Théâtre : Ah ! le grand homme de Pierre et Simon Pradinas - Avec Yvan Le Bolloc'h, Jean-Luc Porraz, Jean-Jacques Vanier, Serena Reinaldi - Théâtre de l'Atelier - Paris 18



Quatre comédiens sont convoqués sur le plateau d'un théâtre par le grand metteur en scène Gilbert Loiseau. Alors qu'il se fait attendre, la vedette, un acteur de cinéma narcissique, la pimpante jeune première, les deux ringards de service font connaissance. Lorsque Loiseau paraît flanqué de son assistant, il annonce à la troupe qu'ils ont une journée pour monter un spectacle qui se jouera le soir-même, le tout sans texte et sans la moindre idée du sujet. A force de gesticulations, ils finissent par se décider pour un hommage à Jean Vilar. Sans aucune préparation, ils se lancent dans un Cid improvisé. Alors que l'intrusif directeur du théâtre, homme d'argent libidineux peu concerné par la création artistique, vient ajouter son grain de sel, c'est toute la pièce qui vrille.


Crédit Christophe Vootz 
Crédit Christophe Vootz
Crédit Christophe Vootz 


A travers le récit d'une journée délirante, Pierre et Simon Pradinas, les auteurs, rendent hommage au théâtre, à ses grands hommes comme à ses obscurs tâcherons magnifiques. Sur la scène, devenue champ de bataille, les egos se révèlent, les jalousies se croisent, et les personnages cabotinent. La farce joyeusement foutraque qui n'a pas peur de l'invraisemblable flirte allégrement avec le burlesque. Cette aventure tout à fait braque prend pied sur une mince intrigue éparpillée et extravagante qui s'appuie sur la performance des comédiens incarnant une troupe de bras cassés réalisant l'impossible. Déraisonnable, follingue, insolente, volontiers absurde, la pièce est ponctuée de moments surréalistes d'une rare cocasserie comme cette corrida improvisée et de belles idées poétiques lorsque résonnent les voix de Jean Vilar et Gérard Philippe, fantômes de la Cour d'Honneur prêtant main forte à une entreprise vacillante.


Crédit Christophe Vootz 
Crédit Christophe Vootz


La désinvolture charmante de l'argument, la folie douce qui empreigne ce spectacle sont étayées par la belle énergie des comédiens qui portent le spectacle à bout de bras. La metteure en scène Panchika Velez leur a laissé la bride sur le cou pour donner vie à des protagonistes excessifs, maladroits, touchants. Jean-Luc Porraz, en metteur en scène approximatif est hilarant tandis que Jean-Jacques Vanier, en ringard rêveur qui se révèle plein de surprises, campe un loser sublime. Yvan Le Bolloc'h, Sami Frey mâtiné de Delon, s'amuse de la prétention de son personnage qui révèle ses failles d'ego malgré son succès public. Serena Reinaldi, seule femme parmi ces drôles de loustics, est délicieuse et piquante.




Malgré quelques longueurs, quelques passages inégaux, on rit beaucoup dans la salle. Les acteurs qui ne boudent pas leur plaisir sont épatants. Un joli hommage aux artistes de la scène et à la création.

Mise en scène : Panchika Velez
Avec Yvan Le Bolloc’h, Jean-Jacques Vanier, Jean-Luc Porraz, Stéphan Wojtowicz, Aurélien Chaussade, Jean-Pierre Malignon et Serena Reinaldi
Du mardi au samedi à 21h – dimanche à 15h
Tarif promo jusqu'au 14 février : 20 euro tarif unique (frais inclus)

1 place Charles Dullin - Paris 18
Réservations : 01 46 06 49 24



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.