L'église Sainte Rita, désacralisée, abrite aujourd'hui une salle d'escalade du groupe Climbing District. Cette réhabilitation originale est le résultat d'un long imbroglio opposant des promoteurs désireux de démolir la chapelle afin de construire des logements sociaux et des associations catholiques traditionalistes soucieuses de la préservation d'un patrimoine jugé sans grand intérêt par la Commission du Vieux Paris. La chapelle édifiée en 1900 connait, de nos jours, un renouveau pittoresque. À défaut d'intérêt patrimonial, l'histoire de l'église Sainte Rita ne manque pas de saveur.
En 1898, la société des Chapelles catholiques et apostoliques acquiert un terrain sur la rue François Bonvin ouverte en 1885 au coeur du XVème arrondissement. Cette institution relève d'une branche dissidente de l'Église écossaise fondée en 1835. La communauté souhaite faire construire une chapelle dédiée à sainte Rita de Cascia, patronne des causes désespérées. Les architectes Paul Gravereaux (1876-1934) et Eugène-Théodore Judlin (1863-1946), dont le cabinet se trouve 4 avenue de Villiers, imaginent un édifice de style néogothique développé sur un plan à nef unique. Le chantier s'achève en 1900.
La chapelle conserve un chemin de croix et une grille de fer forgé autour de la châsse de sainte Rita, laquelle contient le gisant en cire de la sainte, originaires de la chapelle du couvent des religieuses de Sens. Le confessionnal est un don de la mission catholique belge de Paris. Des reliques de la Vraie Croix, de saint Pierre, de sainte Geneviève et de sainte Rita entretiennent sa réputation. Dans les années 1970, le mouvement millénariste qui prêche le retour imminent du Christ, connait le déclin. Églises et lieux de cultes sont vendus ou désaffectés. La société des Chapelles catholiques et apostoliques confie la gestion de la chapelle Sainte Rita à l'église anglicane Sainte Rita en 1987-88. Dès lors, y sont célébrées des cérémonies pittoresques, qui vont faire rayonner l'église, messe des motards ou bénédiction annuelle des animaux.
Au début des années 2000, l'Association des chapelles catholiques et apostoliques met en vente le bâtiment. Le promoteur nantais Océane se porte acquéreur de la chapelle et la parcelle. Il développe un programme de construction de logements sociaux, immeuble de sept étages et dix-neuf appartements, et de places de stationnement rattachées à l'annexe de l'Unesco voisine. La commission du Vieux Paris, lors de la séance du 19 novembre 2010, donne un avis favorable concernant démolition de la chapelle. Elle statue que "cette architecture néogothique très tardive et sans qualité particulière, spatiale, décorative ou constructive, ne mérite pas de protection patrimoniale". La Mairie délivre le permis de démolition en 2011 et le permis de construire est accordé en mars 2012.
Ces mesures soulèvent une opposition inattendue. L'église est occupée par des associations sans liens avec l'Église catholique notamment l'Association Les Arches de Sainte Rita qui cherche à faire protéger le bâtiment. Le député-maire du XVème arrondissement, Philippe Goujon affirme alors être en contact avec d'autres porteurs de projets susceptibles de préserver l'édifice. En 2014 le sort de l'église Sainte Rita devient un enjeu des élections municipales de l'arrondissement.
En septembre 2014, un ordre d'évacuer émanant du propriétaire promoteur est envoyé par voie d'huissier aux associations occupantes. En avril 2015, les portes du presbytère et de la sacristie sont murées par la préfecture. Un blocus s'organise d'octobre 2015 à août 2016 sous la houlette d'une association traditionaliste présidée par l'abbé Guillaume de Tanoüarn, proche des groupes de la droite radicale. Dans l'église occupée, deux messes sont célébrées chaque dimanche.
Le 6 avril 2016 une ordonnance du tribunal de grande instance de Paris ordonne l'expulsion des occupants. À la demande du propriétaire, le 3 août 2016, les forces de police évacuent l'église. Cette même année la découverte de particules d'amiante dans les murs et les voûtes suspend les préparatifs de démolition pour des raisons sanitaires. Le 9 avril 2019, la démolition est définitivement abandonnée.
Divers projets se présentent, espaces de coworking, salle de spectacle, cultes divers. L'église Sainte Rita est rachetée en 2020 par la SCI Sainte Rita qui se donne pour double mission de sauver le lieu en conserver le patrimoine et d'envisager une réaffection originale. L'initiative d'un groupe de centres sportifs est validée. La chapelle deviendra une salle d'escalade. Les travaux de réhabilitation et autres aménagements destinés à l'accueil du public débutent fin 2023 sous la direction du cabinet Renaissance. Ravalement des façades, réfection des couvertures, étanchéité, désamiantage et valorisation des espaces. Les 14mètres de hauteur sous faîtage permettent la création d'un mur haut de 13 mètres. En mars 2024, juste avant le début des Jeux Olypimpiques, ouvre la salle d'escalade sous le label du groupe Climbing District.
Église Sainte-Rita - Salle Climbing District
27 rue François-Bonvin - Paris 15
Métro Sèvres-Lecourbe ligne 6 et Volontaires ligne 12
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur 15è arrondissement - Florence Claval - Parigramme
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
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