Expo : Daniel Richter, Le Freak - Galerie Thaddaeus Ropac Marais - Jusqu'au 29 juillet 2017



Dans la continuité de la série Hello, I love you présentée en 2015 qui marquait une rupture radicale avec le style développé par l'artiste depuis une dizaine d'années, Daniel Richter poursuit son travail de déconstruction de la narration. S'éloignant de la théâtralité du récit pictural qu'induit la pure figuration, il oriente sa peinture sur la voie d'une représentation plus libre qui tend vers l'abstraction. La galerie Thaddaeus Ropac Marais accueille jusqu'au 29 juillet, un ensemble d'œuvres réunies sous le titre Le Freak, clin d'œil au tube disco des années 80 du groupe Chic. Style expressionniste, vocabulaire plastique organique, manière picturale charnelle, Daniel Richter bouscule les codes pour s'approprier la dimension d'étrangeté et de provocation dérivée de l'imagerie pornographique. Son questionnement artistique puise sa source dans le sentiment de trouble que provoque ces représentations déshumanisées des corps.










Daniel Richter a choisi de démanteler la narration comme il morcelle les corps afin de détruire l'idée de fiction. Ses grands tableaux pulsent d'une énergie violente, une harmonie expressive qui s'exprime dans la monstruosité des figures représentées. Les faux horizons de paysages cauchemardesques s'étalent en vastes aplats, lés abstraits, stridence d'une palette aux couleurs franches. 

Les expérimentations chromatiques que mènent l'artiste trouvent leur pleine expressivité dans les tensions entre chaud et froid de tonalités intenses. L'organisation des plans induit un dynamisme qui se traduit dans un mouvement de va et vient entre le premier plan de la toile et l'arrière-plan.











Formes humaines explicites délimitées de traits acérés au crayon gras, bouts de corps épars, disloqués, la figuration turbulente tend vers le chaos paradoxal d'une abstraction savamment orchestrée. Ces personnages satiriques plus suggérés que réellement représentés, corps déformés dans des poses pornographiques, figures enchevêtrées aux contours lestes, semblent pris dans une danse furieuse, une énergie fusionnelle. 

Postures étranges, membres écartelés, visages grotesques déformés dans un cri de jouissance ou de désespoir comme autant de masques évoquent un sentiment de bestialité morbide. L'aspect impersonnel de ces figures, l'hybridation des formes sans attache qui dégagent un intense sentiment de solitude, soulignent l'effacement de l'identité et la dissolution des relations humaines. 






A travers l'imagerie pornographique qui l'a inspiré, Daniel Richter a cherché à saisir le mouvement et l'énergie dégagées par les surfaces et la couleur. Sa démarche lui permet ainsi d'interroger la marchandisation du désir, devenu sous l'effet de la surabondance d'images et la sur-connexion, bien de consommation et promesse de satisfaction immédiate. C'est étrange, dérangeant, fascinant.

Daniel Richter, Le Freak 
Du 22 juin au 29 juillet 2017
Galerie Thaddaeus Ropac Marais
7 rue Debelleyme - Paris 3
Horaires : du mardi au samedi de 10h à 19h
Tél : 01 42 72 99 00



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.