Paris : L'Accueillant, une oeuvre monumentale de Jean Dubuffet - Hôpital Robert Debré - XIXème



Figure caractéristique du cycle de l’Hourloupe, L’Accueillant est une sculpture monumentale haute de 6 mètres, réalisée en 1988, trois ans après le décès de Jean Dubuffet (1901-1985), d’après une maquette originale datant de 1973. Cette oeuvre a été commandée par l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris lors de la construction menée par l’architecte Pierre Riboulet de l’Hôpital Robert Debré dans le XIXème arrondissement. Placé face au service des enfants malades, L’Accueillant veille en terrasse, symbole de connexion à la vie, de lien entre les êtres. La statue appartient au même ensemble que Le Bel Costumé exposé dans les jardins des Tuileries. Ces deux personnages font partie des études originelles menées par Jean Dubuffet autour de dix-sept figures différentes. Celles-ci étaient destinées à composer un groupe monumental de cinq sculptures. La combinaison initiale intitulée Welcome Parade aurait dû trouver place dans le hall d’entrée de la National Gallery à Washington, un bâtiment réalisé par l’architecte IM Pei à qui l'on doit la pyramide du Louvre.






Le Cycle de l’Hourloupe, débuté en 1962, a pris fin en 1974. Jean Dubuffet raconte que son graphisme particulier, juxtaposition de cellules comme autant de pièces de puzzle, doit tout au hasard des graphies automatiques car il serait né des griffonnages semi-conscients réalisés au stylo bille durant des appels téléphoniques. Schématisation des figures, graphisme simplifié, intervention du hasard dans le processus de création, cette pratique singulière renvoie à la notion d’Art brut théorisée dès 1947 par Dubuffet, son refus de l’art intellectualisé et son rejet de la beauté académique.

Tracé noir sur fond blanc, hachures, aplats de couleur primaires, rouge, bleu, l’artiste semble recomposer des figures dans un grand bouillonnement, une prolifération de motifs aléatoires. Jean Dubuffet morcelle puis reconstitue explorant les techniques, expérimentant les matériaux. Pour les sculptures de l’Hourloupe, ce sera transfert de peintures vinyliques sur résine stratifiée, époxy peint au polyuréthane.







Dans l'exécution des sculptures de ce cycle particulier, l''étude préliminaire devient une sorte de maquette d'architecte sculptée au fil chaud dans des blocs de polystyrène expansé matériau particulier qui lui donne « liberté et immédiateté comme avec un crayon courant sur le papier. » Cette étape préliminaire est considérée comme un champ d’expérimentation sans forcément prévoir ni désirer une exécution du projet. Afin de prolonger sa démarche, Dubuffet invente une méthode de transfert qui lui permet d’agrandir les créations en exécutant un moulage en résine époxy des œuvres taillées dans le polystyrène via une machine appelée le pantographe.






La complication du détail et la simplicité de l’ensemble trouvent dans l’assemblage à la recherche d’une forme la voie d’une pratique artistique entre figuration et abstraction. La perspective et la profondeur sont altérées dans un jeu de volumes qui tend à fondre les plans entre eux et trouble les sens. Langage plastique total, dessin, peinture, sculpture, recherches architecturales, l’Hourloupe s’impose comme la projection des univers mentaux de l’artiste, les œuvres comme des éléments d’un monde fictif projetés dans le réel. 

L’Accueillant, de Jean Dubuffet
Terrasse d’accueil de l’hôpital Robert Debré
48 boulevard Sérurier - Paris 19



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Sites référents