Théâtre : La Maison du loup, de et avec Benoît Solès - MES Tristan Petitgirard - Théâtre Rive Gauche - Prolongation jusqu'au 28 janvier 2024

 


Depuis sa sortie de prison, Ed Morrell se bat pour obtenir la grâce de son ancien codétenu, Jacob Heimer, condamné à mort. Au cours de l'été 1913, Charmian, épouse de Jack London, désespère de son mari. À la dérive, incapable d'écrire, confit dans le whisky et la morphine avec laquelle il soulage des douleurs rhumatismales invalidantes, Jack London n'est plus que l'ombre de lui-même. La réussite semble avoir fait disparaître l'aventurier, le marin, le chercheur d'or, le correspondant de guerre, le militant socialiste, le romancier à succès. Émue par le combat que mène Ed Morrell, Charmian l'invite à les rejoindre à Wolf House, dans le ranch californien du couple. Ed espère convaincre le grand écrivain de s'engager à ses côtés pour sauver Jacob. Mais Jack, qui avait pourtant par le passé œuvré à la libération d'Ed, ne s'intéresse plus qu'à son élevage de porcs. Ed l'idéaliste austère affronte Jack le désenchanté sanguin.




Face à face féroce, "La Maison du loup" retrace un épisode de l'existence mouvementée de Jack London (1876-1916). Ce moment particulier sera la genèse de son dernier chef-d’œuvre publié en 1915, "Le vagabond des étoiles" d'après l'histoire vraie d'Ed Morrell (1868-1946). Les dernières années de la vie de l'écrivain sont marquées par la maladie et les addictions. Mais à travers ce livre inespéré, Jack London renoue avec son engagement humaniste, une verve au service de la critique sociale. Il disparait à l'âge de quarante ans, rongé par l'alcoolisme et les infections contractées lors de ses voyages autour du monde. 

Benoît Solès signe un huis clos passionné, partition sensible qui vient puiser sa force dans la psychologie fouillée des personnages, leurs contradictions, leurs failles, leurs fragilités. La mise en scène efficace de Tristan Petitgirard, tout en sobriété, fait la part belle à l'incarnation. Dans un décor de cabine au fond des bois signée Juliette Azzopardi, illusion appuyée par une projection de Riff Reb's, Benoit Solès, Amaury de Crayencour, Anne Plantey prêtent leurs traits à des personnalités plus grandes que nature. Benoît Solès, impeccable en Ed Morrell marqué par les années d'incarcération mais toujours combatif, tient tête à Amaury de Crayencour, très physique dans la peau d'un Jack London indifférent au monde, cynique, revenu de tout. Dans un rôle de femme forte, passionnée, Anne Plantey donne chair et belles nuances à la figure féministe de Charmain, épouse éprise mais lucide, "sa partenaire" comme la qualifie Jack London. 

Investis, les trois comédiens mettent leurs talents au service d'un texte aussi vif que dense. Violences carcérales, réformes nécessaires du système pénitentiaire et judiciaire, affres de la création, addiction, rapports de couple, condition des femmes, si l'action de la pièce se déroule au début du XXème siècle, l'actualité des thématiques trouble tant les sujets semblent encore chauds. À ne pas manquer !

La Maison du loup
Prolongation jusqu'au 28 janvier 2024
Du mercredi au samedi à 21h - Les dimanches à 15h (sauf dimanche 31 décembre 2023 à 20h30)

Mise en scène Tristan Petitgirard 
Décor Juliette Azzopardi
Vidéo projection Riff Reb's
Lumières Denis Schlepp

Théâtre Rive Gauche
6 rue de la Gaîté - Paris 4
Tél : 01 43 35 32 31



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.