Expo : Mobile / Immobile - Musée des Archives Nationales - Jusqu'au 29 avril 2019



L’exposition Mobile / Immobile qui se tient au musée des Archives Nationales questionne les enjeux et manifestations de la mobilité contemporaine. Durant sept ans, le Forum vies mobiles, think tank soutenu par la SNCF, a mené des travaux sur ce sujet. Chercheurs en sciences sociales et artistes contemporains invités à s’exprimer autour des conclusions de cette étude, dévoilent aujourd’hui un travail commun fascinant. S’appuyant notamment sur une importante documentation issue des fonds des Archives nationales, le parcours imaginé par les commissaires, Hélène Jagot directrice du musée de La Roche-sur-Yon et François Michaud, conservateur au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, interroge les modes de vie actuels. Leur rythme semble déterminé par les transports et leurs contraintes. L’exposition s’inquiète de leur devenir à l’heure d’une accélération délétère. En effet, nos déplacements, jusqu’à présent synonymes de liberté, ont atteint un point d’ambivalence en devenant des sources d’aliénation. La question de la mobilité entre désormais en résonance avec les grands enjeux de notre temps, qu’ils soient politiques, sociaux ou écologiques.











L’essor de la vitesse, par le biais du chemin de fer, de la voiture, de l’avion, a modifié profondément notre rapport au temps et à l’espace. Cette accélération trépidante du rythme naturel accompagne tout autant qu’elle influence les changements de la société. Cette dernière semble vouer un culte particulier à l’automobile, symbole de modernité, de liberté, de progrès. La transformation du paysage urbain en fonction du développement de la voiture souligne cette véritable pression, cet emprise des véhicules sur nos existences. 

Arrivé à un point de rupture, le mythe semble en passe de s’effondrer tant cette activité dépendante des énergies fossiles génère de pollution et de déchets. Vision de cauchemar, Alain Bublex imagine à quoi ressemblerait Paris si le plan Voisin de Le Corbusier visant à reformater la ville à l’aune de la voiture avait été appliqué. Les paysages urbains pollués, nature dévastée, pris en photo par Tim Franco mettent en lumière les effets environnementaux de nos choix de circulation et de leurs infrastructures dédiées.








La mobilité entre villes et campagnes apporte aujourd’hui de nouveaux éléments aux problématiques du développement urbain. L’intensification du quotidien, l’éclatement des vies sociales tel qu’il est envisagé par Laurent Proux sont des symptômes d’un malaise. La mobilité est devenue une injonction liée à la vie professionnelle, une contrainte harassante et déshumanisante qui répond aux diktats de la fluidité des transports, de la communication numérique. 

A Tokyo, Sylvie Bonnot, fasciné par le fleuve humain des foules de travailleurs, a saisi sur pellicule ce flux trépidant. Essor de la société de consommation en Asie notamment, croissance à grande vitesse de l’Inde, de la Chine, les moeurs mondialisées par la révolution des mobilités tendent vers un développement à l’échelle de la planète du mode de vie occidental hautement polluant. 










Cependant, l’apparente démocratisation des déplacements ne concerne qu’une partie de la population seulement. La surveillance des mouvements humains compromet la libre circulation. Et avec la crise des migrants, il semble désormais que cette mobilité obéisse à des contrôles souvent inhumains. Laurence Henno a photographié ces réfugiés dans leur grande précarité tandis que l’artiste Ai Weiwei dont l’oeuvre se nourrit de son engagement politique est parti à la rencontre des migrants pour leur offrir la parole.

L’exposition développe ainsi une réflexion sur les inégalités produites par la mobilité, la nouvelle hiérarchisation des voyageurs selon les moyens financiers, les nationalités, les raisons de circulation. Le nomadisme a pris de nouvelles formes que Ferjeux van der Stigghel ausculte à travers photographies et installations, qui retracent la vie de néo-nomades, les Noland’s men.











Voyager souvent, plus vite, plus loin, est devenu une norme au détriment de l’environnement. Les transports dépendent à 95% du pétrole et sont responsables de 25% des émissions de gaz à effet de serre. Afin de préserver la planète, la nécessité de se réapproprier les espaces de manière différente semble nécessaire. L’exposition relaie le regard critique des artistes, leurs interrogations auxquelles il faudrait bien apporter des réponses. De populations mobiles à immobiles, d’itinérants à sédentaires, l’être humain devra-t-il ré-envisager le monde selon le temps ralenti imaginé par Marie Velardi ?

Afin de prolonger la réflexion, le site de Pierrefitte sur Seine présente quatre modules qui approfondissent les thématiques abordées à l’hôtel de Soubise.

Mobile / Immobile
Jusqu’au 29 avril 2019 

Musée des Archives Nationales - Hôtel de Soubise
60 rue des Francs-Bourgeois - Paris 3
Horaires : Du lundi au vendredi de 10h00 à 17h30, samedi et dimanche de 14h00 à 17h30 - Fermé le mardi et les jours fériés

Archives Nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine
59 rue Guynemer - 93383 Pierrefitte-sur-Seine
Horaires : Du lundi au samedi, de 9h00 à 16h45 - Fermé le dimanche et les jours fériés

Liste des artistes : Ai Weiwei / Alain Bublex / Caroline Delmotte / Catherine Poncin / Claire Chevrier / Clive Lamming (Coll.) / Elinor Whidden / Félix Pinquier / Ferjeux van der Stigghel / Gaël Peltier / Géraldine Lay / Gildas Etevenard / Groupe BP / Hans Haacke / Ishan Tankha / Jürgen Nefzger / Laura Henno / Laurent Proux / Le Corbusier / Marie Velardi / Marion Poussier / Olivier Culmann / Patrizia Di Fiore / Sylvie Bonnot / Swann Thommen / Thomas Sauvin (Coll.) / Tim Franco / Wang Gongxin



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.