Expo Ailleurs : Gérard Lattier. Mythologies ardéchoises - Le Château Centre d'Art Contemporain et du Patrimoine d'Aubenas - Jusqu'au 5 janvier 2025


À l'occasion de l'inauguration du Château, le nouveau Centre d'art et de patrimoine d'Aubenas consacre une exposition monographique "Gérard Lattier. Mythologies ardéchoises" à un artiste inclassable, conteur, passeur de culture populaire, rebelle conscient des enjeux actuels. En quête d'une poétisation du réel, il associe folklore, faits divers, histoires inventées de toute pièce et éléments du quotidien. Fasciné par les imaginaires collectifs, Gérard Lattier confère un rôle important à la transmission orale des anciens dont le frappe le caractère universel, et glane de nombreux récit auprès des aînés. Ses oeuvres traduisent en images émerveillements et drames de la condition humaine. Au Château d'Aubenas, des bornes sonores ponctuent le parcours pour faire entendre la voix de l'artiste devant ses tableaux contes. Une vidéo en fin d'exposition interroge la place de l'écrit dans son travail.

Gérard Lattier vit et travaille entre Poulx, petit village du Gard, et Ruoms en Ardèche dont est originaire sa famille. Représenté dans les collections du Musée d'art brut de Lausanne, du Frac Languedoc Roussillon, la Casey Gould Gallery Folk and art international de New York, son travail a fait l'objet d'une grande rétrospective en 2020 au Musée des Arts Modestes de Sète. Le Château centre d'art et de patrimoine d'Aubenas lui rend hommage jusqu'au 5 janvier 2025.








Gérard Lattier nait en 1937 à Nîmes. Son père meurt en 1944 lors d'un bombardement des Alliés. Sa mère l'élève dans une grande précarité. Enfant, atteint d'une méningo-encéphalite, paralysé des jambes, reste alité de longs mois au cours desquels il s'essaie au dessin. Diplômé du Collège technique, il est employé à la mairie de Nîmes. À l'âge de vingt ans, appelé sous les drapeaux en pleine Guerre d'Algérie (1954-1962), Gérard Lattier refuse de combattre. Condamné par un tribunal militaire, il est interné en hôpital psychiatrique où il s'initie à la peinture. Il réalise un premier tableau "Christ aux outrages". Réformé au bout de six mois, les médecins conservent ses toiles. Sous l'influence de Clovis Trouille et Pierre Molinier, "peintre de l'Art Noir", il s'engage dans la voie fantasmagorique d'une oeuvre sombre, torturée, marquée par une grande virtuosité technique. Il développe un univers de monstruosité, hanté par la mort, l'érotisme décadent, le sado-masochisme.

En 1965, à la suite d'une dépression, Gérard Lattier est victime de cécité temporaire. Il rencontre Annie, qu'il épouse. Le couple aura un fils. Progressivement, il recouvre la vue et retourne à la peinture. Cette reprise marque un tournant dans son style au lexique plastique simplifié, à la palette chromatique vibrante. Gérard Lattier se fait conteur associant les images et les textes. Il abandonne la peinture à l'huile, l'encre et l'eau-forte au profit de la gouache, ses couleurs crues, ses rendus naïfs. Désormais, par leurs encadrements, les phylactères, ses oeuvres empruntent aux compositions des textes médiévaux richement enluminés. La rapidité d'exécution donne une nouvelle vitalité au processus narratif. Les saynètes racontent des histoires à la fois peintes et écrites. Les textes en français et en occitan soulignent l'humour, la truculence, l'irrévérence joyeuse de l'artiste.








Gérard Lattier opère une rupture radicale dans ses thématiques. Désormais, il célèbre la vie, le quotidien, les gens. Dans une forme de "retour aux sources", il ancre son propos dans un territoire en explorant les contes et légendes ardéchois, les traditions orales occitanes. Il se penche sur les drames humains engendrés par la guerre mais aussi les textes sacrés, les Évangiles. Libertaire, l'artiste entretient une foi vibrante teintée d'anticléricalisme. De 2006 à 2010, il réalise près de 110 tableaux dans le cadre de la série de "l'Évangile selon Lattier", où la crudité, la liberté de ton s'associent à un respect de l'essence du texte.

Dans le cadre de ses recherches sur la mémoire collectives, il explore les faits divers et les histoires locales. Durant quatre ans, il travaille sur une série consacrée à la Bête du Gévaudan et peints 42 toiles. Il œuvre notamment à la réhabilitation du personnage nîmois de "La Battu", jeune fille modèle d'une sculpture réalisée par Marcel Courbier, brûlée pour sorcellerie au XXème siècle. 

Gérard Lattier. Mythologies ardéchoises 
Jusqu'au 5 janvier 2025

Le Château Centre d'art contemporain et du patrimoine d'Aubenas
Place de l’Hôtel de ville – 07200 Aubenas
Tél : 04 28 70 86 15
Horaires d’ouverture
Du 6 juillet au 13 octobre 2024, ouvert 6 j/7, du mardi au dimanche de 10h à 19h
Du 10 juillet au 28 août 2024, horaire différent le mercredi de 12h à 21h
Du 16 novembre 2024 au 30 mars 2025, ouvert les mercredi, samedi et dimanche de 11h à 18h et pendant les vacances scolaires du mercredi au dimanche de 11h à 18h

Accessibilité
En train :
• Gares les plus proches : Montélimar (Paris – Montélimar 2h55) et Valence (Paris – Valence 2h10)
En bus :
• Depuis Montélimar : Ligne X74
• Depuis Valence : Ligne X73
• Depuis Avignon : E15

En voiture :
• Depuis Paris : A6 puis A7 vers Lyon/Marseille – Sortie 16 Loriol-Sur-Drôme – Suivre D104
• Depuis Marseille : A7 vers Lyon/Paris – Sortie 18 Montélimar – Suivre D107 puis N102



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.