Ailleurs : Musée des Beaux-Arts d'Angers, institution culturelle angevine, musée d'art et d'histoire des Pays de la Loire



Le Musée des Beaux-Arts d’Angers s'est lové dans le centre historique de la ville, place Saint Eloi site antique et médiéval. Il a pris place au cœur de l’ensemble patrimonial du Logis Barrault, un hôtel particulier construit au XVème siècle et classé aux Monuments historiques. Fondé en 1801, à la suite du décret Chaptal qui institue dans quinze villes de France de grands musées destinés à l’éducation du public et à la valorisation des arts, il est tout d’abord émanation d’une nouvelle institution, l'Ecole Centrale. Le Muséum de l’Ecole Centrale de Maine-et-Loire ne deviendra musée municipal qu’en 1805. Le lieu avait peu évolué depuis les grandes transformations menées au XVIIème par les ecclésiastiques du Grand Séminaire. Au début des années 2000, il entre pleinement dans la modernité à la suite d'un chantier extensif de cinq ans qui le transforme en profondeur. Les belles collections du Musée des Beaux-Arts d’Angers offre un panorama étendu de l’art européen des Primitifs italiens, français et flamands aux artistes contemporains. Cet ensemble de grande qualité a été constitué grâce aux dépôts de l’Etat ainsi qu’aux legs et dons importants de collectionneurs comme d’artistes.











Le Logis Barrault, bel exemple d’architecture gothique flamboyant et plus ancien hôtel particulier de la ville a été édifié entre 1486 et 1493 pour Olivier Barrault serviteur du roi, trésorier de Bretagne et maire d’Angers à trois reprises. Entre ses murs a été préparé l’édit qui deviendra le célèbre Edit de Nantes. Devenu propriété du clergé en 1673, le logis Barrault est transformé en grand séminaire, lieu de formation pour les prêtres. A cette occasion, il est doté d’un réfectoire de style classique. 

En 1795, le Directoire institue les Ecoles Centrales en 1795, établissements d'enseignement public qui remplacent les collèges et les facultés des arts des anciennes universités. L’Ecole centrale de Maine-et-Loire, est établie dans les locaux de l’ancien séminaire dès 1796. Le muséum de l’Ecole Centrale de Maine-et-Loire attenant est constitué sur le modèle du Louvre. Il ouvre ses portes au public en mai 1801.

Les Ecoles Centrales disparaissent en 1802. La municipalité d’Angers reprend la charge du Muséum consacré à la peinture en 1805 et ouvre dans le même temps au Logis Barrault, le cabinet d’histoire naturelle et la bibliothèque municipale. L’institution acquiert un nouveau statut. Artistes et collectionneurs angevins s’intéressent à la constitution des collections. Pierre-Jean David dit David d’Angers lègue son fond d’atelier à la ville qui inaugure en 1839 une galerie David d’Angers dans l’ancien réfectoire du grand séminaire. Cet espace dédié y demeure jusqu’en 1984 date à laquelle la galerie est réaménagée dans l’ancienne abbaye Toussaint. 











Peintre et mécène, Lancelot Théodore Turpin de Crissé (1782-1859), qui a réuni tout au long de sa vie une collection éclectique dans le goût de la Restauration, lègue à sa mort un ensemble remarquable. Il comprend des antiquités égyptiennes et gréco-romaines, des bronzes, des vases, des verreries, des émaux et faïences mais également de nombreux tableaux parmi lesquels "Paolo et Francesca" de Jean-Dominique Ingres, quelques Primitifs dont un triptyque de l’Ecole d’Avignon. Le peintre Guillaume Bodinier, ami proche de Turpin de Crissé, offre à la ville d'Angers le logis Pincé, un bâtiment renaissance remarquable, afin d’y créer un espace muséal pour abriter les collections d’antiques. Il est inaguré en 1889. Fermé depuis 2005, le Musée Pincé a rouvert au public en février 2020.

Pour faire face au développement des collections du Musée des Beaux-Arts, la municipalité d’Angers envisage l’extension du logis Barrault. En 1887, la Galerie Beaurepaire est édifiée par l’architecte de la ville Charles Demoget perpendiculairement au Réfectoire où se trouve la Galerie David d’Angers. Elle abrite dès lors "La Danse" de Charles-Adolphe Gumery, "La Mort de Priam" de Pierre-Narcisse Guérin.











Au début du XXème siècle, les nouveaux projets d’extension et de création d’une nouvelle entrée pour le public sont suspendus. Durant la Seconde Guerre Mondiale, le Musée des Beaux-Arts d’Angers est sinistré. En 1948, placé sur la liste des musées de province classés, il perçoit des aides qui permettent à la ville de réorganiser l’institution à partir de 1949 qui rouvre dans des conditions peu optimales en 1950. En 1977, la municipalité envisage des réaménagements profonds. La bibliothèque municipale déménage du logis Barrault vers un autre bâtiment en 1980 et quatre ans plus tard la nouvelle Galerie David d’Angers est inaugurée dans l’ancienne abbaye Toussaint libérant l’espace du Réfectoire.

Le projet scientifique et culturel présenté en 1998 par Patrick Le Nouëne alors directeur et conservateur en chef des musées d’Angers ouvre des perspectives d’avenir pour l’établissement qui entre dans le nouveau millénaire avec panache. De 1998 à 2004, le Musée des Beaux-Arts d’Angers fermé au public, un vaste chantier de rénovation et d’agrandissement est mené. En parallèle des travaux, 150 œuvres sont restaurées.. Les deux architectes en charge ont pour mission de valoriser les collections et le patrimoine architectural des lieux. Les parties les plus anciennes sont confiées à Gabor Mester de Paradj architecte en chef des Monuments historiques qui restaure le patrimoine classé en soulignant les particularités de l’édifice, enchevêtrement de styles et de références. L’architecte Antoine Stinco mène à bien la rénovation des constructions plus récentes, les aménagements muséographiques et la création de nouveaux espaces.











Lieu revivifié, le Musée des Beaux-Arts d’Angers rouvre en juin 2004. Sa surface totale est passée de 3000 m2 à 7000m2 dont 3000m2 consacrés à l’exposition des collections permanentes et 1000m2 de réserves en sous-sol. Un espace de 550m2 dédié aux expositions temporaires, un auditorium et un cabinet d’arts graphiques complètent les espaces. L’ancien jardin de l’abbaye Saint Aubin fondée vers 534 où a été inventé la poire Doyenné du Comice, est transformé en jardin de sculptures.

Des bornes interactives proposent une visite virtuelle du musée réinventé en deux parcours distincts. Le premier au rez-de-chaussée retrace l’histoire d’Angers à travers 555 pièces archéologiques issus de fouilles au cœur même de la ville et d’objets d’art du néolithique à nos jours. Le second parcours qui débute au premier étage est consacré aux Beaux-Arts particulièrement la peinture et la sculpture, l’art européen depuis le XIVème siècle jusqu’au XXIème siècle. Les Primitifs du XIVe siècle français, italiens et flamands côtoient des objets d’art de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Les écoles du Nord des XVIe et XVIIe siècles, écoles françaises et italiennes des XVIe et XVIIe siècles sont abondamment représentées par des œuvres remarquables telles que les tableaux "Autoportrait" de Jacob Jordaens, "Allégorie de la Simulation" de Lorenzo Lippi, l’esquisse de "L’Apothéose  de la maison Pisani", destinée au plafond de la Villa Pisani à Stra en Vénétie par Giambattista Tiepolo, "Vierge à l'Enfant" de Pierre Mignard ou encore "L’enlèvement des Sabines" de Willem Van Mieris le Jeune. Parmi les collections du parcours permanent se trouvent des œuvres de Segna di Bonaventura, Jan Brueghel l'Ancien, Hendrick Van Balen, Jacob van Ruisdael, Philippe de Champaigne, Charles Le Brun, Jacques Stella, Pierre Mignard, Antoine Coypel, Sisto Badalocchio, Luca Giordano, Francesco Solimena, Francesco Guardi. 











Au deuxième étage, le XVIIIe siècle de Louis XV et Louis XVI s’incarne en beauté dans un ensemble où se retrouvent les plus peintres de l’époque, Antoine Watteau, François Desportes, Carle Van Loo, François Boucher, Noël Hallé, Jean-Baptiste Chardin, Jean-Baptiste Greuze, Jacques Louis David, Louis Lafitte. Jean Honoré Fragonard occupe une place de choix avec trois esquisses, "La Poursuite", "La Surprise" et "La Nymphe lo et Jupiter" ainsi que les tableaux "Céphale et Procris", "Jupiter, sous les traits de Diane, séduit Callisto",  "Corésus et Callirrhoé" et une autre esquisse. Un célèbre buste de Voltaire par Jean-Antoine Houdon veille.

Les courants artistiques du XIXème siècle sont représentés par des œuvres signées Ingres comme le tableau "Paolo et Francesca" mentionné plus haut, "L'Arabe pleurant son coursier mort" de Jean-Baptiste Mauzaisse, "Portrait de Mlle Leroux" de Jean-Jacques Henner, "La Vue de Paris, la Seine à l'Estacade" de Johan-Barthold Jonkgind, ainsi que des productions diverses de Pierre-Narcisse Guérin, Camille Corot, Ary Scheffer, Eugène Devéria, Pierre Puvis de Chavannes… Une grande importance est accordée aux artistes angevins Guillaume Bodinier, Jules-Eugène Lenepveu et le contemporain Alexis Mérodack-Jeanneau. Accueillis place Saint Eloi par une œuvre d’Igor Mitoraj, "Per Adriano", les visiteurs découvrent sur la terrasse du logis qui donne accès aux jardins, la très colorée sculpture de Niki de Saint Phalle, "L’Arbre aux serpents".








En 2007, un fragment du "Triomphe du peuple français au 10 août (1799)" du peintre Philippe-Auguste Hennequin dérobé au Musée des Beaux-Arts d’Angers durant la Seconde Guerre Mondiale est retrouvé lorsque l’héritier de l’indélicat cherche à faire expertiser le tableau. En 2013, le musée lance une souscription publique pour l'acquisition d'un tableau de Jean-Baptiste Le Prince.

La riche programmation culturelle du Musée des Beaux-Arts d’Angers, conférences, spectacles divers, danse, animations pour les enfants, expositions temporaires, confère à cette institution le statut de lieu vivant, de rencontres et de partage.

Musée des Beaux-Arts d’Angers
14 rue du musée - 49100 Angers
Tél : 02 41 05 38 00
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.