Paris : 10 squares pittoresques à Paris, ces jardins publics, courettes arborées privées et cités-jardins vont vous étonner !

 


Les dénominations de la voirie parisienne associent au terme square à la fois les petits jardins publics clos, les courettes arborées ceintes d’immeubles, souvent privées, et les allées tracées sur le modèle des cités-jardins. Ces créations du XIXème siècle ont pour point commun le plus flagrant une végétalisation toujours appréciable en ville. Ces deux types de square, constitués sur des anciens îlots démolis pour être reconstruits, traduisent l’évolution urbanistique de la ville. Lorsqu’ils sont espaces communs à un lotissement, les squares sont réservés aux habitants. Jardins publics, ils accueillent tous les promeneurs. Secrets comme le square Monceau, discrets comme le square Georges Cain, confidentiels car dissimulés au regard par des rangées d’immeubles comme le square Saint Gilles Grand Veneur Pauline Roland, historiques comme celui du Vert Galant, résidentiels comme le square Montsouris, les 10 squares pittoresques sélectionnés par la rédaction vont vous étonner !





Accès par le Pont Neuf - Paris 1
Métro Pont Neuf ligne 7

Le square du Vert Galant, baptisé en hommage au roi Henri IV, est aujourd'hui une promenade romantique prisée. Sa situation exceptionnelle au cœur de Paris ravit les flâneurs. Les deux bras de Seine qui enserrent l'île de la Cité se rejoignent à la pointe du jardin. En face, le pont des Arts, à droite une le Louvre, à gauche la Monnaie de Paris et le dôme de l'Institut quai de Conti. Accessible par un escalier qui marque la jonction des deux parties du Pont Neuf, plus vieux pont de Paris inauguré en 1607, le square du Vert Galant est placé sous le signe de la séduction. Son nom, curieuse appellation, renvoie au surnom d'Henri IV, séducteur invétéré. L'expression désigne un homme entreprenant auprès des femmes malgré son âge. Et il fallait bien de l'ardeur au souverain pour contenter ses soixante-treize maîtresses officielles.





2/ Square Georges Cain
8 rue Payenne - Paris 3
Métro Saint Paul ligne 1 ou Chemin Vert ligne 8

Au cœur du Marais historique, le square Georges Cain a été créé en 1923 sur une parcelle des anciens jardins de l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau. Son nom rend hommage au premier conservateur du musée Carnavalet voisin. Dépôt lapidaire de cette institution, le square présente en plein air une collection de vestiges provenant du Palais Tuileries et de l’ancien Hôtel de Ville incendié en 1870 ainsi que de curieux sarcophages mérovingiens et un polissoir néolithique. Une statue en bronze « Île de France », oeuvre d’Aristide Maillol orne le parterre fleurie central. Un figuier centenaire remarquable y déploie sa vénérable silhouette. 





Accès 9 rue du Grand Veneur, accessible depuis le via passage débutant 7 rue des Arquebusiers, rue de Hesse accessible via le 12 rue Villehardouin - Paris 3
Métro Chemin Vert ligne 8

Le Square Saint Gilles Grand Veneur Pauline Roland, créé en 1988, est un petit jardin à la française de 987m2. Planté d’érables magnifiques en automne, à la belle saison il déploie tous ses charmes. La roseraie est spectaculaire au printemps. Treillages et bosquets odorants s’expriment alors dans l’abondante floraison de nombreuses variétés parmi lesquelles la Pierre de Ronsard et la Catherine Deneuve. Cette nature luxuriante loin des sentiers battus offre un écrin idéal pour les pique-niques en famille ou les instants romantiques. Bien caché, ce joli secret du Marais est peu fréquenté. Bancs de pierre blonde engageants, avenants carrés de pelouse, la quiétude de ce jardin labellisé espace vert écologique se trouve à peine troublée par le chant des oiseaux. 





107 bis rue du Faubourg Saint Denis - Paris 10
Métro Gare de l’Est lignes 4, 5, 7

Le square, vaste de 3400m2, est aménagé en 1963 à l’emplacement de l’ancien enclos Saint-Lazare - probable déformation de Saint-Ladre - léproserie transformée en prison à la Révolution, en 1791. Cette antichambre de la guillotine a vu passer Talleyrand-Périgord, l’abbesse de Montmartre, le peintre Hubert Robert ou le poète André Chénier. A partir de 1795, l’institution carcérale n’accueille plus que des femmes, parmi lesquels Louise Michel, Mme Steinheil, maîtresse de Félix Faure, surnommée Pompe funèbre, et accusée à tort du meurtre de son mari, ou encore Mata Hari. Par la suite, la prison accueille surtout des prostituées arrêtées sur la voie publique pour racolage. Elle ferme en 1932 puis est démolie en 1935. Sur le terrain libéré, la Ville de Paris fait bâtir l’hôpital Saint-Lazare dont l’activité prend fin en 1998. De la prison, il demeure quelques vestiges visibles au fond du jardin, l’infirmerie et la chapelle toutes deux construites en 1824 par l’architecte Louis-Pierre Baltard, père du célèbre Victor Baltard qui travailla aux côtés du baron Haussmann durant la période des grands travaux de transformation de Paris sous le Second Empire. Le quartier et le square ont fait l’objet de réaménagements drastiques en 2020 afin de valoriser les infrastructures, une halte crèche, un centre social, un centre culturel, un gymnase, et une bibliothèque ainsi qu’une école maternelle.





Accès au 70-72 rue du Moulin-des-Près - Paris 13
Métro Tolbiac ligne 7

Le minuscule Square des Peupliers est tracé en 1926, décrochage insolite depuis la rue du Moulin-des-Prés. Le lotissement en triangle se love autour d’une allée, boucle piétonne ponctuée de lampadaires. La voie tout d’abord entièrement privée a été ouverte à la circulation publique par arrêté du 23 juin 1959. Les petites maisons en séries hétéroclites, briques, pierre de meulière ou façades immaculées, sont dotées de jardinets abondamment fleuris et protégées par des grilles en fer forgé. Jolies marquises, vélos, volets et portes aux couleurs vives complètent le tableau. Le charme pittoresque légèrement désuet de ces pavillons résiste aux outrages du temps qui passe, patine de caractère. La végétation foisonne. Glycines, lierres, vignes vierges dissimulent les maisonnettes au regard des promeneurs. Les troènes impeccablement verts consolent le lilas et le jasmin des jours qui raccourcissent. Et le flâneur de Paris s’en retourne au chaos de la ville, le coeur un peu plus léger.





Accès 8-12 rue Nansout / 51 avenue de Reuille - Paris 14
Métro Porte d’Orléans ligne 4

Le square de Montsouris, ruelle pavée abondamment fleurie, est bordé de jolies maisons de ville construites au début des années 1920. Le lotissement se compose de soixante-deux villas construites à partir de 1923. Réalisées par l’architecte Jacques Bonnier, vingt-huit d’entre elles en briques rouges ou ocres étaient à l’origine des HBM habitations à bon marché, ancêtres des HLM, de 1874 à 1949. Aux logements sociaux, ont été ajoutés des pavillons de caractère résultats d’initiatives particulières. L’architecture hétéroclite du square de Montsouris se décline en fantaisie Art Nouveau ou Art Déco, selon des lignes classiques, un graphisme moderne ou encore une silhouette résolument contemporaine. La couleur s’y assume pleinement et les détails charmants ne manquent pas. Colombages nostalgiques, marquise pimpantes, oriels capricieux, colonnades d’opérette rivalisent avec les exubérances végétales de la vigne vierge et des glycines presque centenaires. 





45 rue Blomet - Paris 15
Métro Volontaires ligne 12

Jardin paisible de 4200m2, le square du 45-47 rue Blomet ouvre en 1969. Rebaptisé square de l’Oiseau Lunaire en juin 2010 en référence à la statue de bronze offerte à la Ville de Paris par Joan Miró et placée dans le parc en 1974. Bac à sable et aire de jeux ont remplacé une grande bâtisse ceignant une vaste cour arborée où naquit le surréalisme. Ces anciens ateliers d’artistes détruits au début des années 50 racontent encore leur histoire à travers la sculpture de l’artiste catalan. A la fin du XIXème, Alfred Boucher rencontre Auguste Rodin qui y travaille. Lors de son second séjour à Paris en 1921, Joan Miró (1893-1983) peintre, sculpteur, céramiste, s’installe au 45 rue Blomet dans l’atelier du sculpteur Pablo Emilio Gargallo avant de déménager à Montmartre, rue Toularque en 1927. Lors de son troisième séjour, il établira son atelier à deux pas de son séjour précédent dans le XVème au 3 rue François Mouthon pour y demeurer jusqu’en 1932. En 1922, Max Jacob présente à Miró, André Masson, peintre et graveur, qui s’est installé au 45 rue Blomet avec sa femme. En 1926, Robert Desnos y prend ses quartiers. Il y restera jusqu’en 1930. Michel Leiris est un familier des lieux ainsi qu’Antonin Artaud. André Breton s’y fait plus rare. Jean Dubuffet, Elie Lascaux, Roland Tual, Georges Limbour, Evan Shipman fréquentent assidûment ce lieu cosmopolite qui marque les débuts du surréalisme. 





Accès 82 boulevard des Batignolles - Paris 17
Métro Rome ligne 2

Le square Monceau, espace strictement privé, fait partie des curiosités insoupçonnables depuis la rue. L'élégante porte bleue accès vers cette pépite se fond dans le paysage, à peine surmontée d’un cartouche annonçant la surprise. Elle ouvre sur un vaste passage cocher qui traverse un bel immeuble d’allure néo-classique. Contours rectilignes, rigueur géométrique et symétrie, décor simple se retrouvent dans l’architecture de l’ensemble composant le square, six immeubles disposés autour d’une jolie courette intérieure et quatre hôtels particuliers sagement alignés en fond de parcelle. Cette coquette enclave privée qui doit son nom à la proximité avec le parc Monceau, raconte un peu d’histoire des Batignolles et de leur urbanisation amorcée avec le développement du chemin de fer dès 1830 et l’expansion de l’usine Göuin à partir de 1846.





Accès au 17 rue du Lieutenant Chauré - Paris 20
Métro Porte de Bagnolet ligne 3

En se promenant dans le nord-est du XXème arrondissement, la flânerie conduit souvent les promeneurs du côté de la Campagne à Paris, ensemble d’agréables ruelles bordées de maisons de ville et d’anciennes HBM (habitation bon marché). Le charme de ce micro-quartier désormais très prisé ferait presque oublier qu’il s’agissait à l’origine d’un lieu modeste construit dans une optique philanthropique : permettre aux classes ouvrières d’accéder à la propriété. Au pied de la butte artificielle, créée sur les anciennes carrières de gypse, se déploient des allées verdoyantes, passages secrets, cours et ateliers ainsi quelques belles villas plus bourgeoises, des immeubles de rapport du XIXème et des bâtiments 1900 laissent l’imagination vagabonder. Le square Chauré, caractéristique du quartier, évoque ce que fut la commune de Charonne lors de son annexion par la Ville de Paris en 1860. Champêtre, pittoresque et pavé.




Accès depuis la rue de la Duée, de Ménilmontant et des Saint-Simoniens
Horaires : en fonction de la saison 
Métro Saint Fargeau ligne 3bis

Le square des Saint-Simoniens situé sur les hauteurs de Ménilmontant du côté de Saint-Fargeau, est un paisible espace vert fréquenté par les riverains dont les plus matinaux participent à des cours de taï chi dans un recueillement bienheureux. L’après-midi après l’école ou le week-end, rires et chamailleries des enfants du quartier donnent à ce joli jardin une toute nouvelle vie pleine d’énergie. Le square a été créé en 1937 à l’emplacement d’une vaste demeure du XVIIIème entourée d’un parc qui appartenait à Propser L’Enfantin, fils d’un riche banquier et secrétaire du Comte Saint-Simon. Ce philosophe donne son nom à la doctrine des Saint-Simoniens, une forme de nouveau christianisme prônant l’égalité entre les hommes, l’abolition des privilèges, la fraternité, une sorte de socialisme avant l’heure. Entre les murs de l’hôtel particulier, l’expérience communautaire qui réunit jusqu’à quarante disciples, ne dure que quelques années. Néanmoins la vision utopiste bienveillante de ce mouvement marque durablement la pensée du XIXème siècle.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.