Cinéma VOD : Richard says goodbye, de Wayne Roberts - Disponible sur Amazon Prime Video



Richard Brown, un professeur d’université très respectable, apprend qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale. Il lui reste six mois à vivre. Condamné par la maladie, il ne parvient pas à annoncer la nouvelle à sa famille. Sa fille Olivia fait son coming out. Son épouse Veronica, plasticienne sans inspiration, lui confie qu’elle entretient une liaison avec le doyen de la faculté. Seul Peter, son ami et collègue, entre dans la confidence. Richard réalise qu’il n’a pas pris le temps de vivre, entièrement dévoué à sa carrière académique. Et qu’il n’est d’ailleurs pas parvenu à enseigner comme il aurait voulu le faire. Le compte à rebours est entamé. Il décide de tout envoyer promener, son comportement trop sage, sa pondération, son flegme, pour se rebeller contre les convenances sociales étouffante, la bien-pensance hypocrite, le formatage des élèves. Tandis qu’il picole sec, fume des joints et mange des space brownies, il encourage ses étudiants à s’émanciper pour penser par eux-mêmes. 







Second volet d’un triptyque entamé avec l’excellent « Katie Says Goodbye », « Richard Says Goodbye » présenté également sous les titres « The Professor » et « Les derniers jours de Monsieur Brown » hésite entre la satire et le mélo. Moins subtil que le précédent opus, le film de Wayne Roberts aurait tendance à abuser des grosses ficelles d'une trame classique mais parvient néanmoins à séduire par son humour noir et son sens du décalage. 

L’intrigue sans surprise du professeur à la dérive qui reprend goût à la vie emprunte ici une louche d’« American Beauty », là une dose du « Cercle des Poètes disparus », plus loin un soupçon de « Nos étoiles contraires ». Cette comédie dramatique embrasse le destin d’un universitaire désabusé à l’existence étriquée, coincé entre des étudiants peu motivés et un mariage qui bat de l’aile, auquel l’annonce d’une maladie incurable va donner la force d’une remise en question radicale. Grâce à ce réveil existentiel tardif, il se débarrasse de sa carapace policée. Statut et réputation ne sont plus à préserver coûte que coûte. C’est la fin des compromissions.




La première partie se révèle plutôt réjouissante, bien que prévisible. Richard s’attache à réparer les erreurs passées, renouer les liens détendus par le temps. Désormais, il assume ses envies, ses lubies soudaines, quitte à faire fi de la bienséance ce qui donne lieu à des séquences burlesques, provocations diverses qui ne manquent pas de piquant assumant les clichés. La seconde partie, alors que le personnage est rattrapé par la réalité de la maladie n’évite pas l’écueil de la caricature et du pathos larmoyant.

Film indépendant charmant mais plutôt anecdotique, « Richard says goodbye » se laisse regarder sans déplaisir. L’écriture de Wayne Roberts confère à son oeuvre une qualité indéniable. Les personnages pas toujours sympathiques, finement amenés, les relations complexes qui les lient joliment décrites, offrent une belle partition aux comédiens qui livrent une performance savoureuse. Johnny Depp, charme intact, plutôt sobre dans un jeu sans cabotinage excentrique est tour à tour émouvant, drôle, subtil et fantasque. Un joli hymne à la vie empreint d’une tendre mélancolie.

Richard says goodbye / The Professor / Les derniers jours de Monsieur Brown
Avec Johnny Depp, Rosemarie DeWitt, Odessa Young, Danny Huston, Zoey Deutch, Devon Terrell, Ron Livingston



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.