Paris : Hôtel Drouot, doyenne française des salles de vente aux enchères, hôtel des ventes au style architectural radical - IXème

 

L'Hôtel Drouot, le plus grand hôtel de vente au monde, vaste de dix-mille mètres carrés, est aussi l'une des plus anciennes salles d'enchères. Établi depuis 1852 sur une parcelle comprise entre la rue éponyme, la rue Rossini et la rue de la Grange Batelière, il se déploie sur deux lieux spécialisés. Au sein de cette ruche animée, amateurs en quête de bonnes affaires croisent professionnels, antiquaires, marchands, brocanteurs, libraires. Les enchères sont accessibles à tous. Aujourd'hui près de quatre-vingt maisons de vente animent les seize salles. 230 000 œuvres d’art, des antiquités au street art, sont présentées chaque année. En tout 500 000 objets par an sont proposés, en comptant mobilier, bijoux, accessoires de mode, grands vins. Une exposition publique des objets précède chaque vente. Au cours de celle-ci, les acheteurs potentiels peuvent découvrir en détails les lots et échanger avec les commissaires-priseurs. Le rituel immuable fait intervenir des professionnels méconnus tels que les crieurs ou les commissionnaires, reconnaissables à leur veste noire à col rouge, en charge de présenter et transporter les objets.

L'Hôtel Drouot, parfois surnommé le grenier du monde, s'illustre par le prestige de ses ventes les plus importantes. Parmi les plus mémorables : en 1852 celle des biens de Louis-Philippe, en 1881 la succession Gustave Courbet, en 1884 la succession Édouard Manet, en 1887 les joyaux de la Couronne, en 1897 la collection Goncourt, en 1912 la collection Jacques Doucet "la vente du siècle", en 1918 le fonds d'atelier Edgar Manet, en 1931 les bijoux du tsar Alexandre II, en 2003 la collection André Breton, en 2006 la succession Brassaï.









L'Hôtel Drouot, parfois surnommé le grenier du monde, s'illustre par le prestige de ses ventes les plus importantes. Parmi les plus mémorables : en 1852 celle des biens de Louis-Philippe, en 1881 la succession Gustave Courbet, en 1884 la succession Édouard Manet, en 1887 les joyaux de la Couronne, en 1897 la collection Goncourt, en 1912 la collection Jacques Doucet "la vente du siècle", en 1918 le fonds d'atelier Edgar Manet, en 1931 les bijoux du tsar Alexandre II, en 2003 la collection André Breton, en 2006 la succession Brassaï.

La chambre des commissaires-priseurs est créée en 1801 afin de donner un nouveau cadre à leur corporation. Ces professionnels des enchères publiques organisent les ventes dans des lieux loués, ou directement chez les propriétaires. Afin de résoudre les problèmes d'organisation, la fédération vote en 1807 l'acquisition d'un espace fixe dédié aux ventes. L'hôtel des Fermes situé au 55 rue de Grenelle Saint Honoré, actuelle rue Jean-Jacques Rousseau se révèle rapidement trop exigu pour le volume d'affaires généré par les commissaires-priseurs. En 1817, la chambre déménage ses locaux au sein de l'hôtel Bullion voisin, rue Plâtrière, également actuelle rue Jean-Jacques Rousseau. Essor du marché de l'art, activité croissante à Paris, les six salles de vente, bureaux et magasins de stockage s'avèrent, une nouvellement fois, insuffisants. 

En 1850, la chambre des commissaires-priseurs fait l'acquisition auprès de la municipalité de terrains libérés par la démolition de l'hôtel Pinon de Quincy. L'hôtel de vente du 9 rue Drouot, édifié sur les plans des architectes Lejeune et Levasseur, est inauguré en 1856. Il comporte alors quatorze salles réparties sur deux niveaux. A la pointe de la modernité, il se dote, en 1869, d'un monte-charge hydraulique conçu par Félix Edoux (1827-1910), ingénieur et industriel, inventeur d'un élévateur hydraulique désigné sous le terme « ascenseur » dès 1867. À la demande de Gustave Eiffel en 1884, l'ingénieur créé l'ascenseur destiné à desservir le sommet de la future Tour Eiffel.

L'Hôtel Drouot vit des heures troubles durant l'Occupation. L'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, Équipe d'intervention du Reichsleiter Rosenberg, confisque les biens appartenant à des Juifs et des francs-maçons dans les territoires occupés par la Wehrmacht. Entre 1941 et 1942, un million d'objets spoliés sont vendus au sein de l'Hôtel Drouot. 









Au lendemain de la guerre, l'année 1951 marque le centenaire de l'Hôtel des ventes et les cent-cinquante ans de la Compagnie des commissaires-priseurs. Les affaires prennent toujours plus d'ampleur. Il devient nécessaire de moderniser le bâtiment. L'ancien édifice est partiellement démoli en 1974. 

Les architectes Jean-Jacques Ferrier et André Biro proposent alors une "réinterprétation surréaliste de l'architecture haussmannienne". Dessiné dans un style "rétro éclectique", le nouvel hôtel des ventes, "volume massif et sans décrochement", emprunte certains motifs à son environnement urbain et pastiche des lignes classiques du XIXème siècle : panneaux de façade en fonte d'aluminium moulée, avancées vitrées aux angles des étages supérieurs, inspirées des lanternes de rotondes de la Belle Époque. Les châssis de fenêtres métalliques prélevés sur l'ancien bâti de 1856 sont réemployés sur la façade rue Rossini. Sur le pan d'angle entre les rues Rossini et Drouot, est placée une fontaine sculpture signée Dominique Babinet. L'eau ruisselle sur dix-huit prismes hexagonaux jusque dans un bassin arrondi situé au-dessus de l'entrée. 

Le nouvel Hôtel Drouot est inauguré le 8 mai 1980 en présence de Jacques Chirac alors maire de Paris. Durant le chantier de 1976 à 1980, l'hôtel des ventes s'établit temporairement dans l'ancienne gare d'Orsay avec vingt salles de vente à disposition. La question se pose alors de la pérennité de cette installation. 

L'Hôtel Drouot revendique son statut de précurseur dans le domaine du digital. En 2009 le lancement de la plateforme en ligne, "Live", permet de suivre et de participer aux enchères en direct, d'accéder aux ventes sans se déplacer. En 2011, Drouot innove avec les ventes dématérialisées, "On line only", accessibles exclusivement en ligne. Aujourd'hui, ces services représentent deux millions d'objets par an, présentés par six-cents maisons de vente. En 2014, le bâtiment est agrandi par une extension où est créée une nouvelle salle, "Buy now", de ventes à prix fixes. 

Hôtel Drouot
9 Rue Drouot - Paris 9
Tél : 01 48 00 20 00



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Guide de l'architecture moderne à paris - Hervé Martin - Editions Alternatives 
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Editions Hachette
Le guide du promeneur 9è arrondissement - Maryse Goldemberg - Editions Parigramme