Cinéma : Fahim, de Pierre-François Martin-Laval - Avec Assad Ahmed, Gérard Depardieu, Isabelle Nanty



Le Bangladesh est secoué par des guerres civiles fratricides et des troubles idéologiques violents. Fahim, jeune prodige des échecs, fuit le pays avec son père Nura, un opposant politique. Ils laissent derrière eux la mère et la jeune sœur de Fahim. Malgré le déchirement de la séparation et la douleur de l’exil, ils arrivent à Paris plein d’espoir. Mais sans-papiers, leur parcours pour obtenir l’asile politique et une régularisation se révèle des plus difficiles. Le père et le fils vivent dans la rue, dans des foyers d’accueil, perpétuellement menacés d’expulsion. Fahim est accueilli au club d’échecs de Créteil où enseigne Sylvain Charpentier, un entraîneur bourru très réputé. Tout d’abord méfiants Fahim et Sylvain apprennent à se connaître et se lient d’amitié. Pour le petit garçon, la clé de ses rêves se trouve dans le Championnat de France d’échecs des moins de 12 ans. Et peut-être une carte de séjour au bout. 







Pierre-François Martin-Laval adapte à l’écran le livre "Un roi clandestin" de Fahim Mohammad, Sophie Le Callennec et Xavier Parmentier, l’histoire vraie d’un jeune clandestin devenu champion d’échecs. Film émouvant, ancré profondément dans notre époque, Fahim retrace le destin d’un gamin sauvé par son don et célèbre la solidarité de ceux qui l’ont aidé, héritiers des droits de l’Homme et d’une France d’accueil.

Dans ce récit qui finit bien, les échecs deviennent pour le petit garçon un véritable passeport. Pierre François Martin-Laval signe une histoire de transmission et de passion qui donne lieu à des scènes réjouissantes en compagnie de Gérard Depardieu, retenue, pudeur et justesse, professeur aux méthodes d’enseignement plutôt rugueuses. Avec Isabelle Nanty, en empathique directrice du club, ils forment un duo plein de drôlerie et de tendresse. Le suspense des compétitions tend le récit autour d’une jolie galerie de personnages attachants. Les tout jeunes joueurs d’échecs du club sont interprétés par des acteurs non professionnels épatants, dont Assad Ahmed qui incarne Fahim avec un naturel confondant. Non professionnel également mais aussi convaincant, Mizanur Rahaman prête ses traits au père, Nura.




Jamais moralisatrice, cette oeuvre joyeuse baignée de bons sentiments met l’humour au service d’un propos engagé. Pierre-François Martin-Laval porte un regard lucide sur la condition des réfugiées clandestins, conscient de la peur de l’autre, de l’étranger dans les pays de destination. Le film débute sur de terribles images réelles d’émeutes au Bangladesh replaçant ainsi au cœur du propos l’idée qu’il s’agit pour les migrants d’une question de survie. Le réalisateur ne fait pas l’impasse sur la difficulté du périple pour l’enfant et son père avant d’atteindre la France où l’incohérence du système d’accueil les met à nouveau en danger. Rendant hommage à ceux qui aident, "Fahim" aborde avec intelligence la condition des réfugiés, les difficultés d’adaptation et l’espoir suscité par l’exil.

Fahim, de Pierre-François Martin-Laval
Avec Assad Ahmed, Gérard Depardieu, Isabelle Nanty, Mizanur Rahaman
Sortie le 16 octobre 2019 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.