Paris : Les 10 plus jolies rues champêtres à Paris

 


Au fil de ces 10 rues champêtres, la promenade révèle un Paris différent. Enclaves de nature inattendue, surprenantes ruelles fleuries, impasses verdoyantes, ces venelles permettent aux Parisiens en mal de nature d’échapper le temps d’une balade au tumulte de la ville, pour le prix d’un ticket de métro. La campagne au cœur de la Capitale nous invite à la flânerie, à ralentir le rythme de nos vies effrénées. Les ruelles à échelle humaine, réminiscences des micro-quartiers hérités des anciens villages et communes rattachés à Paris en 1860, déploient des charmes insolites. Architectures modestes, coquets pavillons, maisons faubouriennes, jolies ruines, ces décors bucoliques déploient des ambiances uniques. Les floraisons printanières et estivales viennent parfaire le tableau de ces havres de paix à l’abri du trafic, hors du tumulte de la ville somptuaire, loin des grands monuments et des vastes artères haussmanniennes. Les façades envahies de vigne vierge, les treilles où courent la glycine, le chant des oiseaux et le parfum des fleurs leur confèrent une atmosphère bucolique de jolie province. Petits paradis des piétons, jolis secrets préservés, ce souvenir vivant du Vieux Paris nourrit précieux, un esprit de village. Les riverains souvent engagés dans des associations citoyennes de préservation ont pour mot d’ordre entraide et solidarité. Ainsi en cas de visite, il est obligatoire de respecter la tranquillité des lieux et les règles élémentaires de courtoisie. Florilège, voici les 10 plus jolies rues champêtres à Paris !





Accès au 70-72 rue du Moulin-des-Près - Paris 13
Métro Tolbiac ligne 7

Le minuscule Square des Peupliers est tracé en 1926, décrochage insolite depuis la rue du Moulin-des-Prés. Le lotissement en triangle se love autour d’une allée, boucle piétonne ponctuée de lampadaires. La voie tout d’abord entièrement privée a été ouverte à la circulation publique par arrêté du 23 juin 1959. Les petites maisons en séries hétéroclites, briques, pierre de meulière ou façades immaculées, sont dotées de jardinets abondamment fleuris et protégées par des grilles en fer forgé. Jolies marquises, vélos, volets et portes aux couleurs vives complètent le tableau. Le charme pittoresque légèrement désuet de ces pavillons résiste aux outrages du temps qui passe, patine de caractère. La végétation foisonne. Glycines, lierres, vignes vierges dissimulent les maisonnettes au regard des promeneurs. Les troènes impeccablement verts consolent le lilas et le jasmin des jours qui raccourcissent. Et le flâneur de Paris s’en retourne au chaos de la ville, le coeur un peu plus léger.





Accès 41 rue du Château-des-Rentiers et 32 bis rue Nationale - Paris 13
Métro Olympiades ligne 14

Le passage Bourgoin, rescapé d'une époque lointaine, typique d'un tissu urbain disparu est le vestige du passé d’un arrondissement autrefois ouvrier. Au Sud-est du XIIIème, quartier bouleversé par les grands travaux débutés dans les années 60, résiste encore et toujours ce petit passage bucolique d'à peine 150 mètres de long. Bordé de pavillons, bicoques anciennes et maisons d'architecte modernes, le passage est envahi d'une végétation qui submerge la venelle par-dessus les murs. Bignonias, vignes, volubilis, rose déploient leurs volutes colorées dans l'abondance des parfums fleuris. Une partie des bâtisses alignée sur la voie affiche des façades chamarrées tandis que l'autre adossée au fond de la parcelle dégage des jardins sur la rue. Côté rive sud, les maisons construites en L ouvrent leurs courettes sur le passage rabattant leur aile en retour à l'alignement. Dans cette atmosphère de village, intime et pittoresque, le flâneur trouve le temps d'une parenthèse enchantée qui doit sa survie à la ténacité des riverains.





Accès 32 rue Didot / 87 rue Raymond Losserand - Paris 14
Métro Pernety ligne 13

De la rue des Thermopyles aux villas de la rue Didot, la traversée de l'ancien village de Plaisance réserve des moments propices à la flânerie. La verdoyante rue des Thermopyles, pure création du célèbre spéculateur Alexandre Chauvelot (1791-1861), ancêtre des grands promoteurs immobiliers, est l'exemple parfait de ces cités ouvrières devenues petit luxe parisien. L'homme d'affaires se révèle hellénophile amateur d'histoire antique dans ses choix d’appellation. En 1845, il créé le village des Thermopyles ainsi que le passage Leonidas. La minuscule agglomération voit le jour sur un terrain inculte, troué de carrières qui coïncide avec l'ancien domaine de Fantaisie, dont la propriété a longtemps été attribuée au Duc du Maine, fils légitimé de Louis XIV et Madame de Montespan. Le passage des Thermopyles est alors la voie principale de cette création urbaine en plein cœur de Plaisance qui sera rattaché à Paris en 1860. En 1937, après nombre de remaniements et quelques amputations, le passage des Thermopyles change de qualification pour devenir rue. De nos jours, au nord de la rue des Thermopyles, vers la rue de Plaisance, la ville est typiquement faubourienne avec son bâti de taille moyenne, ses constructions de briques rouges et grises tandis qu'au Sud, côté rue Boyer-Barret, les façades s'affichent haussmanniennes. 





Accès 8-12 rue Nansout / 51 avenue de Reuille - Paris 14
Métro Porte d’Orléans ligne 4

Le square de Montsouris, ruelle pavée abondamment fleurie, est bordé de jolies maisons de ville construites au début des années 1920. Le lotissement se compose de soixante-deux villas construites à partir de 1923. Réalisées par l’architecte Jacques Bonnier, vingt-huit d’entre elles en briques rouges ou ocres étaient à l’origine des HBM habitations à bon marché, ancêtres des HLM, de 1874 à 1949. Aux logements sociaux, ont été ajoutés des pavillons de caractère résultats d’initiatives particulières. L’architecture hétéroclite du square de Montsouris se décline en fantaisie Art Nouveau ou Art Déco, selon des lignes classiques, un graphisme moderne ou encore une silhouette résolument contemporaine. La couleur s’y assume pleinement et les détails charmants ne manquent pas. Colombages nostalgiques, marquise pimpantes, oriels capricieux, colonnades d’opérette rivalisent avec les exubérances végétales de la vigne vierge et des glycines presque centenaires. 





Accès 32 rue Santos-Dumont - Paris 15
Métro Plaisance ligne 13

A deux pas du parc Georges Brassens, la villa Santos-Dumont, singulière venelle, impasse discrète, séduit les amoureux du Paris insolite et méconnu. Georges Brassens quittant son XIVème chéri habita de 1969 à 1981, date de son décès, au numéro 42 de la rue éponyme. La parcelle originelle entre vignes et champs est lotie de 1919 à 1920 afin d’y construire vingt-cinq maisons. La villa créée en 1926 prend le nom de villa Chauvelot en hommage au promoteur Alexandre Chauvelot (1796-1861). Le calme pittoresque de la petite impasse séduit de nombreux peintres de Montparnasse. Les pavillons se dotent de larges baies vitrées, les porches prennent de l'ampleur pour permettre la livraison de la pierre des sculpteurs. Ossip Zadkine (1890-1961) réside au numéro 3 de 1925 à 1960.  Fernand Léger (1881-1955) y fait un bref séjour de 1928 à 1930. Parmi les hôtes célèbres de la villa Santos-Dumont, le peintre Victor Brauner (1903-1966) qui y demeure de 1938 à 1945 au 10 bis, le sculpteur Emmanuel Guérin (1884-1967) au numéro 13, le mosaïste et homme de lettres italien Armand Gatti (1924-2017) au 15 et l'écrivain Jeanne Champion (1931-2022) au 17. Cité des arts improvisée, la villa se distingue par la variété de son architecture. Bicoques aux allures anglo-normandes, briques rouges post-industrielles, couleurs estivales, maisonnettes avec jardin et ateliers reconnaissables par leurs vastes verrières disparaissant dans la végétation. 





Accès par le 23 ter avenue Junot - Paris 18
Métro Lamarck-Caulaincourt ligne 12

La Villa Léandre, au 23 ter avenue Junot dans le quartier des Grandes Carrières, est un petit paradis fleuri à la quiétude heureuse. Impasse bordée de maisons au style anglo-normand, cette venelle pavée dont le calme est à peine troublé par l'animation du récent bar-restaurant so trendy Marcel, est un lieu privilégié qui ravit les amoureux du Paris insolite. Si les riverains installés depuis des générations, mi-figue mi-raisin devant ce regain de popularité, ne se plaignent pas trop, c'est que la douceur de vivre y est incomparable. Le cadre singulier de la ruelle attire de nombreux tournage cinéma et télévision. Côté numéros pairs, pavillons de briques aux toits d'ardoise, maisonnettes blanches aux volets colorés, bows-windows très britanniques, façades abondamment fleuries rappellent le style architectural londonien. Les minuscules jardinets entretenus avec amour rivalisent d'exubérance verdoyante tout à fait champêtre. Du côté des numéros impairs de petits immeubles plus récents ont été édifiés sur une partie de parcelle appartenant au site du Vieux Montmartre. Si à l'origine, celle-ci n'était pas censée être constructible, il semblerait que quelques magouilles aient permis l'édification de ces bâtiments.





26 rue de la Duée / 119bis-121 rue Pelleport - Paris 20
Métro Télégraphe ligne 11
La rue Taclet et la villa Georgina forment une boucle champêtre au cœur d’un quartier marqué par la verticalité minérale des tours sur dalle. Ce lotissement délicieux, incursion de nature dans un ensemble sans charme, illustre les différences de proportions entre l’ancien tissu urbain et le bâti de la fin du XXème siècle. Les deux ruelles bordées de maisons ouvrières datant de la deuxième moitié du XIXème siècle s’échappent depuis les rives de la rue de la Duée, ancien sentier indiqué sur le plan de 1672. Elles rappellent le tracé des étroits sentiers et autres chemins de campagne des vieux hameaux de Belleville et Charonne. Rattachées à Paris en 1860, ces communes s’étaient développées autour de terres maraîchères et de vignobles. Les parcelles par leur forme allongées conservent encore la trace de cette activité agricole. Entre deux citadelles de béton, le décor charmant de la rue Taclet et de la villa Georgina, rappelle l’authenticité d’un Paris disparu dont les photographies de Willy Ronis préservent jalousement la mémoire. Au fil de cette enclave verdoyante, la poésie en noir et blanc de ces images reprend des couleurs. Il devient plus aisé de se remémorer l’atmosphère du vieux Ménilmontant, les cours d’artisans, les ruelles étroites parcourues d’escaliers. 





Accès 50 boulevard de Charonne / 44 rue des Orteaux - Paris 20
Métro Buzenval ligne 9 ou Avron ligne 2

La rue des Vignoles, établie sur les traces d'un vieux sentier rural de l'ancienne commune de Charonne, a conservé un certain charme villageois malgré de nombreuses réhabilitations. En façade sur rue, l'architecture simple des anciens faubourgs se mêle avec bonne intelligence aux nouvelles maisons d'architecte. Mais les nombreux passages et impasses, une quinzaine au total, disposés perpendiculairement à la voie, font toute sa particularité. Ce tissu urbain original hérité d'une tradition ouvrière et artisanale du XIXème siècle doit la singularité de son parcellaire à l'histoire du quartier qui est intimement liée à la vigne. Pavillonnaire très serré, courettes privées, persistance d'une activité artisanale et d'ateliers d'artistes, les impasses surprennent par leur étroitesse, composition d'un autre temps. Lorsque la réhabilitation n'a pas été possible, elles ont été entièrement réinventées par la modernité tout en respectant l'identité du bâti. Le micro-quartier écologique Eden Bio dont les immeubles contemporains relativement bas se fondent dans la typologie du paysage originel est un bel exemple de ce processus. Petite histoire de la rue des Vignoles et grand récit de la transformation de Paris.





Accès 47 bis rue de la Chine - 244 rue des Pyrénées - Paris 20
Métro Gambetta lignes 3, 3bis

A quelques encablures de la place Gambetta, quartier populaire animé, existe l’un de ces nombreux secrets caractéristiques du XXème arrondissement préservé. Le passage des Soupirs dépayse par ses allures insolites d’îlot champêtre où les oiseaux et les chats sont rois. Venelle pavée bordée d’habitations, il porte un nom énigmatique aussi évocateurs que mystérieux, entre extase et désolation. Si le Pont des Soupirs à Venise évoque bien ceux des amants, le romantisme de cette allée verdoyante reste à démontrer. Le passage des Soupirs est indiqué dès 1812 à l’état de sentier sur le plan cadastral de la commune de Belleville, bien avant le rattachement haussmannien de 1860. Pavillons ouvriers datant du XIXème en pierre de meulière, maisons de ville en briques, petits immeubles années 60 et bâtisses modernes éco-conçues cohabitent avec harmonie. Un jardin communautaire fait la joie des plus jeunes et des riverains épris d’horticulture.





Accès 14/16 rue de l’Ermitage et 313 rue des Pyrénées - Paris 20
Métro Jourdain ligne 11 ou Pelleport ligne 3bis

La Villa de l'Ermitage, voie privée bucolique, trottine joyeusement à travers la verdure. Petites maisons de ville, pavillons, ateliers d’artistes bordés de jardinets et de courettes, les constructions hétéroclites pleines de charme se distinguent par leurs portails en fer forgé ouvragés, des volets colorés et la végétation entretenue avec soin par les riverains. Palmiers, glycines, lilas, rosiers, vignes vierges, magnolias, cerisiers verdoient toute l’année et s’épanouissent en gerbe de fleurs au gré des saisons. Ce havre de paix, a préservé un esprit bohème et populaire. Bicoques branlantes, échoppes d’artisans et bistrots auvergnats sont le symbole du vieux Belleville. La Villa de l’Ermitage est un confetti verdoyant, mémoire d’un quartier disparu célébré par les photographies de Willy Ronis. Passage parcellaire typique du début du siècle, à la limite de Ménilmontant, la villa est indiquée sur le cadastre de la commune de Belleville dès 1812. A partir de 1857, elle est réellement bâtie pour devenir une allée bordée d’habitations. Le règlement d’urbanisme est plutôt souple au XIXème siècle. La Villa de l’Ermitage semble avoir bénéficié d’un statut particulier avec des contraintes de gabarit. Les maisons ne dépassent pas 3 mètres de hauteur. Ateliers industriels, machines à vapeur y sont interdits pour en préserver le cadre. En 1877, un arrêté préfectoral réunit la Villa de l’Ermitage à une partie de l’ancien Passage de l’Est. 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.