La galerie David d’Angers, consacrée à la sculpture de Pierre-Jean David, dit David d’Angers (1788-1856) met en lumière une oeuvre singulière représentative du mouvement romantique du XIXème siècle. Annexe du musée des Beaux-Arts d’Angers, l’institution culturelle s’est lovée dans un décor exceptionnel, l’ancienne abbatiale Toussaint relevée de ses ruines à l’occasion d’un veste projet de réhabilitation mené par la ville. Sous la houlette de l’architecte en chef des Monuments Historiques Pierre Prunet, les voûtes effondrées de l’église abandonnée ont fait place à une immense verrière déversant une lumière zénithale somptueuse sur l’ensemble des collections, plus important ensemble de l’enfant du pays. La galerie David d’Angers détient dans ses réserves la quasi-totalité des plâtres d’atelier des statues monumentales de l’artiste, disséminées à travers toute l’Europe et jusqu’aux Etats-Unis. Dans ses murs sont exposés les réalisations iconiques de David d’Angers. Le bon Roi René côtoie Gutenberg, le Grand Condé, le corsaire Jean Bart, le marquis de Bonchamps, Victor Hugo, Honoré de Balzac, François-René de Chateaubriand... Cet éventail inestimable, monuments funéraires, bustes, médaillons, œuvres de jeunesse, dessins préparatoires, offre une vision globale unique sur le travail d’un artiste et son processus créatif.
La galerie David d’Angers doit beaucoup à la générosité de l’artiste. Second Prix de sculpture en 1810 avec son Othryadès, guerrier sparte, puis Prix de Rome en 1811, avec le bas-relief Mort d’Épaminondas, il offre ces œuvres à sa ville natale. De son vivant, il multiplie les dons. Plus de 400 pièces rejoignent les collections publiques. En 1839, la ville d’Angers inaugure au musée des Beaux-Arts dans l’ancien réfectoire du grand Séminaire un espace dédié à l’enfant du pays. Au décès de l’artiste en 1856, la famille du sculpteur confie à la ville une grande partie du fonds d’atelier. Ce don est complété en 1903 par celui encore plus important d’Hélène Leferme, fille de l'artiste. Constituée au fil des donations, la plus importante collection d’œuvres de David d’Angers comporte de nos jours 250 plâtres, 3900 dessins et 700 médaillons.
Le lieu dans lequel a été inauguré la galerie David d’Angers est unique. La première chapelle édifiée au XIème siècle marque un lieu d’inhumation pour les populations modestes. D’envergure plus ambitieuse, l’abbatiale Toussaint est construite au XIIIème siècle par les chanoines de Saint Augustin. Murs en tuffeau, voûtes très bombées, représentative de l’architecture angevine, l’église est en son temps un exemple d’harmonie et de légèreté. Au XVIIème, la communauté croissant des bâtiments conventuels sont ajoutés. Aujourd’hui, demeurent le logis du prieur et le cloître. Le plan en T d’origine est modifié au XVIIIème siècle avec l’ajout dans le chœur de la grande rose du pignon Est de style gothique.
A la Révolution, les bâtiments confisqués devenus biens nationaux sont affectés aux réserves de l’armée. L’abbatiale n’est pas entretenue et en 1815 les toitures s’effondrent. A partir de 1841, l’église en ruines sert de dépôt lapidaire à la ville. Tombeaux, fragments sculptés découverts lors des grands chantiers d’urbanisme sont entreposés dans ce musée à ciel ouvert qui ne manque pas de charme. L’abbatiale est classé au titre des Monuments historiques en 1925.
Au début des années 1980, la ville d’Angers envisage un grand projet de réhabilitation. Pierre Prunet, architecte en chef des Monuments historiques, souhaite valoriser les éléments locaux anciens, l’ardoise, le tuffeau, le schiste ardoisier en les associant à des matériaux contemporains bois, béton, verre. La grande verrière restitue le volume intérieur des voûtes tout en dispensant une abondante lumière naturelle qui confère à l’ensemble une atmosphère singulière de sérénité. La galerie David d’Angers lieu d’exposition dédié à un ensemble exceptionnel est inaugurée le 22 mai 1984.
L’impressionnante collection des Musées d’Angers entre en dialogue avec l’architecture réhabilitée. Dans la nef de l’ancienne abbatiale sont exposés vingt-trois plâtres d’atelier des statues monumentales les plus connues signées David d’Angers. Les nombreux monuments publics du sculpteur y tiennent une place de choix, la statue de Gutenberg dont la version définitive se trouve à Strasbourg, le Grand Condé du le pont Louis XVI à paris devenu depuis pont de la Concorde, le Jean Bart, célèbre corsaire au service de Louis XIV de la ville de Dunkerque, le tombeau de Saint-Florent-le-Vieil du marquis de Bonchamps. L’exemplaire en marbre du guerrier grec Philopoemen se trouve au Louvre.
Ces modèles, étapes préparatoires souvent détruites après la réalisation finale en bronze, en marbre, en pierre, trouvent ici un écho particulier. La main de l’homme s’y exprime dans les hésitations, la trace de l’outil parfois, convoquant la réalité du geste de l’artiste. Esquisses dessinées, modelés en terre, moulages en plâtre évoquent puissamment la genèse de l’oeuvre. Le modèle au tiers du Fronton du Panthéon est l’une des pièces maîtresses de la collection. David d’Angers reçoit la commande en 1830. Sept ans lui sont nécessaires pour réaliser ce bas-relief monumental qui célèbre les Grands Hommes de la Nation, couronnés par la Patrie. David d’Angers place parmi eux Voltaire, Rousseau, le peintre Jacques-Louis David, mentor de l’artiste, mais aussi le général Bonaparte. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde. Il ne recevra plus jamais de commande des édiles via l’Académie des Beaux-Arts.
Dans l’ancien chœur de l’église, sous la mezzanine, sont exposées des œuvres de dimensions plus modestes, productions de jeunesse et médaillons parmi lesquels une délicieuse Jeune Grecque, l’Othryadès second prix de Rome, L’enfant à la grappe et un buste d’Ulysse. Excellent physionomiste, David d’Angers répond à de nombreuses commandes. Il réalise un important corpus de bustes, monuments funéraires et médailles en bronze.
La mezzanine de la galerie David d’Angers est dédiée aux bustes. Au cours de sa carrière, le sculpteur fréquente les Salons parisiens où il croise les beaux esprits de son temps, hommes de lettres, scientifiques, artistes, intellectuels, politiciens. Il croque les figures marquantes de son époque afin de leur rendre des hommages très personnels. Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Rouget de Lisle, Balzac, Johann Wolfgang von Goethe, les médecins Xavier Bichat, Ambroise Paré, Dominique Larrey, le journaliste Armand Carrel, le compositeur Niccolo Paganini, ces bustes reflètent ses élans du cœur et ses inclinations politiques de fervent républicain.
La galerie David d’Angers organise des rendez-vous réguliers afin d’approfondir la découverte avec notamment des parcours commentés, des animations pour les enfants, des visites théâtralisées ou tactiles.
Galerie David d’Angers
33 bis rue Toussaint - Angers
Horaires : Ouvert toute l'année, du mardi au dimanche de 10h à 18h
Réservation impérative pour les groupes
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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