Les Délices de Théodora célèbre une histoire de transmission, d’enfance retrouvée et de passion partagée. La boulangerie artisanale du 127 rue de Reuilly porte crânement le prénom d’une grand-mère gâteau, celle de Rudy Rigelo, l’homme au fournil. Installée récemment dans le XIIème arrondissement où ce dernier a passé son enfance, cette belle enseigne dispense chaque jour ses bienfaits, pains et viennoiseries tout simplement impeccables. Aux commandes de cette petite entreprise, il y a Rudy bien sûr, son tour de main généreux, mais également Aude, son épouse, à la personnalité aussi attachante que dynamique. Ces artisans du goût conjuguent à deux l’exigence jusqu’à l’excellence et l’amour des beaux produits. Ici la pâte feuilletée relève du grand art et les saveurs marquées du pain au levain lente fermentation assument des arômes authentiques.
A la suite d’un CAP cuisine auprès de Gabriel Asfaux, le chef étoilé du restaurant Sousceyrac disparu en 2014, Rudy Rigelo s’oriente vers les contrées sucrées. Apprenti pâtissier au Méridien Montparnasse, époque à laquelle il rencontre Aude, il fait ensuite un passage chez Ledoyen où il mène sa formation sous la houlette de grands professionnels. En 2005, Rudy et Aude sautent le pas et tentent une nouvelle aventure en ouvrant une boulangerie-pâtisserie à Versailles dont la réputation grandit durant neuf ans. Envie de changement, de nouveaux espaces, les tourtereaux déménagent à Paris avec leur petite famille et inaugurent une nouvelle échoppe gourmande au cœur du quartier Daumesnil.
Aux Délices de Théodora, le réconfort douillet des viennoiseries rime avec authenticité. Abondance de beurre pâtissier, lait entier, il est question de bons produits, de savoir-faire, de générosité. Viennoiserie la plus emblématique, le croissant rituel du matin a le goût de beurre frais, un croustillant émouvant, une texture alvéolée de rêve. A l’heure du goûter, le pain au chocolat nous ramène sur les chemins de l’école et de l’enfance. Pâte levée et feuilletée pliée en portefeuille sur deux barres de chocolat, ce classique qui n’a pourtant pas de recette codifiée est d’une belle technicité. Au sortir du four, juste tiédis, les pains au chocolat, jolie croûte dorée, développent des parfums beurrés soulignés par les notes puissamment cacaotées du chocolat. Le chausson aux pommes dodu, pâte croustillante subtilement caramélisée en surface, trouve un juste équilibre entre la légèreté du feuilletage et la consistance voluptueuse de la compote de pommes. Compote de pommes maison aux notes gourmandes de cannelle préparée avec des fruits frais.
Produit noble, essentiel, aliment symbolique, le pain se fait ici geste d’auteur. Aux Délices de Théodora, Rudy Rigelo cultive son propre levain, véritable signature. La fermentation lente de la pâte permet d’exalter les arômes, d’apporter une remarquable longueur en bouche. Pain aux figues et raisins très gourmand, Pain aux noix et noisettes torréfiées addictif, Pain seigle et avoine rustique et délicieusement odorant, les déclinaisons de caractère et les miches joufflues de facture plus classique possèdent ce même croustillant de la croûte, cet imparable moelleux de la mie.
Le midi, sandwichs et belles salades suivent un programme épatant où il est question de mayonnaise maison, de cuisson sur place et de saveurs orchestrées avec amour. Le Poulet rôti de Janzé Label Rouge, le dispute au jambon à l’ancienne Mauriac tranché en chiffonnade quand le thon frais mi-cuit s’invite dans les assiettes.
Les amis, notez donc l’adresse de cette merveille de boulangerie de quartier. Moi je vais me refaire un petit croissant en attendant de goûter très prochainement les pains aux raisins qui sont ma très grande obsession. On a les monomanies qu'on mérite, me direz-vous... Les Délices de Théodora, j’adore !
Les Délices de Théodora
127 rue de Reuilly - Paris 12
Horaires : du lundi au vendredi de 7h à 20h, le samedi de 7h à 19h, fermé le dimanche
Tél : 01 43 07 61 21
Croissant 1 euro
Pain au chocolat 1,10 euros
Chausson aux pommes 1,60 euros
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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