Paris : Energies, une oeuvre de Pierre-Yves Trémois au coeur de la station de métro Châtelet les Halles - Ier



Energies ou La Lumière nous arrive du fond des âges, bas-relief monumental légèrement concave orne, à l’orée de la sortie porte Lescot, la salle des échanges de la station Châtelet-les-Halles. L'oeuvre signée Pierre-Yves Trémois créée en 1977 convoque sur huit mètres de long et trois de haut certains motifs récurrents de cet artiste figuratif. Tête d’homme, fœtus dans un utérus, poissons, squelettes, comme autant d’interrogations sur l’origine de l’être humain imposent leurs formes dans un bronze patiné et poli sur fond noir ardoise. Au centre de la composition, sous les rayons d’un astre solaire primitif une raie est inscrite au centre d’un cercle creusé. Ce disque est marqué de symboles qui représentent l’équation de Schrödinger, une équation fondamentale en mécanique quantique, conçue par le physicien autrichien Erwin Schrödinger en 1925 et deux expressions des inégalités de Heisenberg, le principe d’incertitude et la dualité onde-particule. Les lettres, les mots, les formules qui parcourent la fresque ont été imprimés dans la matière avec des caractères historiques en plomb issus des collections de l’Imprimerie Nationale. Energies interroge, surprend mais ne parvient pourtant pas à ralentir l’affluence pressée des usagers. 









Pierre-Yves Trémois né à Paris en 1921 est entré aux Beaux-Arts de Paris en 1938 dans l’atelier de Fernand Sabatté (1874-1940). Dessinateur, peintre, graveur, sculpteur et céramiste, il s’oriente tout d’abord vers la gravure et réalise ses premières créations en 1942. Néanmoins, lorsqu’il reçoit le grand Prix de Rome en 1943, c’est pour la peinture. A la suite de ce succès, il présente ses gravures à la Bibliothèque Nationale à l’occasion de l’exposition des Peintres Graveurs français. André Dunoyer de Segonzac (1884-1974), peintre et graveur lui-même, devient son premier collectionneur. 

Dès 1945, les livres illustrés prennent une place centrale dans le travail de Pierre-Yves Trémois. Ses premières gravures sont tirées sur les presses de Raymond Haasen. Roger Lacourière devient par la suite son imprimeur. Denoël le présente à Paul Vialar, pour qui Trémois réalise les eaux-fortes illustrant La Grande Meute aux éditions Archat. Cet ouvrage rencontre un enthousiasme franc auprès du public. Les grands éditeurs s’intéressent au travail de Pierre-Yves Trémois. L’artiste collabore sur plus de quarante ouvrages. Il illustre les recueils de Paul Claudel, Stéphane Mallarmé, Henry de Montherlant, Marcel Jouhandeau, Jean de la Fontaine, Ovide, Jean Giono, Paul Verlaine. Trémois tisse des amitiés littéraires déterminantes dans la suite de son processus artistique.








En 1957, il rencontre le biologiste Jean Rostan avec lequel il se lie très fortement. Ensemble, ils imaginent Bestiaire d’Amour, un livre illustré de 22 planches dont la deuxième édition sera augmentée de 200 dessins. Pierre-Yves Trémois développe une fascination pour le monde animal, la science, la théorie de l’évolution. Ses œuvres reflètent ses interrogations au sujet des origines de l’Homme. Les singes et les batraciens font partie de son bestiaire favori parmi les êtres qui peuplent la Terre.

Son intérêt pour les sciences naturelles touchant aux humains et aux bêtes ouvre sa démarche esthétique vers l'idée plus vaste d'un rapport entre les arts et les sciences, une certaine exactitude mathématique. Dans ses gravures, la réalité de la ligne claire, l’épure graphique confinent à l’austérité dans une quête de lisibilité, de clarté. Pierre-Yves Trémois pratique une ascèse plastique, forme de méditation esthétique, où le trait idéal procède du geste ultime et unique dont la simplicité dissimule la complexité à l’instar de la calligraphie ou des estampes japonaises. La maîtrise absolue fait oublier la technique. Le trait incisif et lyrique sait dans sa dualité complémentaire exprimer l’érotisme autant que l’anatomie scientifique.

Reconnu internationalement, Pierre-Yves Trémois est membre de nombreuses institutions prestigieuses. En 1963, il entre à l’Académie florentine de l’art, en 1965, au Comité national du livre contemporain, en 1971, au Comité national de la gravure française, à l’Académie royale flamandes des sciences, des lettres et des beaux-arts en Belgique. Il est reçu en 1978 à l’Académie des Beaux-Arts dont il est désormais le doyen discret.

Energies ou La Lumière nous arrive du fond des âges - Pierre-Yves Trémois
Station Châtelet-les-Halles - Sortie porte Lescot - Paris 1



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie 
Le guide du promeneur 1er arrondissement - Philippe Godoÿ - Parigramme

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