La Cité Florale, dans le XIIIème arrondissement, est le fruit d'une histoire mouvementée, celle de la création d'une ville moderne sous le Second Empire et de la disparition d'une rivière emportée par l'urbanisation au tournant du XXème siècle mais aussi de l'évolution économique et démographique d'un territoire. Entre les quartiers Maison Blanche et Glacière, il y a peine un siècle, s’épanouit une vaste étendue champêtre, une campagne marquée par le profond sillon de la Bièvre aujourd’hui comblé. La présence de la rivière et l’implantation des carrières déterminent le mode d’urbanisation du quartier. A la fin du XIXème siècle, la vallée est remblayée sur 12 à 20 mètres de profondeur l’équivalent d’un immeuble de quatre à six étages. Ce terrain meuble bon marché attirent de petits investisseurs qui dans un premier temps misent pour des raisons techniques sur des constructions de hauteur modérée. Au début du siècle dernier, entre 1900 et la Première Guerre Mondiale, de nombreuses petites maisons individuelles sont érigées sur la zone de comblement de la vallée même, des ilots résidentiels dont il reste peu de choses de nos jours. Les grandes opérations d’urbanisme menées dans les années 1960-70 ont donné au XIIIème arrondissement de Paris le visage singulier d’un tissu urbain tout en verticalité.
A côté de la place de Rungis qui date du XIXème siècle, à deux pas des Maréchaux, le quartier a connu des transformations récentes. De nombreux jardins publics, des résidences étudiantes, des immeubles d’habitation et toutes les infrastructures telles que crèche, maison de quartier viennent revitaliser une zone jusqu’alors délaissée. La Zac de Rungis premier éco-quartier de Paris dont l’aménagement a débuté en 2004, s’étend sur 3,8 hectares entre le parc Montsouris et la Porte d’Italie. D’ici 2017, y sera implanté le nouveau terminus de la ligne 5 prolongée depuis cette dernière.
La rue Brillat-Savarin chemine à travers ce quartier en un curieux lacis semi-circulaire car elle a été tracée sur l’ancien cours de la Bièvre. Dans les environs, le comblement de la vallée n’est d’ailleurs plus du tout perceptible. Les flâneurs parisiens poussent souvent leurs pérégrinations à travers ce dédale urbain pour partir à la découverte de confettis hors du temps, des ilots, rescapés miraculeux de toutes les métamorphoses de la ville.
La Cité Florale, l’un de ces heureux vestiges, accessible depuis les rues Brillat-Savarin et Auguste-Lançon, a été construite entre 1925 et 1930 par les sociétés AEDES et Ménage. Bâtie sur l’emplacement du dernier des étangs alimentés par la Bièvre, sorte de pré inondé compris entre les deux bras de la rivière, la Cité Florale était une zone marécageuse, l’un des plans d’eau qui l’hiver venu attirait les riverains. Ceux-ci venaient y briser la glace pour la vendre. C’est ainsi que le quartier a conservé le nom de Glacière.
Le lotissement en triangle de la Cité Florale, initié en 1928, forme un micro-quartier à la physionomie insolite, ordonné autour d’une placette baptisée square des Mimosas. Minuscule enclave fleurie entourée de hautes tours modernes, cette campagne en ville, est parsemée de maisonnettes de style hétéroclite qui s’harmonisent dans leurs proportions. L’ensemble pavillonnaire remarquable se composent de jolies villas aux murs et volets colorés dont l’architecture diverse se couvre de vigne vierge et de lierre.
La glycine abonde, les arbres en automne rougeoient dans le pâle soleil. Végétation luxuriante, jardinets entretenus avec amour, balcons verdoyants et plantes en pot parsemant les ruelles pavées donnent à cette singulière parcelle une atmosphère paisible de quiétude heureuse. Les chats, gardiens des lieux, viennent accueillir les promeneurs dans le bourdonnement des abeilles. Les venelles portent des noms évocateurs de fleurs, rue des Glycines, des Volubilis des Orchidées, des Iris, des Liserons. Une promenade aussi charmante que surprenante.
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