Paris : Evolution du plan de métro parisien, un voyage graphique à travers le temps

1903


Le métro parisien est l'un des plus grands réseaux ferrés urbains, d’une grande complexité. Il représente un véritable défi cartographique. Les archives de la RATP, régie autonome des transports parisiens, témoigne de représentations sans cesse travaillées et retravaillées, à l’instar du plan “Lagoutte”, largement diffusé des années 1930 aux années 1950. Inauguré le 19 juillet 1900 à l’occasion de l’Exposition Universelle, le métro parisien est l’un des réseaux souterrains les plus importants au monde. L’un des plus denses également. Le plan de 1903 réalisé par les ingénieurs de la CMP, compagnie du métro parisien, rend déjà compte de cette complexité. Il propose une projection évolutive du maillage. Il mentionne les lignes en activité mais également des créations à venir, hors ligne 12 et 13, dont les chantiers ont été entamés en 1911 par Nord-Sud, une société concurrente, absorbée par la CMP après la Grande Guerre. Le plan du métro parisien, symbole de la ville, procède de son identité. Ses nombreuses évolutions incarnent les changements d’époque et de conception. Pour chaque Parisien, les versions alternatives convoquent des souvenirs vivaces. Un véritable voyage dans le temps, un délicieux goût de nostalgie.


1914

1920

1930

1939


La première ligne du métro de Paris voit le jour à l'approche de l'Exposition universelle de 1900. Le projet initial mené par la CMP prévoit une ligne circulaire Étoile-Nation-Étoile, deux lignes transversales, Nord-Sud, Porte de Clignancourt-Porte d'Orléans et Est-Ouest, avenue Gambetta - Porte Maillot. Le réseau se densifie rapidement jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, densification qui marque une pause au lendemain du conflit mondial. La RATP fondée en 1949, remplace la CMP dans la gestion du métro. A partir des années 1970, le réseau express régional (RER), les lignes existantes sont prolongées en proche banlieue. De nos jours, au nombre de seize, essentiellement souterraines, elles acheminent chaque jour 4,1 millions d’usagers. 

La représentation cartographique du métro à l’usage des voyageurs aura nécessité une schématisation. drastique indépendante de la réalité physique pour accroître la lisibilité. Ces modèles graphiques reprennent la structure élémentaire de l’espace géographique afin d’éclairer l’organisation du réseau et de fournir des explications sous formes simplifiées. En somme de permettre aux usagers de s’orienter précisément et d’arriver à bon port. 


1950

1963

1967

1970


Dans un premier temps, le plan dit en « assiette de spaghetti » se répand. Mais dès les années 1930, es Anglais, George Dow (1907-1987) et Harry Beck (1902-1974), dessinateurs industriels, employés par The London and North Eastern Railway (LNER) et le British Railways, proposent une nouvelle manière de représenter les réseaux afin d’accroître la précision, la lisibilité et donc l’efficacité. 

Beck signe le premier plan schématique du métro de Londres en 1933. Il se caractérise par la simplification du réseau selon une grille aux angles à 45°, par l’utilisation d’un code couleur permettant de mieux distinguer les lignes et l’uniformisation des distances entre les stations. Dès 1939, ce diagramme schématique sera largement utilisé dans le monde entier, New York, Montréal, Sydney, Tokyo, Osaka, Saint Petersburg… En 1945 Beck soumet une première proposition à la France, puis une seconde en 1951, toutes deux rejetées. Le modèle ne sera adopté qu’à partir de 1999. 


1978

1980

1991

1999


Le diagramme stylisé rend les distances relatives, les informations géographiques imprécises. Les zones centrales plus denses sont élargies, les zones périphériques réduites. Le tracé des lignes et de leurs numéros sont marqués par un code couleur fort. Les arrêts signalisés, les terminus de chaque ligne clairement désignés. Afin de différencier symboliquement les lignes du métro et celle des autres moyens de transport comme le RER, le tracé est symbolisé de manière différente. Les zones sont représentées en fonction de leur tarification. Des informations pratiques, telles que la localisation des gares, aéroports etc sont ajoutées.

L’évolution du plan de métro parisien à travers les décennies permet de suivre l’apparition et la disparition des stations comme celles du Champ de Mars sur la ligne 8, de la Croix-Rouge sur la ligne 10 ou encore celle de Martin Nadaud sur la ligne 3. Au lendemain des deux guerres mondiales, de nombreux changements de dénomination sont constatées. La modernisation des terminologies à transformer la station Chambre des députés inaugurée en 1910 en Assemblée nationale en 1989. 


2000

2015

2030 Grand Paris Express


Ces cartes d’un temps révolu permettent également de suivre l’évolution du logo de la RATP. Le profil de femme tourné vers le ciel représentant aussi le cours de la Seine a été instauré en 2000. Le plan qui inclut le Grand Paris Express, complété à l’horizon de 2030 ajoutera 200 kilomètres de lignes supplémentaires à celles déjà existantes. Il nous invite dans un voyage vers le futur. Trajet savoureux.



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.