L'exposition "Pierre et Gilles. Mondes Marins", aux Franciscaines de Deauville, dévoile un parcours thématique depuis les premières oeuvres communes du duo d'artistes,, à la fin des années 1970, jusqu'à nos jours. Marins, saints, voyous, madones, tritons, sirènes se jouent des ambivalences pour dépasser le simple registre onirique et embrasser les zones d'ombre, les fêlures porteuses de sens. Merveilleux et réalisme se contaminent l'un l'autre afin de se confronter au chaos du monde et poétiser la réalité. Pierre et Gilles inventent des espaces de liberté et célèbrent les contre-cultures.
De leur enfance en bord de mer, à la Roche-sur-Yon pour Pierre Commoy, au Havre pour Gilles Blanchard, le tandem a conservé un goût pour les imaginaires liés à l'océan et aux marins. Le souffle épique de l'aventure et le charme des uniformes, marinières, bérets à pompon - "Le marin (Philippe Gaillon)" (1985) - faisaient rêver les gamins. Le cinéma a entretenu ces belles images, l'acteur Jacques Perrin dans "Les demoiselles de Rochefort" (1967) de Jacques Demy, "Querelle" (1982) de Werner Fassbinder. La littérature - Jean Genet, Jean Cocteau, Ousmane Sembène - a gravé des mots. Et dans un mouvement fluide, les matelots au sourire tendre ont pris des allures sexy de petites gouapes pasoliniennes, tatouées, dénudées, dangereuses. Pierre et Gilles convoquent la lumière et glissent vers les ténèbres qu'ils parent de paillettes. Les ports et les docks dévoilent leur nature de sites industriels, proches des milieux interlopes poisseux, de la nuit et de la marge, où règnent la prostitution, le sexe, l'alcool, les paradis artificiels - "De l'autre côté de l'amour (Sylvie Vartan" (2008).
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