Julien Ceccaldi - Secret of Polichinelle (2018) |
"J'ai pleuré devant la fin d'un manga", deuxième chapitre d'une exposition collective itinérante, emprunte son titre aux paroles de la chanson "Lundi", Johan Papaconstantino, auteur compositeur interprète et peintre. Initié au sein de l'École municipale des Beaux-arts Galerie Édouard Manet de Gennevilliers, l'évènement réuni sept artistes contemporains internationaux, dont certaines oeuvres présentées ont été produites à l'occasion. Le personnage Nans de Pomurolt joue les cicérones et nous invite à parcourir les salles du Château d'Aubenas investies par un hôte mystérieux, résident magicien, créature mystique.
Installations, vidéos, illustrations, sculptures, une quarantaine d'oeuvres ponctue le défilé des pièces, salons, chambres, donjon. La vidéo queer de l'artiste chinois Tianzho Chen ouvre le bal dans un foisonnement de symboles, provocations rose bonbon, message d'amour, de tolérance. Les tableaux incandescents de la suissesse Nataché Donzé côtoient les furries en tenue de ville ou robe de chambre de l'argentine Ad Minoliti. Mi, la princesse Disney sous acide de l'artiste britannique Rachel Maclean embrasse les extravagances les plus colorées pour interroger les dérives de la société contemporaine, la surconsommation, l'identité. Ram Ha, plasticienne sud-coréenne, propose une installation multimédia avec casque de réalité virtuelle. Le cabinet d'alchimie où vivent les fictions de Youri Johnson, pseudonyme de Romain Noël, chercheur, poète, livrent les secrets de recherches transdisciplinaires. Dans la dernière salle, le canadien Julien Ceccaldi multiplie les pistes peinture, sculpture, bande dessinée, installation, textiles, pour nous conter l'histoire de "Secret of Polichinelle".
Tianzhuo Chen - 19:53 (2015) |
Natacha Donzé - Warning signals (2024) / Ad Minoliti - Many (2021) |
Ad Minoliti - Many (2021) |
Ad Minoliti - Many (2021) / Natacha Donzé - Warning Signal (2024) |
Dans un monde contemporain ultraconnecté, quotidien saturé d'images, de signes, la diffusion des mangas a provoqué des hybridations esthétiques puissantes. Les romans graphiques japonais s'inscrivent dans une tradition ancienne, les rouleaux peints et la peinture narrative. Aujourd'hui, des bande-dessinées aux animés, la culture manga produit des interfaces, autant de portes d'accès aux univers alternatifs. L'exposition "J'ai pleuré devant la fin d'un manga" tend à rendre compte des mutations esthétiques, véritables transitions qui entretiennent le sentiment de l'étrange, le bizarre, le baroque.
La mondialisation et l'évolution des technologies favorisent la propagation de la culture manga et le renouvellement des imaginaires communs. Ses héros, figures aux attributs spécifiques, deviennent les figures de mythologies alternatives. Les créatures imaginaires, chimères fantasmatiques relèvent du conte de fée moderne, du folklore actuel et traduisent la capacité à se renouveler, à devenir autre. Les imaginaires symbiotiques, fruits d'un bouillonnement créatif intense, permettent de développer de nouveaux circuits de création qui engendre des mouvements culturels, politiques, musicaux, artistiques.
Rachel Maclean - Don't buy Mi (2022) |
Rachel Maclean - Don't buy Mi (2022) |
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Ram Han - Do not disturb : Director's Wang last prayer (2024) |
Youri Johnson - Black rose altar (The revenge of Artemis) (2022) |
Youri Johnson - Black rose altar (The revenge of Artemis) (2022) |
Selon les commissaires de l'exposition "J'ai pleuré devant la fin d'un manga", Félicien Grand d’Esnon & Alexis Loisel-Montambaux, la culture manga traduit une empathie vis à vis des fictions qui nous entourent au quotidien. Elle entretient un sentiment d'appartenance à une communauté à l'échelle mondiale, phénomène d'identification qui induit une mémoire collective inattendue et des préceptes inédits de construction de soi. Réinvention esthétique, elle nourrit l'imagerie contemporaine, culture populaire comme beaux-arts.
Les cultures visuelles des artistes contemporains s'imprègnent de cette esthétique manga, graphisme et conception, pour l'intégrer dans les outils de représentation. Ce vocabulaire plastique inédit se fait facteur de réflexions, nécessaire introspection et pas de côté esthétique afin d'embrasser des engagements pas exempts de provocations. Ainsi l'esthétique kawaï, esthétique du mignon, née dans les années 1970 au Japon, prend sa source dans un mouvement de rébellion contre la société traditionnelle patriarcale. Forme de contre-culture, elle assied ses revendications par le biais d'attitudes régressives ou de la parole d'enfance, éternelle adulescence.
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Julien Ceccaldi - Secret of polichinelle (2018) |
Julien Ceccaldi - Secret of Polichinelle (2018) |
Julien Ceccaldi - Secret of Polichinelle (2018) |
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Julien Ceccaldi - Secret of Polichinelle (2018) |
Julien Ceccaldi - Secret of Polichinelle (2018) |
Dans le cadre de l'exposition "J'ai pleuré devant la fin d'un manga", les expérimentations plastiques menées par les différents intervenants s'attachent à brouiller les pistes entre la réalité et le virtuel pour dépasser la simple perception humaine. Les séquences rythmées par les ruptures se composent de fragments de mondes, croisement des imaginaires et des expériences vécues.
L'évolution considérée comme une opportunité embrasse les incertitudes transformatives, performatives. Le sens, les signes, les symboles questionnent la représentation des choses et la manière d'appréhender le monde.
Commissariat CRO : Félicien Grand d’Esnon & Alexis Loisel-Montambaux.
Artistes : Julien Ceccaldi, Tianzhuo Chen, Natacha Donzé, Ram Han, Youri Johnson, Rachel Maclean, Ad Minoliti
J'ai pleuré devant la fin d'un manga
Jusqu'au 30 mars 2025
Le Château Centre d'art contemporain et du patrimoine d'Aubenas
Place de l’Hôtel de ville – 07200 Aubenas
Tél : 04 28 70 86 15
Horaires d’ouverture
Du 6 juillet au 13 octobre 2024, ouvert 6 j/7, du mardi au dimanche de 10h à 19h
Du 10 juillet au 28 août 2024, horaire différent le mercredi de 12h à 21h
Du 16 novembre 2024 au 30 mars 2025, ouvert les mercredi, samedi et dimanche de 11h à 18h et pendant les vacances scolaires du mercredi au dimanche de 11h à 18h
Accessibilité
En train :
• Gares les plus proches : Montélimar (Paris – Montélimar 2h55) et Valence (Paris – Valence 2h10)
En bus :
• Depuis Montélimar : Ligne X74
• Depuis Valence : Ligne X73
• Depuis Avignon : E15
En voiture :
• Depuis Paris : A6 puis A7 vers Lyon/Marseille – Sortie 16 Loriol-Sur-Drôme – Suivre D104
• Depuis Marseille : A7 vers Lyon/Paris – Sortie 18 Montélimar – Suivre D107 puis N102
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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