Art : 8 oeuvres d'art à la Défense, florilège de la création contemporaine et moderne au coeur du plus grand quartier d'affaires d'Europe

 

Le quartier de la Défense, écrin de verre et de béton, plus grand quartier d’affaires d’Europe, est devenu depuis 1972 un véritable musée à ciel ouvert. Les collections ont été progressivement constituées grâce à l'ambitieuse politique de commandes publiques. Espace d’expression artistique, la Défense accueille de manière pérenne environ soixante-dix œuvres, réalisées par une cinquantaine d'artistes, de quatorze nationalités. L’art contemporain propulsé librement dans l’espace public, geste audacieux, s’adresse sans filtre à des publics très variés, pas forcément adeptes des sorties au musée ou en galerie. L’intrusion de l’art contemporain dans le quotidien renouvèle le regard posé sur l’espace urbain, redonne du sens au territoire de la cité et l’esthétise sous un angle inattendu. Les interventions plastiques disséminent des touches de poésie à travers la ville, sensibilisent les passants aux grandes problématiques de notre époque, les préoccupations des artistes actuels. L’établissement public Paris la Défense, créé en 2018, en charge de la gestion et de l’exploitation du site, administre les collections. Sculptures monumentales, installations mais aussi fontaines, mobilier urbain ou masquage camouflage des cheminées d’aération, le parc d’œuvres est valorisé par la politique culturelle de promotion et d’animation de la Défense, notamment le festival d’art contemporain annuel des Extatiques. Les réalisations dispersées en plein air, le long des allées bordées de gratte-ciels, sur les territoires des communes de Puteaux, Courbevoie, Nanterre et La Garenne-Colombes, ont également investi le centre commercial des Quatre Temps et la gare RER. La rédaction a sélectionné 8 œuvres emblématiques du quartier de la Défense.





Place de la Défense - Paris La Défense
Métro La Défense ligne 1

Les silhouettes singulières des "Deux personnages fantastiques" de Joan Mirò (1893-1983) ondoient entre les tours ultra-modernes du quartier d’affaires de la Défense. Depuis 1972, cet écrin de verre et de béton est devenu musée à ciel ouvert. Les collections ont été progressivement constituées grâce à l'ambitieuse politique de commandes publiques. Les totems primitifs de Miro pourtant composés de résine de polyester semblent moulés dans l’argile brut. "Deux personnages fantastiques" est une œuvre tardive de l’artiste catalan Joan Mirò. Implantée en 1976, elle fait l'objet d'un entretien spécifique afin de maintenir son état de conservation et de parer aux agressions extérieures, pollution et météo. Fantasme difforme, réalité familière, le tandem est repeint intégralement à intervalles réguliers. L'ensemble monumental s'élève à douze mètres de hauteur. Les deux figures offrent un contrepoint intéressant à l’austérité de l'espace minéral, au quotidien normalisé du travail. L'opposition éclaire toute la fantaisie et la liberté de cette œuvre ludique, art sans tabou, désinvolte et profond dont l’allégresse symbolisée par une palette chromatique pleine de vivacité souligne la fêlure discrète dans la joie pure, le drame de la condition humaine.





Place de la Défense - Paris La Défense
Métro La Défense ligne 1

"Le Grand Stabile Rouge" ou "L'Araignée rouge" a été installé sur le parvis de la Défense en 1976, année du décès de son créateur, l’artiste américain Alexander Calder. Cette sculpture monumentale est devenue au fil du temps l’un des symboles du quartier. La série des stabile, ensemble de sculptures stables par opposition aux oeuvres mobiles qui ont fait sa réputation, ouvre une parenthèse dans l’œuvre de Calder. Les stabile se réfèrent souvent au monde animal. Le talent du plasticien leur octroie, malgré leur immobilité, l'illusion d'un frémissement de vie à l'instar de créatures assoupies.  A leur abord, le spectateur a la sensation très vive qu’ils peuvent à tout moment s’enfuir, s’envoler, s’échapper, bondir. 





Esplanade Sud - La Défense Paris
Métro La Défense ligne 1

Oeuvre du sculpteur Lim Dong Lak, « Point Growth », « Point croissance » appartient à la série les Totems poétiques.  Créée en 1999, elle représente une jeune pousse émergeant d’un globe d’inox sorte de graine cybernétique. Cette réalisation toute en tension poétique mélancolique, entre rigueur et fantaisie, équilibre savamment les notions de création artistique, technique et nature. En octobre 2006, la sculpture "Point Growth" est installée sur le Parvis de la Défense à l’occasion de l’exposition "La Corée au cœur" puis déplacée en 2007 vers l’Esplanade Sud au pied de la tour Opus 12. Assimilée par réflexion à la structure architecturale préexistante, cette jeune plante insolite combine des éléments en opposition entre fertilité de la nature et rigueur glacée du métal. Sculpture de bronze et d’inox poli, "Point croissance" s’intègre à son environnement, subtile symbiose entre les éléments. Elle joue sur la dualité de sens, expression de la nature revendiquée par la création de l’artiste et travail des architectes, des urbanistes. 





Esplanade Sud Cours - Michelet - 92800 Puteaux
Métro La Défense ligne 1

"BC1", oeuvre monumentale signée Ben Jakober a été installée en 1988 à la Défense dans le cadre de l’introduction de l’art contemporain au cœur de ce quartier des affaires. Le projet mené par l’Etablissement Public pour l’Aménagement de la Défense rendu possible grâce au soutien de grands groupes immobiliers. Au pied de l’immeuble Coface, sur le cours Michelet, la sculpture figurative datée de 1987-88 représente un casque de football américain. Elle est le premier élément d’une série dédiée aux casques de sport qui fera honneur notamment au ski, à l’escrime, au base-ball. Ben Jakober a déstructuré l’idée du casque originel pour n’en garder qu’une structure tubulaire qui évoque presque une cage thoracique. L’apparence de jeu d’osselets de l’oeuvre, sa légèreté, contraste avec son poids, près de trois tonnes. Les rouleaux assemblés par soudure sont en effet constitués d’acier plein.





Esplanade Sud - Quartier Michelet - 92800 Puteaux
Métro La Défense ligne 1

"Doubles lignes indéterminées", sculpture monumentale en acier peinte, haute de douze mètres, a été installée à la Défense dans le quartier Michelet en 1988. Cette sculpture abstraite représente deux lignes enchevêtrées. La parenthèse abstraite défie la gravité. Les lignes non définies, à la perspective variable selon les points de vue, n’offrent aucun repère dans l’espace. "Doubles lignes indéterminées" provoque un choc visuel. In situ, elle embrasse à l’extrême le concept de contraste entre l’œuvre et son contexte, entre l’enchevêtrement des lignes mates qui s’élancent graciles vers le ciel et l’alignement géométrique des immeubles, tours gigantesques de verre et d’acier filetées de lumière. Cette titanesque structure abstraite prend possession de l’espace à travers ses pleins et ses déliés, les zones vides devenant une part de l’œuvre, oxymore visuel à la fois chaotique et très architecturale.





Au pied de la tour Atlantique - Quartier Villon - La Défense
Métro La Défense ligne 1

Un peu à l’écart des grandes allées tracées au cordeau et des vastes esplanades de béton de la Défense, Dame Lune, une sculpture de l’artiste argentin de naissance et français d’adoption Julio Silva, dresse sa silhouette claire au milieu d’un bosquet dissimulé entre les tours vertigineuses du quartier Villon. Installé en 1977, le gracieux monolithe - 4,50 mètres de haut et 1,50 de large - paraît presque fluet malgré ses proportions audacieuses. Le marbre poli de cette œuvre empreinte d’une tendre mélancolie a des rondeurs de galets. Julio Silva s’est intéressé de près à ce matériau et plus précisément de celui extrait à Carrare dans lequel il a réalisé une série de compositions monumentales dont le groupe très controversé "Pyégémalion" achevé en 1979, longtemps exposé aux Halles.





Esplanade du Général de Gaulle - 92400 Courbevoie
Métro Esplanade de la Défense ligne 1

Le Bassin Takis, oeuvre poétique énigmatique aux portes de la Défense, contraste par sa dimension ludique avec le sérieux des transactions qui se déroulent dans les hautes tours glacées du quartier des affaires. Créée in sitù par l’artiste grec Vassilakis Panayotis Takis (1925-2019), cette installation a vu le jour en 1988. Au pied de la tour Athéna et de l’hôtel Melia, à l’extrémité Nord de l’Esplanade de la Défense, le bassin rectangulaire de 2500m2 déploie le foisonnement d’arborescences aquatiques nées de la main de l’homme. La surface miroitante de l’eau est intégrée à la perspective dans l’axe historique du quartier d’affaires. Jaillissant de l’eau, les quarante-neuf feux multicolores clignotants, « Les Signaux », se démultiplient dans le reflet des tours qui grimpent jusqu’au ciel, parois de verre puissamment symboliques. Hauts de 3,5 à 9 mètres, ils forment un ballet doucement bercé par le vent visible de jour comme de nuit. En 1990, Takis a imaginé à l’extrémité Sud de la Défense un pendant terrien à ces étranges fleurs aquatiques en installant dix-sept nouveaux Signaux intitulés « Les Arbres Lumineux ».





Entrée de la station de métro Esplanade de la Défense - Sortie Courbevoie Quartiers Iris
Métro Esplanade de la Défense ligne 1

"Les Hommes de la Cité", une œuvre de France et Hugues Siptrott conçue en 1991, appartient à l’ensemble de créations qui ponctuent La Défense, véritable Musée d’art contemporain à ciel ouvert. Le groupe de huit statues en bronze polychrome, installé en 1995 à la suite d’un concours organisé par l’Epad et concertation avec la RATP, marque l’entrée d’une bouche de métro. Les six silhouettes principales sont placées en contrebas d’un escalateur sur une curieuse placette minérale, plantée de cyprès, incongrus dans cet environnement. Les six personnages grandeur nature semblent se presser vers le métro. Un septième, accroupi tout en haut d’une colonne à droite de l’escalateur les observe. Un huitième se trouverait au niveau de l’escalier menant au quai de la ligne 1. France et Hugues Siptrott ont souhaité rendre hommage aux foules anonymes qui empruntent chaque jour les transports en commun. 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.