Paris : Hôtel Deron-Levent, oeuvre de l'architecte Hector Guimard, témoignage de l'assagissement du style Guimard - XVIème



L’Hôtel Deron-Levent réalisé entre 1905 et 1907 par Hector Guimard (1867-1942) témoigne d’un tournant esthétique pris par l’architecte entre 1904 et 1909. Il aborde alors une seconde période Art Nouveau, plus symétrique, plus sobre. Il désigne lui-même ce vocabulaire plastique marqué par la préciosité des détails, comme le « Style Guimard ». Sa démarche abolit la frontière entre beaux-arts et arts décoratifs. Il nourrit l’idée d’une oeuvre d’art totale, de l’architecture générale jusqu’aux détails de la décoration intérieure et du mobilier. Les formes inspirées de la nature, arabesques et volutes, prééminence de la courbe, de l’asymétrie, font place au travail des lignes dynamiques abstraites. Se détachant de l’aspect organique figuratif, Hector Guimard acquiert une plus grande liberté graphique. Les façades rythmées se caractérisent désormais par la discrétion accrue de la polychromie et des décors. L’Hôtel Deron-Levent fait l’objet d’une protection patrimoniale depuis 1975. Retrouvez toutes les oeuvres de l'architecte Hector Guimard à Auteuil dans cet article ici.






Les commanditaires de l’Hôtel Deron-Levent, Charles et Angélique Deron-Levent appartiennent aux cercles mondains fréquentés par Hector Guimard. L’entregent de l’architecte, son sens de la réclame lui ouvrent de nombreuses portes. L’inauguration du Castel Béranger en 1898 lui vaut célébrité et reconnaissance. La décennie suivante de nombreux chantiers d’envergure lui sont confiés, immeubles de rapport mais aussi hôtels particuliers ou maisons de campagne.

En 1904, Charles Deron-Levent (1830-1911), négociant en textiles, homme d’affaires manifeste l’envie d’asseoir son statut social par la construction d’un hôtel particulier. Hector Guimard très actif durant la période qui précède la Première Guerre Mondiale arrive à une forme de maturité du style Guimard. Le chantier de l’Hôtel Deron-Levent initie un nouveau cycle au style assagi qui se poursuit jusqu’en 1914.

Le projet initial envisage la création d’un castel Art Nouveau à la manière du Castel d’Orgeval datant de 1904-05. Edifié à Villemoisson-sur-Orge, à l’instigation d’Achille Laurent un promoteur immobilier parisien, cette dernière construction devait être le cœur d’un lotissement destiné à la petite-bourgeoisie, le Parc Beauséjour. L’entreprise restera en suspens avec seulement trois maisons réalisées, dont deux ont été détruites depuis.








Les ferronneries d’une grande finesse, mince appareil de fonte agrémentent les portes, les fenêtres, les balcons. Le chantier de l’Hôtel Deron-Levent marque les débuts de la collaboration d’Hector Guimard avec les fonderies de Saint-Dizier, Leclerc et Cie, installées en Haute-Marne. Les balustrades se distinguent par des entrelacs délicats, complexes et léger. L’architecte imagine tout un répertoire de motifs en fonte, fines ciselures, dont l’audace traduit recherches fondées sur la ligne. Les dessins seront repris à plusieurs occasions pour des chantiers ultérieurs notamment pour les immeubles du 11 rue François-Millet, 17 rue La Fontaine et 8 rue Agar. Au numéro 9 de la Grande avenue de la villa de la Grande Réunion, se trouve l’annexe de l’hôtel. 

L’Hôtel Deron-Levent est séparé par la voie privée de l’une des premières réalisations de Guimard, l’Hôtel Jassedé construit en 1893. Pittoresque exacerbé, vocabulaire original des débuts, l’édifice éclaire les expériences formelles, pas encore abouties, de l’architecte. La proximité des deux hôtels, contraste intéressant, permet de bien saisir les recherches de la prime jeunesse et de la maturité. 

En 1912, Hector Guimard réalise le monument funéraire du couple Deron-Levent qui se trouve au cimetière d’Auteuil.

Hôtel Deron-Levent
8 villa de la Grande Réunion - Paris 16
Visible au 47 rue Chardon-Lagache 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie 
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur 16è arrondissement - Marie-Laure Crosnier Leconte - Parigramme
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages

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