Cinéma : Lola Pater, de Nadir Moknèche - Avec Fanny Ardant et Tewfik Jallab



Zino est dévasté par la mort de sa mère Malika, emportée brutalement par un accident vasculaire. Chez le notaire, il découvre que son père Farid qui les a abandonnés peu après sa naissance n'est pas retourné en Algérie comme il le pensait mais vit en Camargue. Zino part en moto sur les traces de cet homme dans le Sud de la France. Il fait alors la connaissance de Lola, prof de danse orientale qu'il prend pour la nouvelle compagne de Farid. Rentré à Paris, Zino est rapidement rejoint par Lola qui lui avoue qu'elle est son père. Elle a toujours eu le sentiment d'être née dans un corps qui n'était pas le sien et Malika n'a pas supporté que son mari devienne une femme. Honte d'avoir un père transsexuel, révolte d'avoir été abandonné, Zino réagit violemment.






Loin des clichés, le réalisateur Nadir Moknèche aborde la question du genre avec beaucoup d'humanité. Douceur infinie, mélancolie prégnante et touche d'humour, le cinéaste déploie son récit sur les thèmes de l'amour filial, la culpabilité, le désir d'émancipation. Zino et Lola traversent des phases de colère et d''incompréhension jusqu'à l'acceptation dans une confrontation qui fait place à une lente réconciliation entre un enfant et son parent. Avec une grande pudeur, Nadir Moknèche trace des figures de père et fils, ennemis puis complices. La souffrance et le questionnement intime sont mis en balance avec les interdits de la religion et le poids de la culture méditerranéenne qui empêchent Zino, dans un premier temps, d'aller jusqu'au bout de sa quête de filiation. Quête qui seule pourrait apaiser les souvenirs du passé.




La profonde empathie du réalisateur pour ses personnages est perceptible dans le soin apporté aux rôles secondaires et notamment dans celui de la compagne de Lola qui vient rappeler la différence entre identité de genre et identité sexuelle. Fanny Ardant troublante nous offre un beau personnage impulsif, sensuel, vulnérable et fantaisiste. Elle prête ses traits à une Lola audacieuse, courageuse, égoïste aussi. Face à cette femme libre, Tewfik Jallab, sensible, intense campe un Zino accusateur qui s'adoucit lorsque la colère d'avoir été abandonné s'apaise.

Entre interrogation sur le genre, la transexualité et réflexion sur l'essence de la paternité, le film porté par une charge émotionnelle subtile développe un message de tolérance, finement amené. 

Lola Pater de Nadir Moknèche
Avec Fanny Ardant, Tewfik Jallab, Nadia Kaci
Sortie le 9 août 2017



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.