Ailleurs : Fonds Paul Valéry, célébration d'une oeuvre poétique, coeur vibrant du Musée Paul Valéry à Sète

 

Le fonds Paul Valéry (1871-1945), collection éponyme du musée de Sète, célèbre l’héritage du poète. Cet ensemble inspirant légué à la ville en 1948 par Jeannie Valéry, l’épouse de l'homme de lettres, a longtemps formé le cœur du musée municipal. Depuis cinquante ans, nombreuses donations et acquisitions ont enrichi ce premier ensemble fondateur. Il est devenu le pivot de l’institution culturelle qui porte le nom de l’écrivain. Le fonds Paul Valéry compte désormais près de trois-cents pièces. Depuis 1970, date de l’inauguration du musée Paul Valéry, la salle dédiée éclaire les différentes facettes de l’homme et de l’artiste. Les éléments exposés présentent le poète, l’intellectuel et l’académicien mais également le peintre, ainsi que la personne privée, le père attentionné, l’ami dévoué, l’amant passionné. La nouvelle scénographie imaginée à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance du penseur valorise ces collections, soulignant la puissance d’inspiration des écrits ainsi que les liens noués entre l’oeuvre de Valéry et les créateurs contemporains. 











Au Musée Paul Valéry, le fonds consacré à l’homme de lettres résonne puissamment avec les collections dédiées aux beaux-arts du XIXème et XXème siècles. Cet échange entre peinture et poésie illustre la vocation double de l’institution sétoise. Elle a été conçue comme un espace de dialogue inédit entre les arts visuels, la peinture, la sculpture et le livre, la littérature. Le parcours muséal embrasse dans un mouvement fascinant, art pictural et oeuvre d’écriture. Il décrypte un cheminement commun propice à la création. 

La Salle Paul Valéry expose de façon tournante une partie du fonds, certains documents trop fragiles ne pouvant être montrés au public toute l’année. La collection se compose de trois-cents pièces. Tableaux, sculptures, encres, pastels, côtoient des ouvrages de bibliophilie, éditions originales, correspondances professionnelles et privées, manuscrits variés. Parmi ceux-ci, celui du « Cimetière marin » (1920) demeure l’un des éléments clés. Le poème est présenté dans l’espace audiovisuel, où le visiteur peut écouter une lecture enregistrée complète de l’oeuvre, lu par le comédien et metteur en scène de théâtre, Daniel Mesguich. Le manuscrit du « Narcisse parle » 1890, et de « La Tentation de (saint) Flaubert » 1942 ont rejoint les collections en 2015. Dans un émouvant carnet de jeunesse, rédigé de treize à quinze ans, Valéry complète ses poèmes de dessins et d’aquarelles, rencontre heureuse des arts. 

L’ensemble d’œuvres graphiques, les collections personnelles de l’écrivain mais également ses propres productions, soulignent l’importance des arts plastiques, source d’inspiration et objet d’attentions particulières. Quatre-vingt dessins, pastels et peintures diverses saisissent un aspect méconnu de Paul Valéry, sa vocation de peintre et de dessinateur. Une délicate aquarelle représentant le Mont Saint Clair dialogue avec buste en terre du poète offert au musée par Martine Rouart, sa petite-fille.











L’abondante correspondance professionnelle et personnelle éclaire la personnalité de Paul Valéry sous une lumière différente. Au gré des lettres manuscrites, derrière la figure de l’intellectuel austère, l’intimidante stature du penseur, se découpe en filigrane celle du poète sensible, du père aimant, de l’amant passionné, de l’artiste tourmenté par le doute. Ces documents ont été acquis par le musée grâce aux dons, aux legs mais également aux hasards heureux des ventes aux enchères. Une lettre datant de 1898, adressée à son camarade de classe Raoul Maurin, évoque la jeunesse de Paul Valéry à Sète. La correspondance entretenue avec Stéphane Mallarmé (1842-1898), ensemble de lettres acquises par le musée en 2015, convoque le souvenir des années de formation. Cet ensemble a été publié conjointement par le musée et les éditions Fata Morgana, sous le titre « Autour de moi et la main ». 

Les lettres de Paul Valéry adressées à sa fille Agathe Rouard-Valéry (1906-2002), avec laquelle il entretient un lien épistolaire particulier jusqu’à la fin de sa vie, dévoilent un père de famille, exprimant volontiers son affection et son humour. Les missives échangées avec Jeanne Loviton (1903-1996), romancière connue sous le pseudonyme de Jean Voilier, révèlent un Valéry intime, amoureux enflammé. Charmeur, sens de l’humour piquant, plein de tendresse envers ses proches, torturé par le doute au sujet de l’écriture, la figure tutélaire retrouve à travers ces pièces personnelles une humanité chaleureuse.

En 2017, Daniel Leuwers (1944-), poète, universitaire, critique littéraire fait don de ses collections valéryennes du livre pauvre. Ce type de créations poétiques sur papier, manuscrites et illustrées a été conceptualisé par Leuwers en 2002 en s’inspirant des manuscrits enluminés de René Char. Les trente-six collections représentent près de cinq cent quinze livres d’artistes, chacun empruntant un titre ou un fragment de l’œuvre de Paul Valéry. Ces réalisations précisent le dialogue sans cesse renouvelé, nourri, intense entre les créateurs contemporains et l’oeuvre du poète. Le Musée Paul Valéry s’attache à promouvoir la parole fondamentale de l’homme de lettres, expression libre de la réalité du monde.

Une nouvelle acquisition a fait son entrée au printemps 2021 dans la Salle Paul Valéry. « A ce point pur je monte et m’accoutume. / Tout entouré de mon regard marin. », tableau de Vincent Bioulès, figure fondatrice du groupe Supports/Surfaces, rend hommage au penseur sétois dans un débordement joyeux de bleu Méditerranée. 
 
Chaque année, à l’occasion des Journées Paul Valéry, des visites découvertes du fonds destinées à un large public sont organisées, afin de permettre au plus grand nombre d’aborder l’œuvre du poète qui a la réputation d’être particulièrement ardue. 

Musée Paul Valéry 
148 rue François Desnoyer - 34200 Sète
Tél : 04 99 04 70 00
Horaires : Du 1er avril au 31 octobre, ouvert tous les jours de 9h30 à 19h - Du 4 novembre au 31 mars, ouvert tous les jours, sauf le lundi de 10h à 18h
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.