Théâtre : The Fisher King, d'après le film de Terry Gilliam - Adaptation Axel Dhrey - Le Splendid - Jusqu'au 23 juin 2024

Crédit Fabienne Rappeneau 


Jack animateur de radio aussi blasé que narcissique joue la provocation sur les ondes. Avatar cynique, désabusé, un soir il va trop loin et pousse malgré lui un auditeur perturbé au passage à l'acte. Celui-ci tue sept personnes dans un restaurant. Étouffé par la culpabilité, Jack sombre dans l'alcool, perd son travail. Malgré soutien indéfectible d'Anne sa compagne ne parvient pas à émerger de cette descente aux enfers. Trois années plus tard, un soir d'ivresse, alors qu'il envisage de se jeter dans l'Hudson depuis le pont de Manhattan, Jack est agressé par des voyous. Il est sauvé in extremis par Parry, un illuminé persuadé d'être un chevalier de la Table Ronde en quête du Graal. Ancien professeur, sa vie et sa raison ont basculé à la suite de la perte tragique de son épouse, morte dans un meurtre de masse. Désormais clochard, Parry se fait appeler le Roi des poissons, hanté par ses troubles psychiatriques, cauchemars, visions. Il se persuade que Jack est le Perceval de la geste de Chrétien de Troye, le chevalier promis à la découverte du Graal. 




Première adaptation pour la scène du film réalisé en 1991 par Terry Gilliam, sur un scénario de Richard Lagravenese, long-métrage distingué par cinq nominations aux Oscars, "The Fisher King" déploie son histoire de chute et rédemption, d'amitié improbable et de résilience avec la même bienveillance, un optimisme semblable. Tendre, touchante, la proposition d'Axel Drhey, qui joue également Parry, partition sensible à l'origine tenue par Robin Williams, incarne avec inventivité cette aventure humaine à travers les rues de New York sur le fil d'une légende médiévale. Le metteur en scène emprunte aux arts de la marionnette, aux jeux d'ombre pour mieux pénétrer la psyché de ses personnages, rendre compte des troubles et des angoisses de chacun.

La performance des comédiens nourrit l'audace contemporaine dans l'esprit du scénario original, sa poésie, son humanité. Les innovations alternatives traduisent la nouvelle vision, en introduisant notamment l'ombre des tragédies récentes les attentats du 11 septembre, du 13 novembre. Stéphane Brel dans le rôle de Jack, impeccable de fragilité bouleversée, donne la réplique à Julie Cavanna lumineuse dans son interprétation de la courageuse Anne. Charlotte Bigeard, dans le rôle de Lydia, l'amoureuse gaffeuse de Parry, est délicieuse de fantaisie. Alexandre Texier et Christophe Charrier complètent la distribution en multipliant avec intelligence les personnages secondaires. Un beau moment de théâtre.

The Fisher King
Jusqu’au 23 juin 2024
Mercredi, jeudi, vendredi 21h - Samedi 16h30 et 21h - Dimanche 17h

D’après le film écrit par Richard Lagravenese et réalisé par Terry Gilliam
Adaptation et mise en scène d’Axel Drhey
Avec Stéphane Brel, Charlotte Bigeard, Julie Cavanna, Christopher Charrier, Axel Dhrey, Alexandre Texier
Assistante mise en scène et chorégraphie d’Iris Mirnezami
Scénographie d’Agnès de Palmaert
Création musicale et sonore de Jo Zeugma
Lumière de Thomas Rouxel
Vidéo de Edouard Granero
Costumes de Clothilde Fortin

Théâtre du Splendid
48 boulevard Saint-Martin - Paris 10



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.