Humour : David Azencot - Inflammable - Le Lucernaire



« Je suis juif, combustible, c’est pourquoi j’ai baptisé mon spectacle Inflammable. » Le ton est donné. David Azencot n’a que faire de la bien-pensance aseptisée. Le politiquement correct, les bons sentiments, il ne connaît pas. Digne héritier de Pierre Desproges, des Nuls, l’ancien pubard dézingue à bout portant les hypocrisies et les ridicules de l’époque. Son seul en scène dresse un portrait au vitriol du monde tel qu’il va - pas très bien. L’humoriste, sans filtre, se refuse au consensuel, verbe haut, provocation flamboyante. Drapé dans un second degré salvateur, David Azencot aborde frontalement les sujets sensibles, ceux qui fâchent et divisent la société contemporaine, la religion, les extrémismes, le terrorisme, le transhumanisme, les Gafa, les Big data, le sexisme, la politique, l’écologie. Cette chronique de notre temps, analyse sociétale portée par une réflexion lucide, un propos dense, nous enjoint de rire de tout maintenant avant de n’en pleurer.

Ancien publicitaire, David Azencot a trouvé le chemin de la scène par goût de l’écriture. Membre du collectif Studio Bagel, scénariste et comédien pour la télévision, le cinéma et la radio, chroniqueur dans l'émission Ça pique mais c'est bon avec Anne Roumanoff sur Europe 1, co-auteur des Rendez-vous avec Kevin Razy sur Canal+, il dispense un humour noir particulièrement décapant sur fond d’état des lieux désabusé.

Plume agile, texte au cordeau, l’humoriste maîtrise l’art de distiller le malaise, de jeter des froids puis d’embarquer soudain la salle dans un grand éclat de rire jaune. Le verbe est haut, l’intention corrosive. Au pinacle des préoccupations d’une société, le mouvement Me too et le sexisme le véganisme, l’écologie et le réchauffement climatique, les scandales de la pédophilie « un truc à attraper la varicelle », les juifs et les antisémites, les vieux démons qui rôdent et le nazisme, « Dieu n’a rien vu à ce moment-là, il a cligné des yeux, en même temps c’est normal avec toute cette fumée… ».




David Azencot n’épargne personne. Parmi ses thèmes de prédilection, le handicap, les migrants « C’est comme les enfants : ça me touche, mais je n’ai pas envie d’en avoir chez moi ». Il s’en prend à la nostalgie niaise des bobos, s’inquiète de l’évolution d’Internet et de la déstructuration de la société, constate avec amertume la victoire du consumérisme. Il s’inquiète du peu de choix que laissent aux citoyens la politique et les élections, « L’abstinent ne veut pas faire l’amour, l’abstentionniste ne veut plus se faire baiser ». Démoralisé par notre époque, il conseille d’éviter de faire des enfants d’ailleurs « Il y en a plein mon wagon. Où sont les terroristes ? »

Les audaces cinglantes de David Azencot feront grincer des dents les moins réalistes d’entre nous tandis que les autres se laisseront séduire par la férocité de ses saillies acerbes, l’ironie narquoise de ses envolées désabusées, la lucidité de ses constats, son sens de la distanciation. Dérangeant ? Peut-être. Indispensable ? Très certainement !

David Azencot - Inflammable
Mise en scène Olivia Moore
Les vendredis et samedis à 21h30
Jusqu’au 27 juillet 2019

Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs - Paris 6
Réservations : 01 45 44 57 34



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.