Théâtre : Le jardin d'Alphonse de Didier Caron - Reprise jusqu'au 28 avril 2018 - Théâtre Michel



En Bretagne, toute la famille Lemarchand est réunie dans la maison d'Alphonse, le patriarche qui vient de mourir, pour lui rendre un dernier hommage. Jean-Claude, le père de la fratrie réunie, et sa seconde femme, Michelle, annoncent que la maison va être léguée aux enfants. Troublée par le passé trouble du grand-père Alphonse, certaines relations louches pendant la Seconde Guerre Mondiale, Magali, la fille aînée soutenue par sa petite amie Zoé qui parle aux arbres, ne veut pas de cet héritage. Le partage entre les enfants est à réexaminer ce qui met de l'huile sur le feu de la bisbille entre les frères, Serge, le fils raté et Fabien le trader infatué de lui-même qui est venu en compagnie de Nadège fausse blonde évaporée et vraie femme vénale qui se trouve être l'ex de Serge. Sous l'œil d'un couple d'amis proches, le caustique Daniel et son épouse Suzanne, bourgeoise parisienne décalée, la famille se livre aux règlements de compte dans un grand déballage des névroses et des doutes. Au jeu des vérités fracassantes, personne ne sort vainqueur.






Comédie de mœurs enlevée, variation au cœur de l'intime de situations drolatiques à la profondeur des confrontations cathartiques, Le jardin d'Alphonse est une pièce contemporaine très bien vue aux dialogues ciselés, aux rebondissements inspirés. Didier Caron dresse le portrait au vitriol d'une famille française, cette cellule en crise rongée par les secrets enfouis, gangrenée par les tensions occultées qui refont soudainement surface. Rivalités fraternelles, infidélités, couples en crise, secret de famille, toutes les souffrances des uns et des autres explosent alors sous le coup des révélations, tombent les masques.

Pianotant sur une gamme qui va de la fantaisie légère à l'humour noir, l'auteur croque la petite bourgeoisie à travers une chronique familiale piquante. Il épingle avec malice les ridicules des protagonistes, perce les apparences trompeuses et remet en question les rôles de chacun. Néanmoins, Didier Caron parvient à nous faire ressentir dans un jeu de miroir troublant - c'est fou, comme ce grand cirque domestique nous rappelle quelqu'un - toute l'empathie qu'il éprouve pour ses personnages. Sur un rythme fluide, intimité explorée, les affrontements libèrent les émotions.




Dialogues au cordeau, répliques cinglantes, Didier Caron n'épargne personne offrant aux neuf comédiens présents sur le plateau de beaux moments. L'interprétation chorale est très juste, les personnalités bien campées, le jeu nuancé avec deux coups de cœur personnels pour Karina Marimon, épatante en Suzanne et Sandrine Le Berre très fine dans son rôle de Magali. 

Le jardin d'Alphonse est une pièce réjouissante servie par de très beaux comédiens. A ne pas manquer !

Le jardin d’Alphonse de Didier Caron
Mise en scène Didier Caron en collaboration avec Véronique Viel
Avec Didier Caron, Yves Collignon, Julia Dorval, Romain Fleury, Sandrine Le Berre, Christiane Ludot, Karina Marimon, Arnaud Pfeiffer, Véronique Viel

Jusqu'au 28 avril 2018 - Mardi et mercredi à 20h30 - Jeudi, vendredi, samedi à 19

Théâtre Michel
38 Rue des Mathurins - Paris 8
Tél : 01 42 65 35 02



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.