Le Bistrot Belhara, troquet très parisien à l'envergure gastronomique, séduit, depuis 2013, une clientèle de quartier à laquelle se mêlent touristes gourmets et pro des bons plans. Atmosphère de brasserie le jour, ambiance plus intimiste le soir, tables nappées et bougies, ce restaurant chaleureux ne boude pas ses discrètes influences basques. Le chef Thierry Dufroux né dans le Maine et Loire mais devenu Bayonnais à l'âge de dix ans, a donné à son établissement le nom de l'une des plus grosses vagues au monde, la Belharra - deux r - qui prend naissance au large de la corniche d’Urrugne du côté de Saint-Jean-de-Luz. Dans l'assiette, il dispense avec légèreté cette même passion pour son pays d'adoption, ponctuant ses plats de clins d'œil subtils. Sérénité d'un art culinaire maîtrisé, excellence d'une bistronomie d'émotions, la carte établie en fonction des saisons s'élance aux côtés de l'ardoise du jour. Le chef y décline des plaisirs culinaires généreux selon l'arrivage, le marché et l'inspiration. Je vous avais fait découvrir le Bistrot Belhara version soir ici, aujourd'hui c'est pour le déjeuner que je laisse la gourmandise me guider. La formule entrée, plat, dessert à 34 euros remporte tous les suffrages, addition hautement compréhensive dans un arrondissement plutôt dispendieux. Le Bistrot Belhara, un repère de connaisseurs !
Le chef Thierry Dufroux a acquis un savoir-faire impeccable auprès de Firmin Arrambide, chef emblématique de l’hôtel Les Pyrénées à Saint-Jean-Pied-de-Port, sous la houlette de Michel Guérard au restaurant Les Prés d'Eugénie dans les Landes, aux côtés Bernard Loiseau à Saulieu en Bourgogne ou encore avec Alain Ducasse à Monaco. Au Bistrot Belhara, il invente une bistronomie digne des plus belles maisons.
Dans un registre actuel, le chef explore les recettes d'une cuisine bourgeoise joliment modernisée, les ponctuant de malicieuses notes basques. Son amour des beaux produits se traduit dans la finesse des compositions, la précision de l'exécution, la parfaite maîtrise des cuissons. Les assiettes, lecture limpide et grâce toute simple, sont désarmantes de belle évidence. Lorsqu'il s'émancipe des classiques, Thierry Dufroux le fait avec panache et générosité. Ses compositions signatures, plats mijotés en cocotte servis à table tout fumant dans leur armure de fonte, illustrent cette authenticité d'une cuisine de sentiments. La carte des vins, jolis flacons et prix courtois, prolonge cette émotion.
Les serveurs en tablier noir dispensent leurs conseils avisés avec humour et gentillesse dans un épatant décor de bistrot parisien tradi. Joli comptoir, banquettes en velours rouge, carrelage vintage, moulures au plafond, ancien vaisselier et mobilier en bois, l'élégance rétro du Bistrot Belhara ajoute à l'atmosphère un petit je-ne-sais-quoi de terriblement charmant, un cachet old school de bon aloi.
Un verre de Bourgogne, Couvent des Jacobins, Louis Jadot 2015 accompagnera le déjeuner. Robe rubis, il développe au nez une belle trame aromatique où les fruits rouges dominent relevés par des touches épicées, des notes grillées qui en bouche se confirment. Fraîcheur et équilibre caractérisent ce vin à la souplesse fruitée.
Le Velouté d'asperges vertes de saison, palourdes et moules à l'Espagnol déploie des arômes réjouissants dans le contraste heureux de ses textures. Servi à température ambiante, il évoque délicieusement le printemps.
D'une aménité exquise, la Volaille jaune du Gâtinais, petits pois façon à la française, débarque en fanfare et en cocotte. Sa nature généreuse rend hommage à la précision du tour de main. Dodu, douillettement alangui dans les petits pois, ce gallinacé a rencontré un expert du feu, croustillant de la peau, fondant d'une chair intensément parfumée. A tomber de plaisir. Le Veau confit, pomme de terre purée maison, huile d'olive, thym, piment d'Espelette, également en cocotte joue sur les contrastes, la douceur du veau, le piquant du piment. Impeccable.
En proposition sucrée du jour, le Riz au lait façon grand-mère, caramel laitier et fruits secs assume pleinement son caractère régressif. Onctuosité insolente, réconfort d'un caramel sensationnel, pignons, noisettes, gaufrette, je meurs d'amour pour un dessert. Et les truffes au chocolat qui accompagnent le café ne me contrediront pas.
Prix serrés, convivialité et bistronomie de haute volée, le Bistrot Belhara est la bonne adresse à ne pas manquer ! On aime, on adore. Et d'ailleurs, retournons-y !
Bistrot Belhara
23 rue Duvivier - Paris 7
Tél : 01 45 51 41 77
Formule déjeuner du mardi au vendredi
- sur l'ardoise, menu en deux pintxos 15 euros
- entrée/plat ou plat/dessert 24 euros
- entrée, plat, dessert 34 euros
Menu découverte pour toute la table
4 plats 46 euros, 5 plats 52 euros, 6 plats 60 euros
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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