Paris : Cimetière du Montparnasse, nécropole du Sud, deuxième plus grand cimetière de la Capitale - XIVème

 


Le cimetière du Montparnasse, deuxième plus grande nécropole de Paris après le Père Lachaise, s'étend au coeur de la ville sur 19 hectares. Les 30 divisions abritent 35 000 concessions où reposent célébrités et anonymes. Les allées ombragées de la nécropole, parcelle parfaitement plane, sans dénivellations, sont propices à la promenade et au recueillement. Sur la tombe de Serge Gainsbourg, les visiteurs déposent cigarettes et tickets de métro, des stylos sur la sépulture de Marguerite Duras, des poèmes manuscrits pour Charles Baudelaire. La stèle de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir est couverte de baisers. La rue Froidevaux délimite le cimetière du Montparnasse au Sud, à l'Est la rue Victor Schoelcher, au Nord-Est le boulevard Raspail, au Nord le boulevard Edgar Quinet, à l'Ouest la rue de la Gaîté. Il est traversé par la curieuse et aveugle rue Émile Richard depuis 1890. Havre de paix, l'abondance de sa faune et sa flore en font un véritable poumon vert. La nécropole compte notamment près de 1200 arbres, de quarante essences différentes, tilleuls, érables, frênes, conifères, sophoras, tuyas.

Le cimetière du Montparnasse aménagé au coeur d'un quartier hautement artistique, comporte de nombreuses oeuvres, statuaire éclectique des avant-gardes, notamment deux sculptures de Niki de Saint Phalle, le chat et l'oiseau, sur les tombes de ses amis. "Le Baiser" de Brancusi, se dissimule, désormais, aux regards derrière une gangue de métal, protection mise en place à la suite des errances judiciaires liées au désir des ayants-droits de vendre l'oeuvre. Des plans sont disponibles aux entrées du cimetière.








Le cimetière du Montparnasse, ouvert en 1824, est l'un des quatre grands cimetières aménagés au-delà des frontières de la capitale au début du XIXème siècle, à l'Est, le cimetière du Père Lachaise en 1804, à l'Ouest, le cimetière de Passy en 1820, au Nord, le cimetière de Montmartre en 1825. La création des cimetières extramuros trouve son origine dans un incident survenu le 30 mai 1780. Une fosse commune du cimetière des Innocents, en activité depuis huit siècles s'écroule. Cet épisode soulève le problème d'engorgement des nécropoles parisiennes due à l'accroissement de la population. Pour des raisons sanitaires, les cimetières intramuros sont interdits. Désaffectés au fur et à mesure, les ossements prélevés sont transférés vers les anciennes carrières de gypse au Sud de Paris, transformées à cette occasion en catacombe.

En 1801, Nicolas Frochot (1761-1828), préfet de la Seine mène le projet qui doit aboutir à l'aménagement de nouvelles nécropoles extramuros et lance une série d'acquisition de parcelles. Le Petit-Montrouge sur le territoire de la commune de Montrouge, hors des limites de la ville, aux pieds des fortifications, au-delà de la barrière du Montparnasse démolie en 1786, et la barrière d'Enfer du mur des Fermiers Généraux, dispose de terrains appropriés. Sur la colline de Montsouris, se dressent alors une trentaine de moulins à grain depuis le XVème siècle. Le domaine se divise en trois fermes propriétés des hôpitaux voisins, l'Hôtel-Dieu et l'hôpital de la Charité. Certaines parcelles manifestent déjà pour vocation l'accueil des défunts.








En 1819, la Ville de Paris achète dix hectares au Petit-Montrouge. Le nouveau cimetière du Sud dit tout d'abord cimetière de Montrouge puis cimetière du Montparnasse est entouré d'une enceinte. Le vieux Moulin de la Charité intégré au domaine, devient résidence des gardiens de la nécropole. 

La première inhumation se déroule le 25 juillet 1824. Deux cimetières intramuros voisins ferment à cette occasion. La ville de Paris organise le transfert vers le cimetière du Montparnasse des morts du cimetière Sainte Catherine, alors situé entre la rue du Fer à Moulin et le boulevard Saint Marcel, notamment les dépouilles des condamnés à mort, ainsi que les défunts du cimetière de Vaugirard où sont jusque-là enterrés les morts non réclamés de l'Hôtel-Dieu et des hôpitaux de Paris 

En 1847 le cimetière du Montparnasse est agrandi, extension de dix hectares jusqu'au boulevard d'Enfer, actuel boulevard Raspail. L'élargissement en 1878 de la rue du Champ d'Asile, actuelle rue Froidevaux, empiète sur le territoire des morts. La rue Émile Richard, percée en 1890, longue de 382 mètres, sans aucun numéro, bordée des hauts murs de la nécropole, scinde le cimetière en deux entités. 

Autour du cimetière du Montparnasse, se développent de nouveaux commerces notamment des entreprises de marbriers réputées. En 1860, lors de l'annexion des communes limitrophes au territoire de Paris, les quatre nouveaux cimetières intègrent la ville.








Parmi les célèbres résidents éternels, Chaïm Soutine, Delphine Seyrig, Man Ray, Henri Laurens, Antoine Bourdelle, Robert Desnos, Tristan Tzara, Ossip Zadkine, George Sand, Jacques Demy, Jean Carmet, Jean Poiret, Eugène Ionesco, Léon-Paul Fargue, Constantin Brancusi, Jean Seberg, Camille Saint-Saëns, Brassaï, Joris-Karl Huysmans, Serge Gainsbourg, Henri Fantin Latour, Charles Garnier, Maurice Leblanc, Samuel Beckett, Emil Cioran, Sainte-Beuve, Jacques Becker, André Citroën, Joseph Kessel, le capitaine Alfred Dreyfus, Auguste Bartholdi, Guy de Maupassant, Pierre Louÿs, Barbey d'Aurevilly.

Cimetière du Montparnasse 
3 boulevard Edgar-Quinet - Paris 14
Tél : +33 (0)1 44 10 86 50
Horaires : Du 16 mars au 05 novembre, tous les jours de 8h à 18h. 8h30 le samedi et 09h00 le dimanche. Du 06 novembre au 15 mars, tous les jours de 8h à 17h30. 8h30 le samedi et 09h00 le dimanche
Métro : Raspail lignes 4 et 6 / Gaîté ligne 13




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur 14è arrondissement - Michel Dansel - Parigramme
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme