Théâtre : Rupture à domicile, de Tristan Petitgirard - Avec Benoît Solès, Anne Plantey, Jean-Baptiste Martin - Le Splendid



Eric a monté une agence très particulière, Rupture à domicile, qui propose un service pour rompre à la place de ses clients. Armé de ses formules toutes prêtes, ce porte-parole des séparations délicates se charge du sale boulot, larguer les conjoints de ses commanditaires, selon un cahier des charges bien rôdé, prestation complète et options variées. Hyppolite, pubard volage, effrayé de la relation monogame qu'il entretient avec Gaëlle décide de faire appel à Eric. Lorsque celui-ci se rend chez elle, il découvre que Gaëlle est en réalité sa propre ex, partie il y a sept ans sans explications. Troublé, Eric qui est toujours amoureux ne révèle pas à la jeune femme la véritable raison de sa visite. Dans le même temps, Hyppolite l'indécis a changé d'avis et se précipite pour tenter de mettre fin à cette mission commando dans l'espoir de sauver son couple. Mais Eric, le professionnel de la rupture, a l'intention de profiter de la situation pour reconquérir Gaëlle.





Vaudeville moderne joliment troussé, Rupture à domicile croque avec malice les lâchetés du quotidien et les petites hypocrisies de nos contemporains. Tristan Petitgirard, également metteur en scène, signe une comédie sentimentale à l'américaine, un marivaudage tendre et féroce. Dès les premiers instants, Eric, conseiller très spécial désabusé annonce la couleur : "Quand on quitte quelqu'un que l'on n'aime plus, on ne l'abandonne plus. On le libère." La rythmique imparable de la pièce sert la cocasserie d'une intrigue irrésistible, humour décalé et précision d'horloger. Rupture, désamour, retrouvailles s'enchaînent dans la fluidité d'une mécanique bien huilée. Enlevés, les dialogues sont savoureux, les quiproquos piquants. Les retournements de situation improbables font mouche tandis que se danse la valse des hésitations et que les manipulations s'échafaudent pour mieux s'effondrer.





Les personnages croqués avec malice prennent vie sous les traits d'un trio - en alternance - attachant à l'énergie communicative. Benoit Solès qui campe un Hyppolite paradoxal à la fois lâche et émouvant fait preuve d'un délicieux talent comique tandis qu'Anne Plantey incarne avec nuances une Gaëlle au caractère explosif, déchirée entre deux hommes aussi tordus l'un que l'autre. Dans le rôle du manipulateur déstabilisé, Jean-Baptiste Martin nous livre un Eric cynique mais amoureux, un beau salaud craquant.




Comédie de mœurs jubilatoire, pleine de malice et de fraîcheur, Rupture à domicile joue avec subtilité sur les codes romantiques déployant une palette réjouissante où mensonges et sincérité se carambolent, où rivalité et séduction ont le verbe haut. Acide, piquant, tout à fait divertissant, un joli moment de théâtre et de rire.

Rupture à domicile, de Tristan Petitgirard
Mise en scène Tristan Petitgirard
Avec Benoit Solès, Hélène Seurazet ou Anne Plantey, Olivier Sitruk ou Jean-Baptiste Martin
Représentations: jeudi, vendredi, samedi 20h, matinée samedi 18h jusqu'au samedi 8 juillet - A partir du mercredi 12 juillet : mercredi, jeudi, vendredi, samedi 20h

Théâtre du Splendid
48 rue du Faubourg Saint-Martin - Paris 10
Tél réservations : 01 42 08 21 93



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.