Paris : Champ de Mars, l'un des plus grands jardins parisiens, un écrin pour la Tour Eiffel - VIIème


Le Champ de Mars, vaste de 24,3 hectares, est l'un des plus grands jardins publics. Entre la Tour Eiffel et l'École Militaire, dans le quartier du Gros-Caillou, il déroule sa perspective jusqu'à la rive droite et le Trocadéro. Ce parc ouvert, sans grilles, a été aménagé entre 1908 et 1927 sur un ancien terrain de manoeuvres. L'architecte Jean-Camille Formigé (1845-1926), avec la contribution de l'architecte Joseph-Antoine Bouvard (1840-1920) et du paysagiste Jean-Claude Nicolas Forestier (1861-1930), imagine deux secteurs paysagers contrastés. Le premier, géométrique à la française se déploie sur l'axe central. Le réseau d'allées rectilignes scande un plan régulier, carrés de pelouses bordées de platanes. Le tracé du grand bassin est repris par des lignes concentriques. Le second à l'anglaise moins rigoureux, laisse la nature s'exprimer, sentiers courbes et bosquets. Au pied de la Tour Eiffel, allées et pièces d'eau pittoresques reprennent le plan du parc créé pour l'Exposition Universelle de 1889. Un kiosque et des édicules classiques complètent l'aménagement.

Quelques oeuvres et monuments animent les vastes espaces du parc. Sur la place Joffre, se dresse une sculpture équestre du général Joffre (1852-1931), oeuvre de Maxime Real del Sarte (1888-1954), inaugurée en 1939. Démonté en 2020 pour faire place au Grand Palais éphémère, "le Mur pour la Paix" (2000), de Clara Hutter et Jean-Michel Wilmotte, parcouru par le mot "paix" en quarante-neuf langues, est en quête d'un nouvel emplacement. Réalisé à l'occasion du bicentenaire de la Révolution, le Monument aux droits de l'Homme, du sculpteur Ivan Theimer, a trouvé sa place côté rue de Belgrade. "La chaste Suzanne" d'Alix Marquet (1875-1939) inaugurée en 1927, disparue durant vingt-cinq ans, a été réinstallée en 2022 au bord de son bassin. Au cours de l'Entre-deux-guerres, des hommages sont placés au pied de la Tour Eiffel, un buste du général Ferrié, de François Sicard (1862-1934) établi en 1933, un autre de Gustave Eiffel, oeuvre d'Antoine Bourdelle (1861-1929).








En 1751 Louis XV (1710-1774) fonde l'École Militaire. Il choisit la plaine Grenelle afin d'y établir cette institution d'enseignement supérieur destinée à former les officiers. Les bâtiments sont élevés sur les plans d'Ange-Jacques Gabriel (1698-1782), premier architecte du roi. Entre la Seine et l'ensemble en construction se trouvent des terres maraîchères en location, exploitées par des maraîchers et des particuliers. 

En 1765, le domaine agricole est réaffecté, aménagé en esplanade nivelée, susceptible d'accueillir dix-mille hommes. Entouré de vastes fossés maçonnés, accessible par cinq ponts, il devient un terrain de manœuvres pour les élèves de l'École Militaire. Dès le XVIIIème siècle, l'urbanisation du quartier réduit progressivement son périmètre. 








Le Champ de Mars devient, dans les années 1780, un haut lieu d'expériences aérostatiques. S'y croisent les frères Montgolfier, Joseph-Michel Montgolfier (1740-1810) et Jacques-Étienne Montgolfier (1745-1799), inventeurs de la montgolfière, ballon à air chaud, leur rival le physicien Jacques Charles (1746-1823) inventeur d'un ballon à gaz gonflé à l'hydrogène, qui collabore avec les frères Robert, Anne-Jean Robert (1758–1820) et Nicolas-Louis Robert alias Marie-Noël Robert (1761-1828), ingénieurs et aérostiers.

Au cours de la Révolution, le Champ de Mars accueille des manifestations variées. Le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération célèbre dans une atmosphère d'unité nationale le premier anniversaire de la prise de la Bastille, tandis que Louis XVI prête serment à la Nation et à la Constitution. Le 8 juin 1794, la Fête de l'Être Suprême est présidée par Maximilien de Robespierre (1758-1794). En 1798, la première exposition des produits de l'industrie se tient au Champ de Mars. En 1804, Napoléon organise la Distribution des aigles, cérémonie militaire. En 1815, Louis XVIII répond par la distribution des drapeaux blancs. Sous Charles X et Louis-Philippe, les troupes passent en revue au Champ de Mars. À la suite du comblement des fossés autour de l'esplanade, en 1840, des courses de chevaux sont organisées et se poursuivent jusqu'à la construction de l'hippodrome de Longchamp en 1857.








Les Expositions Universelles successives 1867, 1878, 1889, 1937 se déroulent en partie au Champ de Mars. En 1867, un parc paysager, ponctué de pavillons, entoure une galerie centrale. En 1878, le palais de Chaillot voit le jour sur la colline du Trocadéro, dans la perspective du Champ de Mars aménagé à nouveau en jardin. Au centre de celui-ci est édifié un palais rectangulaire structure métallique, dessiné par Léopold Hardy. 

En 1881, le Ministère de la Guerre vend le terrain du Champ de Mars à la Ville de Paris tandis que se prépare l'Exposition Universelle de 1889, pour le centenaire de la Révolution française. Adolphe Alphand (1817-1891) ingénieur des Ponts et Chaussées, directeur des Travaux de la ville de Paris, père des espaces verts, est chargé des aménagements paysagers. La Tour de 300 mètres, future Tour Eiffel repousse les records. Au coeur du parc, Jean-Camille Formigé signe les palais des Beaux-Arts et des Arts libéraux. Dans l'axe principal, est créée la fontaine du Progrès décorée d'un groupe de Jules Coutan (1848-1939) "La Ville de Paris éclaire le monde de son flambeau". Les architectes Ferdinand Dutert et Stéphen Sauvestre, assistés de l'ingénieur Victor Contamin, dessinent la galerie des Machines, devant l'École Militaire. 







En 1908, désormais propriété de la Ville, le Champ de Mars est aménagé en parc d'agrément, sous la houlette de Jean-Camille Formigé avec la contribution de l'architecte Joseph-Antoine Bouvard (1840-1920), du paysagiste Jean-Claude Nicolas Forestier (1861-1930). Afin de dégager la perspective sur l'École Militaire, la galerie des Machines est démolie en 1909. Les parcelles en bordure du jardin sont loties, à l'instar de l'avenue Élisée Reclus.

Champ de Mars
Métro Bir-Hakeim ligne 6 / RER C Champ de Mars Tour Eiffel



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


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Le guide du promeneur du 7è arrondissement - Françoise Colin-Bertin - Parigramme
Grammaire des jardins parisiens - Dominique Jarrassé - Parigramme
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages