l'instar de la chapelle Fournier, en 2013 et la chapelle Potocki. L'enclos discret accroché au flanc de la butte Montmartre, est accessible depuis le 20 avenue Rachel en contrebas d'un escalier depuis le pont Caulaincourt qui enjambe la nécropole. Lieu de recueillement, le cimetière de Montmartre invite à la promenade, véritable poumon vert avec ses 800 arbres de 38 essences différentes, marronniers, tilleuls, érables, thuyas. La nécropole accueille de nombreuses personnalités du monde des arts et de la culture, repos éternel partagé avec 22 000 concessions sur 30 divisions. Chaque année, 500 inhumations s'y déroulent. 








À la fin du XVIIIème siècle, l'insalubrité frappant les cimetières intramuros pose des problèmes d'hygiène publique. Le cimetière des Innocents, au coeur de Paris, est contraint à la fermeture le 1er décembre 1780 à la suite de différents incidents. Le transfert des dépouilles et ossements dans les anciennes carrières de gypses hors les murs donne naissance aux catacombes. La saturation des nécropole intramuros invite à une réflexion sur les modalités d'inhumation face à la pénurie de lieux de sépulture.  

Au cours de la Révolution, trois-cent Gardes suisses sont tués lors de la journée du 10 août 1792 à l'occasion de l'assaut du Palais des Tuileries par une foule d'insurgés. Dans la clandestinité, leurs dépouilles trouvent sépulture au sein des galeries d'anciennes carrières de gypse de la Butte Montmartre. En 1798, l'administration ouvre officiellement le cimetière de la Barrière Blanche puis cimetière sous Montmartre ou Champ de Repos, destiné aux inhumations des résidents de la rive droite. Vaste de 1,27 hectares, cet enclos demeure en activité jusqu'en 1806. Il se distingue par son paysage romantique vallonné, bordé de trois collines. 








Le 21 février 1801, le préfet de la Seine Nicolas Frochot (1761-1828) entérine la création de quatre nouveaux cimetières au-delà des murs, à l'Est le cimetière du Père Lachaise sur la commune de Charonne, au Sud le cimetière du Montparnasse sur la commune de Montrouge, à l'Ouest le cimetière de Passy et au Nord le cimetière de Montmartre. En 1804, un décret impérial interdit les inhumations en ville et au sein des églises. L'ancien cimetière de Montmartre fait l'objet d'un vaste réaménagement, travaux de nivellement, première extension. La nécropole repensée rouvre le 1er janvier 1825. Il est à nouveau agrandi en 1847 pour atteindre son périmètre actuel de 11,5 hectares. 

Dans le cadre des grands travaux de modernisation de la ville mené le préfet de la Seine, le baron Georges Eugène Haussmann, la rue Caulaincourt est percée entre la rue Joseph-de-Maistre et le boulevard de Clichy. Ouverte par décret du 11 août 1867, son tracé rencontre un contretemps le cimetière de Montmartre situé en contrebas du niveau de la chaussée. Afin d'enjamber la nécropole, l'administration envisage la création d'un viaduc, le pont Caulaincourt, qui provoque la controverse. En effet, les fondations de la structure nécessitent le déplacement de certaines sépultures. Le pont Caulaincourt, premier pont de Paris construit en acier, est inauguré en 1888. 








La tombe de Dalida est la plus visitée du cimetière de Montmartre. Elle y côtoie les écrivains Émile Zola, Stendhal, Théophile Gautier, Alexandre Dumas Fils, les frères Goncourt, les compositeurs, Hector Berlioz, Jacques Offenbach, les peintres Edgar Degas, Honoré Fragonard, Jean-Baptiste Greuze, l'affichiste Francisque Poulbot, le cinéaste François Truffaut, les comédiens Louis Jouvet, Sacha Guitry, Michel Galabru, les chanteurs-compositeurs Michel Berger et France Gall, Carole Fredericks, Daniel Darc. 

Cimetière de Montmartre 
20 avenue Rachel - Paris 18
Horaires : Du 16 mars au 5 novembre de 8h à 18h - Du 6 novembre au 15 mars de 8h à 17h30
Métro Place de Clichy lignes 2, 13 / Blanche ligne 2



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette
Le guide du promeneur 18è - Danielle Chadych et Dominique Leborgne - Éditions Parigramme