Paris : Fontaine de la Croix du Trahoir, ancien château d'eau du quartier du Palais Royal devenu centre d'art - Ier

 

La Fontaine de la Croix du Trahoir, oeuvre de Jacques-Germain Soufllot (1713-1780), maître du néoclassique, architecte du Panthéon, marque l’angle des actuelles rues Saint Honoré et de l’Arbre Sec. Inscrit aux titres des Monuments historiques par arrêté du 2 février 1925, l’ensemble monumental est édifié en 1776 sur l’emplacement approximatif d’une ancienne fontaine du XVIème siècle. Charles Claude Flahaut de la Billarderie, comte d’Angiviller (1730-1809) administrateur des arts, et dernier directeur général des Bâtiments du roi conduit le projet. La fontaine de la Croix du Trahoir, hérite son curieux nom de l’édicule originel construit sous François Ier vers 1529. Certaines sources citent une intervention sur le décor des façades du sculpteur Jean Goujon (1510 - vers 1567) mais elle n’est pas avérée. La fontaine de la Croix du Trahoir primitive est rénovée en 1606, sous Henri IV, puis déplacée en 1636. Au XVIIIème siècle, vétuste, elle est rasée pour être reconstruite en 1776 comme le mentionne une plaque commémorative située sur la façade nord.










L’appellation de la rue du Trahoir, Tirouer, Trayoir, portion de l’actuelle rue Saint Honoré comprise entre la rue de l'Arbre Sec et la deuxième porte Saint-Honoré, fait référence aux tiroirs de présentation du marché aux étoffes qui se tenait là. La fontaine est édifiée au croisement des principales voies nord-sud et est-ouest d’entrée dans Paris. Sur ce carrefour de funeste réputation se trouve une vaste croix face à l’un des lieux de supplices et d’exécutions capitales de la Justice royale du XIIIème siècle au XVIIIème siècle. Au pilori, le bourreau s’est fait une spécialité de l’essorillement mutilation des serviteurs indélicats, qui consiste alors à leur couper les oreilles. Un gibet, à l’occasion un bûcher destiné aux hérétiques, s’y tiennent jusqu’en 1698.  La croix est détruite en 1789. Le nom de la rue de l’Arbre sec, référence à la potence parfois également assimilé au chêne de Mambré de l’Ancien Testament

A l’occasion de la reconstruction de lafontaine de la Croix du Trahoir en 1776, l’architecte Soufflot imagine un immeuble-fontaine de trois étages, ensemble monumental de forme polygonal. Louis Simon Boizot (1743-1809) se voit confier le décor de l’édifice. Il s’inspire de la fontaine des Innocents, pour la sculpture de la nymphe, tandis que pour les façades à bossage en stalactites, il emprunte le type de congélation à la fontaine Médicis. Les frises ornées de coquilles Saint-Jacques semblent indiquer que la fontaine se trouve sur l’un des chemins de pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle. Le mascaron par lequel s’écoule l’eau est surmonté d’une couronne royale aux trois fleurs de lys encadré par deux rameaux d’olivier.

La fontaine de la Croix du Trahoir, alimentée par la pompe de la Samaritaine situé sur la Pont Neuf, fait alors office de château d’eau pour tout le quartier. Le bâtiment technique central  dessert le Palais Royal, les hôtels et les ministères voisins.








Les locaux sont occupés par les fontainiers de la ville jusqu’au XXème siècle. La fontaine devient brièvement consulat de la principauté d’Andorre, à partir de 1966. Sans affection officielle de 1995 à 2002, l’édifice est squatté par un collectif d’artistes. Le Laboratoire de création, parrainé par le prix Nobel de littérature Gao Xingjian, est officiellement conventionné par la Ville de Paris à partir de 2002 qui lui attribue deux monuments historiques au 111 rue Saint Honoré et au 28 rue Molière. Il jouit également d’une résidence atelier dans le Perche. 

Le Laboratoire de création propose des espaces de travail et organise des expositions, dans une démarche d’accompagnement des artistes émergents. Il tient à leur disposition quatorze ateliers et deux studios de son, des salles de répétition et des résidences pour les jeunes artistes et chercheurs des filières artistiques, deux stocks, une galerie et un atelier de fabrication d'éditions de livres d'art La fontaine de la Croix du Trahoir réunit dans ses locaux une galerie d’art au rez-de-chaussée ouverte au public, un studio de musique au sous-sol, quatre ateliers dans les étages.

Fontaine de la Croix du Trahoir
11 rue Saint Honoré - Paris 1



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie 
Le guide du promeneur 1er arrondissement - Philippe Godoÿ - Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Paris de fontaine en fontaine - Jacques Barozzi - Parigramme