Paris : L'Oiseau Niki de Saint Phalle posé sur la tombe de Jean-Jacques Goetzman au cimetière du Montparnasse - XIVème

 


Un oiseau miroitant, ange de lumière signé Niki de Saint Phalle (1930-2002), attend son envol posé sur la tombe de Jean-Jacques Goetzman, dans la 18ème division du cimetière du Montparnasse. Pour toute épitaphe, se lisent ces mots "À mon ami, Jean Jacques, un oiseau qui s’est envolé trop tôt. Niki". Cette sculpture, expression de son attachement, à l'instar du Chat placé sur la tombe de Ricardo Menon,  traduit une vision thérapeutique de l'art, pratique permettant de surmonter deuil et douleur de la perte.

Niki de Saint Phalle s'engage dès les années 1980 dans la lutte contre le sida. Elle est profondément marquée par la disparition de nombreux amis. Pour rendre hommage à ses proches emportés dans la force de l'âge, elle réalise des oeuvres hommages. Geoffrey Humphrey, grand ami de Niki de Saint Phalle, lui présente Jean-Jacques Goetzman, son colocataire. Ils partagent un appartement dans une résidence qui accueille les malades séropositifs. Philip Mathews, fils de la plasticienne, prend soin de Jean-Jacques Goetzman jusqu'à la fin. Ce dernier décède en 1992. Niki de Saint Phalle réalise alors un oiseau fantastique, destiné à orner sa tombe, structure de métal composée d'éléments prélevés dans la réserve de Jean Tinguely, et tessons de miroir. 



Niki de Saint Phalle s'initie à l'art en autodidacte. Les artistes tels que Jackson Pollock, Antoni Gaudi, le Facteur Cheval, influencent son esthétique et sa pratique qu'elle considère comme une thérapie qui "calmait le chaos qui agitait [son] âme et fournissait une structure organique à [sa] vie". Dans les années 1960, elle fait la connaissance du plasticien suisse Jean Tinguely, son compagnon puis son époux. Par son intermédiaire, elle intègre le groupe des Nouveaux réalistes fondé par Yves Klein et Pierre Restany. 

Ses monumentales "Nanas" incarnent la féminité libérée des injonctions sociétales, l'émancipation politique des femmes. En parallèle, le bestiaire de Niki de Saint Phalle embrasse l'imaginaire des contes de fée et du folklore, créatures fantasmagoriques familières. Les animaux de Niki de Saint Phalle sont marqués par la dualité, à la fois monstres et totems bienveillants. Ils représentent souvent l'essence des êtres humains. Dans les yeux de Niki de Saint Phalle, Jean-Jacques Goetzman était un oiseau.







Sculptures allégoriques, tableaux performances, films psychanalytiques, l'oeuvre de Niki de Saint Phalle s'inscrit dans un engagement militant, féministe, pour les droits civils, lutte contre le sida. L'épidémie fait des ravages parmi ses proches. En 1986, elle publie le livre "AIDS, you can't catch it holding hands". Aux côtés de son fils Philip Mathews, elle réalise une série de publicités entre 1990 et 1991 pour le compte de la Sécurité sociale française afin de sensibiliser le grand public. 

Tombe de Jean-Jacques Goetzman Oiseau Niki de Saint Phalle 
Division 18

Cimetière du Montparnasse
3 boulevard Edgar-Quinet - Paris 14
Tél : +33 (0)1 44 10 86 50
Horaires : Du 16 mars au 05 novembre, tous les jours de 8h à 18h. 8h30 le samedi et 09h00 le dimanche. Du 06 novembre au 15 mars, tous les jours de 8h à 17h30. 8h30 le samedi et 09h00 le dimanche
Métro : Raspail lignes 4 et 6 / Gaîté ligne 13




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.