Paris : Parc Montsouris, héritage vert des grands travaux haussmanniens et du Second Empire - XIVème



Le Parc de Montsouris, espace vert de seize hectares dans le XIVème arrondissement, se lit au Sud de Paris comme le pendant du parc des Buttes Chaumont au Nord, bois de Vincennes à l'Est, bois de Boulogne à l'Ouest. Ce jardin à l'anglaise, achevé en 1878, témoigne d'une vision moderne de la ville développée au XIXème siècle, héritage des grands travaux haussmanniens menés sous le Second Empire. Il se distingue par ces aménagements paysagers évocateurs d'une nature pittoresque, reliefs, vastes pelouses, bosquets. Ce paradis des ornithologues compte de nombreuses espèces d'oiseaux ainsi que des arbres centenaires remarquables, parasol chinois, sequoia, plaqueminier, noyer de Chine, tulipier de Virginie, cèdre du Liban, hêtre tortillard. Faune généreuse et flore luxuriante. Aujourd'hui lieu de promenade prisé des étudiants de la Cité Universitaire voisine et des familles du quartier, le Parc de Montsouris s'inscrit dans un trapèze bordé par le boulevard Jourdan, la rue Nansouty, la rue Émile Deutsch de la Meurthe, l'avenue Reille, la rue Gazan, la rue de la Cité Universitaire. 



Pavillon Montsouris


Kiosque à musique



À Paris, la loi de 1780 interdit les cimetières en ville pour des raisons sanitaires. Les lieux d'inhumation parisiens intramuros sont désaffectés au fur et à mesure. Le cimetière des Innocents et le charnier attenant sont vidés en 1786. Les ossements sont transférés vers les anciennes carrières de gypse de Montrouge, lieu-dit de la Tombe-Issoire, transformées en catacombes. 

Au XIXème siècle, la plaine de Montsouris, désert lugubre à peine animé par quelques bidonvilles, acquiert une mauvaise réputation de quartier insalubre aux trafics interlopes. En 1860, lors de l'annexion des communes limitrophes au territoire de la ville de Paris, le site est intégré au nouveau XIVème arrondissement. Le préfet de la Seine, le baron Haussmann, chargé de la modernisation de la ville par Napoléon III, nourrit des projets pour cette colline qui surplombe la vallée de la Bièvre que vient valider un décret du 22 février 1865.  Afin de créer le "Parc national des Montrougiens", il s'agit tout d'abord de renforcer les sous-sols fragilisés par les galeries désaffectées. Le chantier débuté en 1867 est interrompu par la guerre contre la Prusse en 1870. Le parc ouvert partiellement au public dès 1869, ne sera officiellement inauguré qu'en 1878. 

L'ingénieur Adolphe Alphand (1817-1891) "le jardinier d'Haussmann" considéré comme le père des espaces verts parisiens modernes, directeur du service des promenades, des parcs et des plantations fait appel à des collaborateurs expérimentés, ingénieurs et paysagistes. Jean Darcel (1823-1906), ingénieur des ponts et chaussées, prend en charge les détails techniques. Le paysagiste Jean-Pierre Barillet-Deschamps (1824-1874) trace les grandes lignes du paysage, choisit les essences, et Édouard André (1840-1911) conduit les travaux.




Colonne de la Paix armée

Pont de la Petite Ceinture



Le Parc de Montsouris, point culminant de la rive Gauche, à 78 mètres de hauteur, répond aux critères esthétiques du jardin à l'anglaise avec des reliefs, des vallonnements à l'aspect naturel et des points de vue remarquables aménagés pour le plaisir de la promenade. Lors du développement du parc, les sols de la plaine de Montsouris sont enrichis par de la terre végétale prélevée sur le chantier de construction du réservoir de Montsouris voisin, achevé en 1874, l'un des cinq principaux réservoirs d'eau de la ville de Paris. Aux plantations, création de pelouses, de bosquets, s'ajoutent celles de grottes, d'un lac artificiel vaste d'un hectare et des cascades, alimentés par un système hydraulique rattaché à l'aqueduc d'Arcueil. 

Deux voies ferrées traversent le parc dès l'origine. La ligne ferroviaire de la Ceinture Sud, la Petite Ceinture, est intégrée au paysage par le percement en tranchée entre 1866 et 1867 sur 20 mètres de dénivellation. Fermée au service régulier des trains de voyageurs depuis 1934, elle est empruntée jusqu'en 1993, par les convois des marchandises, qui desservent les entrepôts des Gobelins, les abattoirs de Vaugirard, ainsi que le transit des productions sortant des usines Citroën de Javel et autres trains spéciaux. La ligne de Sceaux tracée en surface, fait l'objet d'un traitement en tranchée au cours des années 1930. Elle est intégrée en 1977 au Réseau express régional ligne B. La gare Parc de Montsouris en bordure de la rue de l'Amiral Mouchez, désaffectée, est démolie au début des années 1980. 

Entre 1878 et 1960, une dizaine de sculptures, signées Etex, Lipsi, Desca, rejoignent le paysage du parc. Parmi les oeuvres remarquables, se trouve la Colonne de Paix armée (1888), colonne haute de 8,50 mètres, érigée d'après les plans de l'architecte Paul Sédille, surmontée d'un bronze haut de 3,50mètres du sculpteur Jules Coutan qui se trouvait à l'origine square d'AnversLa Mire du Sud ou Mire de l'Observatoire de 1806 marque symboliquement l'ancien méridien de Paris calculé en 1667, supplanté par le méridien de Greenwich en 1911.

Restaurant fréquenté par Lénine, Trotski, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, le comédien et metteur en scène Louis Jouvet, l'acteur Jean Carmet, le Pavillon Montsouris ouvert en 1889, sous le nom de Pavillon du lac, a été doté d'une verrière en 1930. Juste en face, le kiosque à musique, belvédère hérité de l'Exposition internationale d'électricité de 1881, remonté dans le parc en 1884, accueille concerts et danse à la belle saison.  


Tour de relevé météorologique

Ancien pavillon du Bureau des Longitudes

Ancienne cabane du grand équatorial de l'Observatoire du Bureau des Longitudes


Gare Cité Universitaire ligne B


Au coeur du Parc Montsouris, se trouvait l'ancien Palais du Bardo dessiné par l'architecte Alfred Chapon (1834-1893). Cette réplique à échelle réduite inspirée par la résidence d'été du bey de Tunis, avait été construite sur le Champs de Mars, dans le cadre de l'Exposition Universelle de 1867. Le Palais du Bardo, démonté et remonté sous la supervision de Gabriel Davioud rejoint le parc en 1869. Les équipes de l'Observatoire météorologique de Montsouris investissent le bâtiment en 1872. Les installations d'enregistrement des paramètres météo sont complétées en 1947 par une tour de relevé. Le Palais du Bardo évacué en 1974 est laissé à l'abandon. 

Du fait de son intérêt patrimonial, la ville et l'ambassade de Tunisie mène une restauration d'envergure en 1990 afin de transformer le lieu en Centre culturel tunisien. Le Palais du Bardo disparaît dans un incendie en 1991. 

Parmi les bâtiments qui ponctuent le Parc de Montsouris, se trouvent encore le pavillon de l'Observatoire de la Marine et du Bureau des longitudes créé en 1875. La revue Ciel éditée par l'Association française d'astronomie depuis 1983 occupent ces anciens locaux. 

Parc Montsouris 
2 rue Gazan - Paris 14
RER Cité Universitaire ligne B




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur 14è arrondissement - Michel Dansel - Parigramme
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme