Théâtre : Novecento, d'après Alessandro Baricco - Avec André Dussollier - Théâtre de la Porte Saint Martin



Tim Rooney, trompettiste de son état, a dix-sept ans en 1927 lorsqu’il est embauché dans l’orchestre du Virginian, un prestigieux transatlantique. Là, il fait la connaissance du plus grand pianiste au monde, Novecento, un virtuose autodidacte, né sur le paquebot et jamais descendu à terre. Tim raconte l’histoire fantastique de cet homme au destin si singulier. En 1900, un nouveau-né est abandonné dans une caisse frappée du sigle T.D Limoni sur le piano de la salle de bal des premières du Virginian. Découvert par Danny Boodmann, un marin de Philadelphie, l’enfant est baptisé Danny Boodmann TD Lemon Novecento. Alors qu’il grandit sur le bateau, élevé par l’équipage, le petit garçon montre dès l’âge de huit des dons pour le piano. Nourri de toutes les musiques entendues, du classique des premières au folklore populaire des troisièmes classes, les styles naissants le ragtime, le jazz, le blues, Novencento devient rapidement la vedette de l’orchestre et sa réputation fait le tour du monde alors qu’il refuse de descendre à terre. 






Passeur d’histoire, André Dussollier se fait narrateur d’une fable merveilleuse imaginée par le romancier Alessandro Baricco. Le texte originel tout en sensibilité et poésie s’inscrit dans l’idée de la tradition orale. Portée par le comédien, l’adaptation pour la scène de ce monologue flamboyant aux accents théâtraux se révèle d’une belle évidence. Décors, lumières, images de Pierre-François Limbosch déploient le charme d’une scénographie spectaculaire, distillant une atmosphère joyeuse de grande troupe. Cette croisière au pays de la création musicale nous embarque sur des flots contrastés et inspirés. L'histoire unique de Novecento, puissant souffle romanesque, étrangeté lumineuse, résonne comme une divine invitation au voyage et à la rêverie.

Voix chaleureuse, énergie communicative, élégance naturelle, André Dussollier se glisse dans la peau de Tim, passe tour à tour la parole au capitaine, à un passager, à un musicien, au rythme d’une narration échevelée. Il danse, il court sur une scène devenue pont du navire, s’amuse visiblement beaucoup et nous transmet cette énergie communicative. 

Avec enthousiasme, il entame un dialogue profond avec le quartet, piano, trompette, batterie, contrebasse, soulignant l’universalité de la musique. Véritable personnage de l’histoire, elle prolonge le récit et les émotions. Ici, la musique dans toute sa puissance d’évocation, c’est un peu la matérialisation de Novecento, le héros invisible, sa légèreté mais aussi sa mélancolie, la solitude du créateur face à son art, à sa quête d’absolu.




S’il traverse les océans, le pianiste qui ne mettra jamais le pied à terre demeure loin des sociétés humaines, de leurs vicissitudes, de leurs cloisons. La rumeur du monde, les influences musicales lui parviennent mais il échappe aux carcans, invente sa propre musique dans une liberté d’improvisation totale. Affranchi de tous les codes, il laisse libre court à sa fantaisie d’autodidacte, artiste tout à son art, embrassant son destin et entretenant sa part d’enfance par cette solitude volontaire. En choisissant le retrait, il demeure fidèle à sa nature profonde et se donne la possibilité d’exprimer sa vision unique. 

Emotion et humour se mêlent au cours de ce récit fabuleux, périple au gré de la création. Joyeux, entraînant, savoureux, la singulière existence de Novenceto se fait belle leçon d’humanité, ode au génie humain. 

Novecento, d'après Alessandro Baricco
Du 9 janvier au 31 mars 2019
Horaires : Mardi, mercredi, jeudi, vendredi 20h - Samedi 20h30 - Dimanche 16h

Adaptation française et mise en scène André Dussollier
Co-adaptation française Gérald Sibleyras 
Avec la collaboration de Stéphane de Groodt 
Avec André Dussollier, Elio Di Tanna (piano), Sylvain Gontard en alternance avec Gilles Relisieux (trompette), Olivier Andrès (contrebasse), Michel Bocchi (batterie)

Direction musicale Christophe Cravero 
Scénographie et co-mise en scène Pierre-François Limbosch
Costumes Catherine Bouchard 
Lumières Laurent Castaingt
Assistanat artistique Catherine d'At.

Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 bd Saint-Martin - Paris 10
Tél : 01 42 08 00 32



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.